Toutelatele

Salomé Lagresle (The game of love, NRJ12) : « Je n’aurais pas accepté ce programme si j’étais dans quelque chose d’hyper safe »

Léopold Audebert
Publié le 02/01/2017 à 12:54

Après avoir été à la tête d’une émission consacrée aux jeux vidéo en Belgique, et reporter en immersion dans les coulisses de The Voice pendant quatre ans, Salomé Lagresle débarque, ce lundi 2 janvier, dans un nouvel univers. Désormais, dans The game of love, celle qui animait jusqu’alors le Top Streaming de D17 propose aux téléspectateurs de NRJ12 de démêler le vrai du faux. Rencontre.

Léopold Audebert : Née avec un manette de jeux vidéo dans les mains et habituée des « backstage » musicaux, dans quel contexte le projet d’animation d’une télé-réalité telle que The game of love est-il arrivé jusqu’à vous ?

Salomé Lagresle : Tout cela est arrivé un petit peu soudainement : j’ai intégré le programme deux semaines avant son tournage ! (rires) Jérémy Henriet, l’un des deux producteurs de l’émission avec Ombline Rousseau, m’a d’abord contacté, en me proposant une rencontre. Lors de celle-ci, il m’a annoncé qu’il avait pensé à moi pour animer un programme de télé-réalité sur NRJ12. Ayant un background très orienté vers le monde des jeux vidéos, assez culturel, avec beaucoup d’émissions en direct, la télé-réalité n’est pas du tout dans mon ADN. Je ne me reconnais d’ailleurs pas forcément dans les différentes émissions de ce genre produites et diffusées aujourd’hui. Au début, j’ai donc eu un peu d’appréhension et de peur.

En dépit de vos craintes, pourquoi avoir accepté cette expérience inédite dans votre carrière ?

Très vite, on m’a conforté sur le projet de créer une nouvelle télé-réalité, cassant complètement les codes de ce que l’on a l’habitude de voir. Jérémy Henriet voulait également une incarnation différente. J’ai trouvé que la proposition était audacieuse, d’autant plus que la prise de risque de ce challenge était vraiment assumée. Les tournages commençant deux semaines après cette proposition, j’ai donc quitté ma chaîne, D17 (désormais CSTAR, ndlr), assez rapidement ! (rires) J’avais un feeling, un je ne sais quoi qui m’incitait à y aller. Et, pour la petite histoire, avant de prendre ma décision définitive, j’ai croisé un camion sur l’autoroute ; sur celui-ci, à la manière d’un film, il était écrit « N’aie pas peur ! ». Ce signe a achevé de me convaincre ! (rires)

Dans quelle mesure votre style de présentation est-il le reflet de votre personnalité ?

Je pense être assez naturelle. Ayant fait des études de commerce, d’art et de communication, je n’ai jamais eu l’envie profonde d’être animatrice à la télévision. Au fond de moi, je suis vraiment une joueuse de jeux vidéo ; un univers très masculin et très différent ! (rires) Dans la vie, il y a aussi des moments où je suis stressée, mais je ne peux rien y faire. Par exemple quand une grosse équipe m’entoure, ou que certains candidats, au physique impressionnant, ne sont pas loin. Par ailleurs, lorsqu’une phrase n’arrive vraiment pas à sortir de ma bouche, j’explose de rire. Et quand un participant me drague en pleine cérémonie, je le remets à sa place. Mais toujours de manière cool et plutôt gentille ! J’ai vraiment essayé d’être la plus vraie possible. Je suis au service du programme, des candidats, et des téléspectateurs, à qui je dois délivrer des informations.

« Je ne me reconnais pas forcément dans les différentes émissions de télé-réalité produites et diffusées aujourd’hui »

Couples, secrets à cacher tout en découvrant celui des autres, groupe de célibataires prêts à tout pour tester les autres candidats : dans les grandes lignes, la comparaison entre The game of love et une fusion de Secret Story et L’île de la tentation est presque immédiate. Est-ce une erreur de faire le parallèle avec ces deux programmes phares de l’univers de la télé-réalité ?

Dans Secret Story, il y a, au-delà de tout, un jeu avec différents secrets. Chaque candidat doit alors trouver celui des autres. Si l’on considère l’idée même de jeu, le principe peut s’apparenter à The game of love. Mais le principe n’est pas le même ! On m’évoque souvent ce mélange de Secret Story avec L’île de la tentation ; à chaque fois, j’explique de cela ressemble plus au jeu des loups-garous. On se retourne, quelqu’un meurt durant la nuit et, au réveil, certains bluffent et d’autres se défendent car ils sont innocents. Ce n’est pas L’île de la tentation car les candidats ne sont pas du tout en train de chercher à multiplier les conquêtes entre eux. Ils partent plus en rendez-vous entre potes qu’en rendez-vous « date ». Le cadre est idyllique, mais l’atmosphère sulfureuse n’est pas du tout l’essence du programme.

On retrouve tout de même deux strip-teaser, Laurence et Thomas, parmi les quatre couples au coeur de l’émission ; la comparaison avec un programme tel que L’île de la tentation n’est-elle pas facilitée par un tel choix de casting ?

Je ne suis pas du tout dans les politiques des chaînes avec les productions. Mais je suppose que, lorsque l’on est sur un diffuseur tel que NRJ12, qui habitue son audience à une certaine typologie de candidats, on ne peut pas leur proposer un casting comme La belle et ses princes, sans être immédiatement catalogué de railleries. Oui, le premier couple présenté est un couple de strip-teaser. D’un autre côté, il suffit de les écouter deux secondes et de les suivre pendant cinq épisodes pour se rendre compte que la moindre envolée de Laurence, qui peut faire penser à Nabilla et à ses cheveux, est faite car elle sait quoi dire pour nous faire marrer. Au début, on reste dans les codes de la télé-réalité : mais cela va se différencier dans l’écriture et au niveau des candidats, que je trouve hyper frais et plein d’assurance.

