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Raphaël Lenglet, un Bleu pas comme les autres

Emilie Lopez
Publié le 30/04/2010 à 13:03 Mis à jour le 30/04/2010 à 15:37

Voila maintenant trois ans que Raphaël Lenglet incarne le lieutenant stagiaire Alex Moreno dans Les Bleus, premiers pas dans la police. Dans cette 3e saison, sa relation avec Laura, sa collègue, s’accélère. Avec Elodie Young et Nicolas Gob, Raphaël Lenglet forme l’équipe gagnante des Bleus. Il a cependant ouvert les bras aux deux nouvelles recrues. Rencontre avec celui qui a vu sa vie changer grâce à la série de M6...

Emilie Lopez : On retrouve Les Bleus orphelins d’Ilyès et Nadia, alias Mhamed Arezki et Gabrielle Valensi. Connaissant la complicité vous unissant tous, comment avez-vous vécu leur départ ?

Raphaël Lenglet : On s’est tous dit que c’était la fin d’un cycle. Sur l’aspect amical, c’était pénible de les laisser partir. Mais, en même temps, on savait que chacun avait une vraie envie et des opportunités à ne pas laisser passer : Gabrielle est partie aux États-Unis pour se lancer dans la musique, ce qui est très courageux de sa part. Mhamed, lui, avait ses propositions au cinéma et il a eu raison de foncer.

Professionnellement parlant, ces départs vous ont-ils poussé à vous questionner sur votre envie de rester ?

Je l’avoue, je me suis demandé si je ne ferais pas mieux de faire autre chose. Mais d’un autre côté, Les Bleus m’ont donné une vraie visibilité et m’ont permis de faire deux films et une pièce de théâtre, directement liés à ce rôle. Ça prend du temps, car on a énormément tourné l’année dernière en enchaînant les saisons 3 et 4. Au final, j’ai la chance d’avoir un personnage extrêmement bien nourri par les scénaristes et qui n’est pas « tout noir ou tout blanc ». Alex a un petit côté voyou et « bas de plafond » des fois, mais, en même temps, il peut avoir des éclairs de génie. C’est un bonheur à jouer, je ne m’ennuie jamais.

En l’absence de Mhamed, le tournage a dû être beaucoup plus calme, ce dernier étant, de l’avis de tous, le « trublion de service »...

J’arrive juste après, mais c’est vrai que c’était un peu le trublion en chef ! (rires) J’ai essayé de remplir ma fonction comme je pouvais. En apprenant son départ, on s’est demandé qui allait le remplacer, parce qu’il avait quand même un rôle très important que ce soit devant la caméra ou sur le plateau. Mhamed est quelqu’un d’assez solaire, qui mettait une sacrée ambiance. On avait un peu peur qu’il manque. Même chose pour Gabrielle...

Pour les « remplacer », Gina Djemba et Antoine Hamel ont rejoint le casting. Ces « bleus » se sont-ils facilement intégrés à votre troupe, déjà formée depuis longtemps ?

Sans aucune démagogie, on a une nouvelle fois eu beaucoup de chance : honnêtement en trois heures c’était bon, ils étaient intégrés ! On a rapidement retrouvé la même ambiance, une complicité, ce qui n’était pas du tout gagné d’avance. La production a été judicieuse dans le tournage parce qu’ils ont fait en sorte qu’on joue d’abord les situations où on arrive tous ensemble sur les enquêtes : ça crée un truc facilement.

De l’extérieur, le tournage ressemble à une « grande colonie de vacances »...

Exactement ! C’est un bonheur de se lever le matin pour aller bosser dans cette ambiance-là. J’imagine que pour certains réalisateurs on doit juste être insupportables ! (rires) Mais en même temps, cette énergie-là permet des improvisations et une aisance dans le jeu. Tout le monde est détendu, acteurs comme techniciens et chacun participe. Il y a un petit côté artisanal et collectif dans cette série, on a créé la démocratie participative en fiction ! (rires)

Vous avez été amené à beaucoup côtoyer Gina Djemba, vos personnages respectifs s’entendant particulièrement bien. Comment avez-vous appréhendé ce nouveau partenaire de jeu ?

On était assez stressés au début, parce qu’on s’est rapidement rendus compte qu’on était tous les deux très enclins à avoir des « fous rires ». En général, je ris déjà pour un rien, tout seul sur le plateau, donc j’ai eu un peu peur les premiers jours de tournage. D’autant plus qu’on avait des scènes un peu compliquées ! Mais au final, cela nous a encore plus rapprochés.

