Plus belle la vie : face à Demain nous appartient et Un si grand soleil, France 3 mène sa révolution
« La qualité visuelle d’Un si grand soleil est bien meilleure que Plus belle la vie, c’est du niveau d’un prime-time. On sort des décors en carton-pâte ». La comparaison, maladroite, signée Takis Candilis, directeur des programmes de France Télévisions, n’avait pas échappé aux acteurs - dans le sens large du terme - de Plus belle la vie qui voyait éclore un nouveau feuilleton du Sud un an après Demain nous appartient.
Les trois premiers canaux désormais équipes d’un soap quotidien en soirée, chacun tente de tirer son épingle du jeu. Et si France 2 et France 3 cohabitent fadement, le feuilleton mistralien ayant été décalé pour ne pas empiéter sur le nouveau joyau de France Télé et sa qualité « prime time », TF1 essaie de maintenir une cadence infernale à laquelle le jeu N’oubliez pas les paroles ne peut plus se raccrocher depuis plusieurs mois.
Contrer le vieillissement
Le succès des uns ne fait pour autant pas le malheur des autres car chacun de ses trois feuilletons a trouvé son rythme de croisière. Plus belle la vie n’attire plus 5 millions de Français chaque soir mais il multiplie les records d’audience annuels ces dernières semaines. Ingrid Chauvin et Clément Rémiens franchissent très souvent la barre des 20% tandis que la série tournée à Montpellier a réussi son pari de s’installer en avant-soirée malgré des débuts en dents de scie.
En plus des scores, la mission de Plus belle la vie est de ne pas flétrir son image. Lancé en 2004, le feuilleton a une ancienneté qui lui colle à la peau. Les fans se souviennent des premiers épisodes assez laids où l’authenticité des lieux laissait clairement à désirer - tout comme les audiences -. Si bien que les 40 premières péripéties n’ont jamais été vendues à l’étranger comme le rappelait le producteur Sébastien Charbit, successeur d’Hubert Besson, co-créateur de Plus belle la vie avec Michelle Podroznik parti brièvement chez la concurrence de Sète avant de raccrocher quelques semaines plus tard.
Plus belle la vie prend l’air
Les équipes de TelFrance mènent une course contre le temps pour rester à jour et ne pas se laisser distancer par les éclats modernistes affichés par ses deux petits sœurs. C’est avec cet état d’esprit que les auteurs ont imaginé il y a deux ans l’entreprise Green Tech Solutions, une start-up écologiste qui permet de grouper plusieurs personnages phares (Céline, Vincent, César, Emma, Jérôme...). Les locaux y sont modernes et tranchent avec l’ancien cabinet Phénicie ou celui de Guillaume, réaménagé pour la cohabitation entre les avocats Céline et Abdel.
Par ailleurs, les scènes en extérieur se multiplient. Si cela implique quelques embourbements côté planning puisque les comédiens doivent tourner le même jour des scènes antéchronologiques, cela permet de sortir des sentiers battus et gommer l’image casanière qu’à pu véhiculer le feuilleton par le passé. Aujourd’hui, les scènes extérieures représentent 35% du contenu moyen de chaque épisode, un chiffre doublé par rapport à il y a dix ans.
Regarder Un si grand soleil et DNA droit dans les yeux
Enfin, le producteur a confirmé à l’occasion du quinzième anniversaire qu’un nouveau générique était à l’étude. Celui-ci comme le logo n’ont plus été modifiés depuis janvier 2015. De quoi offrir une réponse franche aux détracteurs du Mistral qui voient en Plus belle la vie un programme vieillissant et radoteur. Les comédiens, qui ont suivi de très près l’apparition de Demain nous appartient puis Un si grand soleil, et qui n’ont pas très bien vécu l’arrivée d’Hubert Besson à TF1, entendent bien faire de vieux os à la Belle-de-Mai. Alexandre Fabre, interprète de Charles Frémont, nous confiait dans un sourire rappelant les magouilles les plus tordues de son personnage : « Je suis là depuis déjà 15 ans. Et je compte bien rester 30 ans de plus ! ». Les décors en carton-pâte sont prévenus, ils vont devoir résister.