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Sébastien Folin, les dessous de son arrivée sur France 2

Emilie Lopez
Publié le 15/09/2009 à 13:18 Mis à jour le 18/03/2010 à 16:53

Après avoir fait la pluie et le beau temps sur TF1, Sébastien Folin s’est envolé à la rentrée vers d’autres cieux, ceux de France 2. La chaîne publique lui a en effet fait un pont d’or, et offert deux émissions, ADN et Grandeurs nature. Entre deux tournages, l’animateur revient pour Toutelatele.com sur la genèse de cette nouvelle aventure, avec l’humour qui le caractérise, et toujours sans langue de bois...

Emilie Lopez : Pour ceux qui n’auraient pas encore découvert ADN, pouvez-vous, en quelques mots, décrire le concept de cette émission ?

Sébastien Folin : ADN, « Accélérateur De Neurones » est un magazine de découverte scientifique. L’idée est de faire le tour de la planète et de ramener des reportages spectaculaires et époustouflants pour faire de la science par l’émerveillement. Cela va des phénomènes naturels, aux animaux, aux sports extrêmes, ou encore aux nouvelles technologies. Nous prenons un sujet toujours assez bluffant et spectaculaire, grâce auquel nous faisons un décryptage scientifique. C’est pourquoi j’insiste sur le terme « découverte scientifique » : ADN est vraiment, et avant tout, là pour faire découvrir des choses, avant de donner la leçon.

De son côté, Grandeurs nature est une « compilation » de documentaires, dans la lignée de Home. Pensez-vous que le succès de ce film ait fait en sorte que le magazine existe ?

Le succès bluffant de Home a effectivement fait que Grandeurs Nature a une vraie raison d’exister aujourd’hui. Patricia Boutinard-Ruelle (directrice des magazines de France 2, ndlr) avait initié le projet Home sur France 2 avec Fabrice Puchault (responsable des documentaires), et tous deux s’occupent de la case Grandeur Nature. Et le niveau de ce que j’ai à présenter est extraordinaire ! J’ai été émerveillé par ce que j’ai vu, ce sont des documentaires vraiment intéressants, car ils traitent de la place de l’homme dans la nature.

Du fait de votre arrivée à la tête de ces deux émissions, certains vous ont surnommé « Le Nicolas Hulot de France 2 ». Que pensez-vous de cette comparaison ?

Nicolas Hulot, tout comme Yann Arthus Bertrand, sont deux personnages en marge de tous les autres animateurs/journalistes. Ils sont des personnalités emblématiques creusant leur sillon pour l’environnement et l’écologie depuis de longues années. Ce sont, selon moi, des politiciens, au sens noble du terme, ayant une influence énorme sur la société : on a vu l’impact de Home ! Néanmoins, nous sommes dans des registres totalement différents : je suis plus au niveau du téléspectateur, et je suis là pour vulgariser. Je n’ai absolument pas le sentiment d’être le Nicolas Hulot de France 2. C’est une erreur de me présenter comme ça, je ne l’ai jamais fait et ne le ferai jamais.

Vous coproduisez, via votre société « Souffleurs de vert », ADN. Cela a-t-il influencé votre choix de rejoindre France 2 ?

Pour être exact, nous en sommes arrivés là dans le courant de la discussion. Dans un premier temps, France Télévisions m’a demandé si j’étais intéressé à l’idée de les rejoindre, et ce que j’aurais envie de faire, ce qui est plutôt rare. Ils m’ont ensuite proposé deux émissions hebdomadaires, ce qui est également rare, dont une, cerise sur le gâteau, que j’ai la possibilité de coproduire !

Entre Galileo, ADN et Grandeurs Nature, vous semblez vous être re-spécialisé dans le domaine de la science...

Disons que j’ai un peu recentré les choses. J’ai, pendant toutes ces années, cherché à me diversifier pour ne pas m’enfermer dans un rôle particulier. J’ai refusé certaines choses pour ne pas être catalogué : beaucoup de propositions de météo, d’émissions de gags, de chutes et de bêtisiers. Suite à ces refus, j’ai eu RTL, où j’ai pu faire du jeu, chose que je n’aurais pas faite si j’avais accepté la météo dès le début. Sans oublier Acoustic sur TV5Monde... J’ai réussi à me diversifier, mais à un moment donné il faut rester cohérent : j’ai réussi à bien élargir mon spectre, c’était donc bien de s’ancrer sur un seul terrain pour un temps.


Pourquoi avoir choisi celui de la science ?

Pour deux raisons. D’un point de vue professionnel, la science et la nature sont deux éléments qui composent la météo, ce pour quoi je suis le plus connu. Et d’un point de vue personnel, venant de la Réunion, j’ai grandi dans un univers proche de la nature. Or il est bon d’avoir des intérêts personnels pour les sujets que l’on présente, cela apporte un gage de sincérité. C’est également le cas pour la musique : je la vis pleinement, elle m’accompagne au quotidien...

Vous continuez donc, en parallèle d’ADN et Grandeurs Nature, Acoustic sur TV5Monde ?

Oh que oui ! (rires) Cela faisait partie des conditions sine qua none pour que j’accepte de travailler sur France 2. Ça me parait même presque plus cohérent aujourd’hui de faire une émission sur TV5Monde en étant sur France Télévisions que lorsque j’étais sur TF1.

France Télévisions vous a contacté alors que Galiléo était à l’antenne. Pensez-vous que cette émission ait joué un rôle dans leur intérêt pour vous ?