Comment définiriez-vous cette troisième saison des Bleus ?

Meilleure que la saison 2. Sans dire qu’elle était mauvaise, je l’ai trouvée plus noire, ce qui était logique, car ça allait aboutir aux départs de Gabrielle et de Mhamed : il fallait donc les justifier. Pour cette troisième saison, nous avons, à mon sens, retrouvé l’équilibre que l’on avait au début de la série, entre le côté humoristique et parfois ridicule de certaines situations et les moments plus dramatiques, parce que ce n’est pas seulement une série comique.


À quoi doit-on s’attendre pour Alex ?

Sans en révéler trop, il réalise que sa relation avec Laura risque de ne pas durer, car il va se rendre compte qu’elle n’est pas la bonne personne pour lui. Les rôles vont s’inverser : alors qu’il lui courait après elle dans la saison 2, ça va être l’inverse, notamment du fait de sa rencontre avec Amy... C’est un peu compliqué parce qu’il va devoir faire un choix, mais il ne veut pas faire de mal à Laura. Et comme à son habitude, il va tout merder... (rires)

Dans l’ensemble, êtes-vous satisfait de l’évolution de votre personnage au fil des ans ?

Je suis ravi ! Il a commencé comme un chien dans un jeu de quilles. Et au fur et à mesure, il a été amené à faire des choix, à la fois professionnels et par rapport à ses amis, à son passé de délinquant. Et au cours de cette saison 3, il devient plus adulte. Il est un peu mis au pied du mur, entre son boulot et sa vie passée... Il se responsabilise, même s’il reste toujours aussi débile (rires)

Qu’est-ce qui différencie, selon vous, Les Bleus, des autres séries françaises ?

Le côté « antihéros » et le fait que la série ne se prenne pas au sérieux : les personnages commettent des erreurs, se trompent. Il y a pas mal de séries policières de qualité qui sortent, comme Engrenages ou Sur le fil... enfin, si je peux parler des chaînes concurrentes ! (rires) J’aime, car elles ne montrent pas des personnages monochromes, qui avancent toujours de la même façon, ou qui parlent de la même façon. Par exemple, je ne supporte pas les Experts ! J’adore les séries américaines, mais le côté « figé » m’angoisse un peu.

Diriez-vous que la série est réaliste ?

On a pas mal de flics figurants qui viennent sur le tournage, et globalement ils disent que ça leur plait qu’on montre ce côté-là de leur vie : le doute, les manquements, les petites bourdes. On a montré un aspect plus humain des flics, que ce côté « héros sans peur et sans reproche » qui, pour moi, n’existe pas. Par contre, nous n’avons pas la prétention de dépeindre la réalité de la police : c’est une fiction, et on ne respecte pas la procédure à la lettre. Ne serait-ce que la façon dont mon personnage s’habille, c’est juste impossible dans la réalité ! (rires)

N’avez-vous pas peur, à force de ne faire que de la télévision, d’être catalogué « acteur de téléfilm » ?

C’était peut-être vrai avant, plus trop maintenant : regardez Clovis Cornillac. Les plus « bankables » ont commencé à la télé, comme Franck Dubosc ou Jean Dujardin. Lui avait quand même un personnage extrêmement exposé et ça ne lui a clairement pas porté préjudice ! C’était peut-être le cas dans les années 80, plus maintenant. La preuve, moi, j’ai fait deux films grâce aux Bleus.

Dans l’ensemble, diriez-vous que Les Bleus ont changé votre carrière ?

Fondamentalement oui, parce qu’avant je ne faisais pas grand-chose ! J’avais des petits rôles à droite, à gauche, mais c’était la première fois qu’on me donnait ma chance pour un rôle dit principal. Je suis fier de cette série, de ce que nous avons fait, et je pense qu’on a apporté quelque chose de nouveau.

Avant Les bleus, vous avez écrit pour Caméra Café...

J’ai écrit pendant trois ans, pendant les belles années, c’est-à-dire la première génération. J’ai fait des autres pilotes, et ai écrit pas mal de séries, de projets, jusqu’à ce que je commence Les Bleus. Maintenant, je vais reprendre l’écriture d’une pièce de théâtre ainsi qu’un projet de série de 12x52 minutes.

Mis à part l’écriture et la comédie, vous avez avoué que votre rêve ultime était de réaliser...

J’en suis encore loin. Il y a encore beaucoup d’étapes à franchir avant d’avoir cette prétention... même si certains se lancent dans la réalisation de courts métrages, voire de longs métrages sans avoir une once de talent ! (rires)