Toutelatele

Popstars 2013 : les auditions bordelaises et parisiennes

Tony Cotte
Publié le 28/05/2013 à 21:30 Mis à jour le 04/06/2013 à 14:40

« Ce soir, l’émission culte est de retour ». Voix-off inédite (et déconcertante), présence d’une « icône pop » en tant que « grande sœur », nouveau générique aux influences dubstep et volonté de « créer un groupe dans l’air du temps » : une nouvelle fois, Popstars tente d’intégrer les codes de son époque. Pour cette tentative 2013, place à un jury flambant neuf, à commencer par l’inconnu du trio, Philippe Gandilhon. Depuis plus de 20 ans, ce professionnel a signé et/ou collaboré avec des artistes aussi divers et variés que Patrick Bruel, David Guetta ou encore Cassius. « Il est un peu unique comme directeur artistique, mais il est un peu attaché à la notion de jeune talent. Quand il prend un jeune groupe, il sait où il peut aller », assure JD Beauvallet, rédacteur en chef des Inrocks. Pour accompagner cet acteur majeur de l’industrie du disque, celui-ci peut compter sur deux co-jurés au « caractère aussi fort que complémentaire », La Fouine et Alexia Laroche-Joubert. Le rappeur cherche des « candidats qui ont de l’attitude », tandis que la productrice des « Ch’tis » apporte son « regard aiguisé sur la personnalité ». « Pour me séduire, il faudra se lever très tôt », prévient celle qui est empreinte de « pop culture ».

C’est à Bordeaux que la caravane Popstars pose ses valises pour sa toute première journée d’auditions. Pour l’événement, un « millier » de postulants seraient présents. Parmi eux, Clémentine, 19 ans. Celle-ci convainc avec sa reprise à la guitare du « Butterfly » de Superbus, au même titre que Loubna, 18 ans, ou encore Stelia et Samy qui ont dû improviser un duo, sans se connaître, sur « Oh happy day ».

Deux mois après l’audition, un disque doit sortir. Le jury cherche donc des gens « qui maîtrisent leur sujet ». Essmahane, une hôtesse d’accueil de 27 ans, autoproclamée « tiger ». Comprendre ici : une tigresse qui n’hésite pas à se comparer à Whitney Houston, incontestablement idole d’un grand nombre de candidats, et Tina Turner, et dit ne pas craindre la concurrence grâce à sa personnalité. La jeune femme n’obtient son billet pour poursuivre l’aventure pour autant. « Je pensais que j’allais être prise, parce que bon… Enfin voilà quoi, je chante pas non plus... (…) Ce n’est pas pour autant que je vais m’arrêter », affirme-t-elle. Tout au long des auditions, La Fouine n’hésite pas à couper les candidats (en hurlant le plus souvent), imposer son avis face aux autres jurés ou verser dans une forme d’humour particulière, non sans une certaine fierté. « Tu déchires ! Mais pourquoi t’as mis ce pull ? » demande-t-il à Vincent, 17 ans. « Tu trouves pas qu’elle ressemble à Bree Van Der Camp ? » (sic), dit-il à la vue d’Isabelle, une Canadienne de 22 ans.

C’est sur les larmes de Cindy, venue avec ses grands-parents, que le premier épisode se termine. « Si le bonheur de l’instant mérite d’être savouré, la route est encore longue avant d’intégrer le groupe final et d’être sacré Popstar  », conclut la voix off. Les castings Bordelais se suivent et se terminent dans le deuxième épisode, proposé à la suite à l’antenne.


Très vite, La Fouine se fait remarquer, notamment en accueillant Muriel, une candidate de 50 ans, par un très distingué « Wesh ma gueule, ça va et toi ? ». Évidemment, au vu de son âge, la doyenne n’est pas prise pour la suite de l’aventure. Mais celle-ci a bien ne semble pas en vouloir au rappeur et repart de l’audition en disant que son interlocuteur a été « trop trop chou ».

Après dix minutes de cette deuxième émission, la session girondine s’achève avec Fatine qui se présente seule sur sa ligne. Toute la journée, celle-ci a fait preuve d’un certain dynamisme dans le public. « Je vais tout déchirer comme ça La Fouine il me dit qu’il me signe et maintenant », a-t-elle déclaré quelques heures avant de passer devant le jury. La candidate de 19 ans séduit le trio par sa personnalité, pas par sa voix. « Le seul moment où vous m’avez touché, c’est quand vous ne chantez pas », explique Philippe Gandilhon. Quant au rappeur, il s’emporte quelque peu : « Tu m’prends la tête. Tu avais le temps de répéter, de venir ici et de mettre toute ton âme, tout ton cœur dans une chanson et de nous faire respirer ce truc et je sais qu’t’en es capable. (…) Mets-toi à la place de toutes les p’tites meufs qui aimeraient être à ta place. (…) Ca m’casse la tête. » Fatine n’est évidemment pas prise.

Satisfait du cru bordelais, le jury se retrouve quelques jours plus tard à Paris pour sa quête de talents. Rendez-vous est pris au studio 900 de la Plaine Saint-Denis. Sur place, le trio de professionnels fait connaissance avec Mélissa, une « militaire », parachutiste, prête à tout pour changer de vie. Pour ce faire, cette jeune maman de 28 ans reprend « I’m a soul man » de James Brown puis « Tu n’es plus là » d’Amel Bent. Elle et Samir, 18 ans, sont les deux premiers sélectionnés de la journée.

Popstars est également l’occasion de mettre en avant la diversité, même si le jury semble avoir une idée précise du profil du groupe recherché, à savoir « urbain ». Dans la même ligne se retrouvent ainsi Tony, surnommé « To », et Sybille. Ce premier a une définition bien précise du mot « swag » si souvent utilisé par La Fouine : « Le mot Swag avant c’était plus la définition [du] style, aujourd’hui c’est devenu mode. Et c’est ça que j’aime pas. J’aime bien les gens qui sont bien dans leur peau. Ce ne sont pas tes vêtements qui vont dire [que] t’es classe ». Le jeune homme reprend «  No diggity » des Blackstreet avant d’enchaîner sur un texte de son cru qui fait son effet dans l’auditoire. Quant à Sybille, elle joue dans la rue de son accordéon, instrument avec lequel elle se rend à l’audition. « Pour l’instant je n’ai que l’avis des passants. J’aimerais avoir l’avis des professionnels, avoir des conseils de direction », témoigne-t-elle. Face au jury, la jeune femme fait son show et séduit. « N’en déplaise à certains arriérés, vous êtes la France », conclut Philippe Gandilhon pour cette fin de première journée parisienne.