À l’issue du visionnage des premiers épisodes, la personnalité de Laurence semble particulièrement ressortir du groupe. Est-elle la candidate qui restera dans la mémoire des téléspectateurs après cette première saison ?

Laurence est, en tout cas, la candidate du début de saison ! Au bout d’une semaine, vous saurez pourquoi : il va se produire quelque chose que personne n’avait prévu…

« Avec Laurence, il va se produire quelque chose que personne n’avait prévu… »

Tout comme vous, FremantleMedia France est à la tête de sa première émission de télé-réalité. Par rapport aux nombreux programmes du même genre désormais à l’antenne, et produits par différentes sociétés de production, quelle singularité FremantleMedia apporte-t-elle à ce type de format avec The game of love ?

Olivier Henry, qui a imaginé ce programme génial, Ombline Rousseau et Jérémy Henriet forment réellement un triangle magique. Leur « pâte » réside dans le fait d’avoir réussi de faire d’une télé-réalité un véritable feuilleton. À titre d’exemple, lors des premiers visionnages, je me suis retrouvé avec un cliffhanger incroyable à la fin du quatrième épisode. Fan de séries, je parle vraiment d’épisodes pour The game of love ! L’écriture n’est pas romancée : on part de la réalité et on raconte une histoire basée sur des faits. On n’assiste pas à du vent entrecoupé de scènes d’engueulades ou de sexe, mais à l’histoire de rencontres amoureuses, avec un vrai sens de la dramaturgie, des rebondissements et du rythme.

Depuis de nombreux mois et plusieurs tentatives infructueuses, NRJ12 ne parvient pas à fédérer les téléspectateurs autour d’un programme d’access prime-time incarné. Désormais à l’écran entre 18h15 et 19h45, n’avez-vous pas peur d’être la prochaine victime de cette série noire ?

Je pourrais me contenter de jouer à Candy Crush, et, chaque jour, acheter mes évolutions de bonbons sur mon téléphone. Mais je me frotte à du Dark Souls ; je n’ai pas peur de mourir trois fois pour arriver à vaincre un boss ! (rires) C’est une super opportunité. Je n’aurais pas accepté ce programme si j’étais dans quelque chose d’hyper safe, sur des rails. The Voice était relativement confortable, on connaissait le travail. Sur le groupe Canal+, il y avait du challenge tous les jours car les émissions étaient en direct, mais le tout était assez sécurisé. J’aime m’attaquer au danger, je suis une vraie joueuse ! Notre exposition en access prime-time est un coup de poker ! Sur une autre chaîne, dans un autre créneau, cela aurait peut-être été plus confortable ; mais nous n’avons pas fait cela pour cette raison.

Tout en dénichant des chanteurs, les équipes de The Voice s’affirment de plus en plus comme étant un vivier à animatrices : tout comme Anaïs Grangerac, désormais sur W9, vous êtes en effet à la tête de votre propre émission. Cette expérience chez Shine a-t-elle été déterminante dans votre formation ?

Shine est une famille. The Voice est hyper carré, et j’ai beaucoup appris dans cette école, qui, selon moi, est la meilleure. On commençait à huit heures le matin et terminait à quatre heures du matin ; j’ai fait quatre saisons à ce rythme. Avec des candidats très différents à interviewer, on apprend aussi à gérer l’instantanéité, ce qui n’est pas évident du tout. Le programme est tellement une grosse machine avec des enjeux importants, que nous ne sommes jamais la priorité : il faut donc s’adapter et essayer, par exemple, de trouver Kylie Minogue dès sa sortie de scène, afin de se lancer dans une interview français/anglais non préparée dans un couloir. De plus, The Voice est un programme bienveillant ; cette notion est vraiment importante à mes yeux. Je ne pourrais pas être chroniqueuse et devoir me moquer, railler ou avoir à rendre quelqu’un malheureux. Ce n’est pas dans mon ADN.

« Nous avons longuement parlé avec Guillaume Perrier durant notre rencontre. Il m’a alors proposé des programmes »

En cas de renouvellement de The game of love pour une seconde saison, seriez-vous de la partie ?

Oui ! Et Ombline et Jérémy le savent ! (rires)

En tant que nouvelle incarnation de NRJ12, avez-vous d’ores et déjà d’autres projets en discussion avec la chaîne ?

Tout d’abord, ce n’est pas comme si j’étais une animatrice de la chaîne à qui on avait proposé un programme ; je suis avant tout une sorte d’électron Fremantle qui a été placé sur NRJ12. Nous avons longuement parlé avec Guillaume Perrier (directeur général du pôle TV du groupe NRJ, ndlr) durant notre rencontre. Il m’a alors proposé des programmes. Toutefois, pour l’instant, ma priorité est que The game of love fonctionne. Je ne suis pas venu pour me diversifier immédiatement et pour réfléchir dès maintenant à une éventuelle grille de rentrée. J’aime mener un projet à son terme, sans le laisser en cours de route. Je ne démarre pas trois livres en même temps ! (rires) J’ai vraiment envie que The game of love rencontre son public ; à travers les audiences, bien sûr, mais aussi à travers les critiques. Je voudrais vraiment que les gens arrivent à voir que nous avons voulu faire quelque chose de différent.