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Sacrée Laurence : le pari risqué de M6 à la sauce C’est mon choix !

Alexandre Raveleau
Publié le 15/05/2007 à 00:41 Mis à jour le 19/06/2009 à 17:09

Jour J+1 pour M6 et Laurence Jomand : le nouveau forum dédié aux femmes est ouvert tous les jours à partir de 11h50 depuis ce lundi. Avec Sacrée Laurence ! la chaîne privée a exclu le jeune Malcolm de sa grille pour conquérir un nouveau pan de public en la bien nommée ménagère de moins de 50 ans.

Jusque là jeune et plutôt musicale, M6 brouille aujourd’hui un peu plus son jeu et préfère donc supprimer de son antenne les rediffusions d’une série à succès (près d’un million de fidèles !) pour tenter l’aventure du talk show. Ainsi, ce 14 mai, une femme de 44 ans, « à la fois généreuse et passionnée, drôle, touchante et réactive » est apparue à l’image en lieu et place du jeune trublion. Laurence Jomand, femme de télévision depuis 13 ans, a donc rejoint l’escadrille déjà composé par Virginie Efira, Alessandra Sublet, Sandra Lou, Nathalie Renoux, Mélissa Theuriau, Véronique Mounier, Aïda Touihri et Valérie Damidot. M6 se tournerait-elle vers le public de sa filiale Téva ? Jamais les femmes n’avaient en tout cas connu pareille présence sur la chaîne. Une reconversion à l’image qui s’accompagne en coulisses de l’arrivée de Bibiane Godefroid à la direction des programmes.

Productrice au sein de la société Starling (Vidéo Gags, le Maillon faible, Qui veut gagner des millions ?), Laurence Jomand a connu le feu des projecteurs pour la première fois en 1994 aux côtés de Patrick Sébastien. Alors sacrée Super Nana, c’est au coeur de la machine des jeux de TF1 qu’elle occupera un peu plus tard le poste de productrice. Oeil avisé à la conception des question du Maillon Faible ou de Qui veut gagner des millions ?, grande habituée des huissiers de justice en coulisses en quête de la véracité, la logique de la télévision n’a plus de secret pour cette forte tête. Sur un plateau, elle joue à domicile. Pour l’anecdote, c’est Stéphane Rak, ancien rédacteur en chef de C’est mon choix et actuellement en charge des divertissements de M6, qui lui a proposé cette émission.

Dix ans plus tôt sur TF1, à la même heure ou presque, Evelyne Thomas ouvrait les premiers débats de la « talk show democratcy » à la française avec Evelyne. A l’image des « issues-oriented daytime talk shows » américains, l’émission de TF1 n’avait cependant connu que trois mois d’antenne. En 1999, la direction de France 3 décidait de reprendre ce concept et d’en faire son rendez-vous du début d’après-midi. C’est mon choix est né en novembre 1999. Ca se discute, emblème des débats de société, entamait alors sa cinquième saison de succès sur France 2.

Sur les traces du triomphe du Jerry Springer Show - plus de 3 000 émissions, une comédie musicale à succès et 15 millions de fidèles -, C’est mon choix aura été suivi en moyenne par 1,6 million de téléspectateurs chaque jour pendant cinq ans, soit 17,3% de part de marché. L’audience de la case de France 3 faisait alors des bonds de géants, rivalisant avec les ancestraux Feux de l’amour de TF1. Les prime time étaient alors à la portée d’Evelyne Thomas. Eté 2004. Le public féminin voit son émission fétiche disparaître des suites d’un différend entre Jean-Luc Delarue producteur et Evelyne Thomas.

Après la disparition des séances de relooking et combats de sosies, le talk show a ensuite connu quelques sueurs froides supplémentaires lors de la rentrée 2006. L’arrivée de Stéphane Bern et son Arène de France sur le service public semblaient alors sonner le clairon de la retraite pour Ca se discute, avec plus de dix années de service. Et Toute une histoire est finalement apparue, rassurant par la même les témoins en tout genre et leur public. Sur le câble, les afficionados ont cru au retour d’Evelyne Thomas sur RTL9 avec Chacun sa place. Simon Monceau et sa troupe de Ca va se savoir n’ont même pas vu passer la courte tempête.

Trois ingrédients sont communs à tous ces programmes et semblent incontournables à la bonne marche de tout talk show : la personnalité de l’animateur, le public et la « qualité » des débats et témoignages. Sur ce modèle, avec un public « libre » et une animatrice « qui prend partie, parle de sa propre vie », Sacrée Laurence ! doit encore tout prouver. L’ombre d’Evelyne Thomas persiste. La comparaison avec Jerry Springer est toujours très sévère.

Aujourd’hui, M6 espère néanmoins conquérir quelques points précieux de part de marché, tout au moins ne pas en perdre ! Face aux cadors que sont Nagui et Jean-Luc Reichmann sur France 2 et TF1, Laurence Jomand apparaît comme l’outsider. En cas de succès pourtant, il semblerait que la chaîne privée ait d’ores et déjà réfléchi à un autre créneau horaire. C’est une méthode que M6 a déjà expérimentée auparavant avec D&Co notamment.

Gagnante sur les terrains des séries et de la télé réalité sous toutes ses formes, M6 engage depuis cette saison une reconversion vers une cible encore plus large. Si l’idée du 20 heures est visiblement exclue en frontale avec TF1 et France 2, un journal du soir avec animateur reste en chantier. D’ici cet été encore, M6 devrait proposer un jeu au quotidien. Les expériences malheureuses de Mission : 1 million et A bout de force sont désormais bien lointaines. De l’actu avec 66 minutes. De la politique avec 5 ans avec et les soirées électorales. Du talk show avec Marc-Olivier Fogiel et Sacrée Laurence !, M6 semble bel et bien en quête d’un public plus adulte.