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Romuald Graveleau (Directeur des programmes Studio 89) : « La version française de Top Chef est la référence en Europe »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 25/01/2016 à 18:17

Benjamin Lopes : Pour cette saison 7 de Top Chef, les jurés seront encore plus impliqués et Stéphane Rotenberg assurera également le rôle de voix off en dehors des épreuves. À quelles autres nouveautés peut-on s’attendre ?

Romuald Graveleau : L’idée, cette année, est de capitaliser sur ce qui a fait le renouvellement du programme la saison passée. Le jury a désormais moins un rôle d’encenseur comme dans les premières éditions. On reste dans la continuité donc, avec une implication encore plus importante des chefs au sein des épreuves pour mettre encore plus la pression aux candidats afin qu’ils continuent à sortir des assiettes incroyables. L’épreuve inédite où les chefs deviennent les commis des candidats fera son arrivée. Les situations avec Michel Sarran et Philippe Etchebest sont d’ailleurs truculentes.

À l’inverse d’autres programmes culinaires, si la pression est présente en cuisine, le ton est beaucoup plus modéré. Est-ce une façon de donner une autre image de l’univers de la cuisine ?

Avec Top Chef, on a voulu faire quelque chose de vrai depuis la première saison. Il fallait que ce soit crédible et tout ce qu’on fait va dans ce sens afin d’avoir un rendu réaliste. On garde bien évidemment nos contraintes de télévision puisque les candidats doivent raconter leur histoire à des journalistes par exemple. Toutes les épreuves sur lesquelles on peut travailler sont créées avec les membres du jury.

Les jurés sont-ils force de proposition pour la création d’épreuves ?

On leur propose en général des épreuves et ils nous indiquent si elles sont crédibles ou pas. Ils peuvent aussi faire de suggestions. Nous avions discuté de la « boîte noire » avec Jean-François Piège il y a quelques années. C’est parti d’une anecdote où il nous expliquait que la manière de préparer des ingrédients pouvait leur donner le goût d’autre chose. De là, on a voulu mettre le goût en scène. Il faut toujours rester crédible et ne pas rester caricatural. Même quand on se déplace sur des lieux atypiques pour des épreuves, il y a toujours une explication derrière.

Pourquoi avez-vous justement fait le choix de délocaliser l’émission au Puy du Fou cette année ?

On le fait dans Top Chef, même si on n’a pas l’occasion de le faire souvent, mais on essaie de mêler histoire et gastronomie. Ce sont des épreuves intéressantes pour les candidats, car ça permet d’aborder des techniques inédites. Dans le même temps, on apprend beaucoup de choses aux téléspectateurs d’un point de vue gastronomique. Au Puy du Fou, on aura une grande mise en scène autour des Vikings et on mettra en avant les techniques de fumage. La Renaissance sera également explorée pour la première fois avec une épreuve autour du sucré salé.

« Avec Top Chef, on a voulu faire quelque chose de vrai depuis la première saison »

La cuisine des candidats monte en gamme au fil des saisons. Comment cela se traduit-il au niveau de la production de l’émission ?

Top Chef a toujours traité de gastronomie depuis la première saison. Il est vrai qu’on fait régulièrement des épreuves avec les produits du placard. En dehors des menus de finale, qui sont souvent d’exception, les produits utilisés dans Top Chef sont toujours accessibles. Il n’y a jamais d’épreuves autour du caviar par exemple, car ce n’est pas forcément un produit que les gens consomment régulièrement. Je ne pense pas que les téléspectateurs regardent Top Chef pour refaire les plats, mais ils peuvent récupérer les bonnes idées.

Malgré le déroulement de l’émission dans un cadre professionnel, Top Chef est parvenu à rester proche du public sans être excluant. Est-ce une de vos préoccupations ?

Ça n’a jamais vraiment été très compliqué à vrai dire. C’est d’autant plus facile sur les dernières saisons, car on a les membres du jury qui décryptent pour les téléspectateurs ce que les candidats font. Le décryptage du travail des professionnels s’est posé dès la première saison de Top Chef.

Top Chef a été adapté avec succès en Espagne. La version française est devenue une référence internationale pour le format. Avez-vous eu des contacts avec les équipes espagnoles ?

La version française est, en effet, le mètre-étalon du format en Europe, bien différent de l’émission américaine. Le directeur des programmes de Studios 89 est bien évidemment consulté. Un séminaire a été organisé en Espagne pour expliquer comment on avait adapté Top Chef en France et quelles étaient les épreuves emblématiques.