Je ne crois pas. Lorsque j’ai rencontré les gens de France Télévisions, ils m’ont avoué être intéressés par « l’animateur de RTL que l’on entend l’été parler de voyages, et que l’on voit sur TV5Monde interviewant des artistes. C’est la profondeur et la légèreté de cet animateur là qui nous intéressent, ce pont entre divertissement et magazine. Nous aimons la curiosité que vous avez sur ces magazines ». Mais il n’a jamais été question de Galiléo.

Compte tenu du flop d’Incroyables expériences en access, les questions d’audience ont-elles été évoquées ?

Évidemment, l’audience fait partie des interrogations de la chaîne et des miennes, puisque ce n’est pas parce qu’on travaille sur le service public qu’il ne faut pas faire d’audience. Néanmoins, la science reste quelque chose de compliqué à l’antenne. Après, on verra : on part sur une tranche « sinistrée », qui avait des émissions de très bonne qualité faite par les Bogdanoff, mais qui n’ont jamais décollé. On récupère une case autour de 7 ou 8%, donc évidemment les objectifs d’audience de la chaîne sont au-dessus. Donc au-dessus, on sera contents, cela voudra dire qu’on a déjà une base de téléspectateurs, et ce sera à nous d’aller en chercher d’autres.

Reprendre la case des frères Bogdanoff, justement, est d’autant plus risqué !

Non parce que je n’ai pas refait leur émission ! Effectivement, il y eu les Bogdanoff, mais avant eux il y avait autre chose ! L’audience a des mystères qu’on ne maitrise pas. Le plus important est de faire une émission qui nous plait, avec beaucoup de sincérité, et ayant pour objectif de plaire au plus grand nombre et au grand public. Et si ça ne marche pas aussi bien qu’on le veut, on réajustera et on y arrivera.

Interrogé par « Le Parisien » concernant votre transfert de TF1 à France 2, vous avez avoué que votre salaire était forcément revu à la baisse...

La question exacte du journaliste était « Pourquoi être coproducteur ? Est-ce pour l’argent ? ». Donc la réponse était « Non ce n’est pas pour l’argent, mais pour maitriser éditorialement mon émission ». En effet, je ne suis pas venu à France 2 pour faire un coup de pognon ! Sinon, j’aurai gardé ma petite place avec la météo, j’aurai accepté le contrat que TF1 m’a proposé pour rester. J’aurai gagné de l’argent sans beaucoup bosser, j’aurai compté mes points retraite, et dans 20 ans j’y serais encore... Je fonctionne à l’envie, à la nouveauté, c’est pour ça que je fais ce métier, pas pour regarder mon Livret A ! Ce que je vais gagner à France 2 en développement de carrière est dix fois plus important que n’importe quelle opération financière.


Néanmoins, partir de la chaîne la plus regardée de France pour la 2 est risqué, surtout pour faire une émission scientifique, ce dont les téléspectateurs sont loin d’être friands...

J’étais effectivement l’animateur le plus regardé de France sur la chaîne la plus regardée de France : certes, ça flatte l’égo ! Mais je faisais la météo depuis 8 ans, j’y prenais énormément de plaisir, mais je commençais à m’ennuyer. Donc par honnêteté vis-à-vis du téléspectateur, il fallait que je passe à autre chose, car j’aime bien avoir de la fraîcheur dans ce que je fais. J’avais deux solutions : soit je râlais dans mon coin, et je continuais en bossant pour l’argent, mais je n’ai jamais fonctionné comme ça ; soit je prenais des risques en allant ailleurs, et en faisant quelque chose qui me fasse grandir. Je serai alors honnête vis-à-vis de moi, de mes employeurs et des téléspectateurs.

TF1 ne vous a pas non plus cantonné à la météo : outre Vidéo Gag, vous avez animé un bêtisier en fin d’année...

Je ne veux pas cracher dans la soupe, ça m’a nourri, c’est bien ! Mais ça me nourrit plus l’esprit de faire ce que je fais là que ce que j’ai pu faire avant. C’est une évolution normale. Je suis extrêmement reconnaissant à TF1 parce que sans eux, je n’en serais pas là : ils sont venus me chercher, et m’ont donné ma chance et ma notoriété. D’ailleurs, on ne s’est pas quittés fâchés, Nonce Paolini (Directeur général de TF1, ndlr) a été adorable avec moi, et je garde un très bon souvenir de notre dernier rendez-vous : ça a été riche d’enseignement et très fort.

On a beaucoup parlé des différents animateurs s’étant essayé au pilote de Tournez manège. Auriez-vous été intéressé ?

Il y a un an, au moment où les premiers pilotes ont été faits, j’avais appelé en disant que j’aimerai bien essayer. Si à ce moment-là j’avais fait des essais, pourquoi pas... Mais quand France 2 m’a téléphoné, je ne faisais rien d’autre que la météo et on ne m’avait pas donné beaucoup de chance de faire autre chose à TF1. Du coup, la question ne se pose même pas. C’est bien que tout se soit passé comme ça : sans heurt, sans cri, logiquement. A TF1, ils n’ont pas été surpris, juste attristés, mais c’est la vie...

Vous évoquiez, lors de votre dernière interview accordée à Toutelatele.com, votre désir de réaliser un documentaire sur Tété. Votre arrivée sur le groupe France Télévisions a-t-elle un rapport avec vos envies de production ?

Par manque de temps, de sa part et de la mienne, ce projet est, pour l’heure, passé à l’as. Ca se fera sans doute un jour, mais pas maintenant... Il est vrai que j’ai épousé un groupe, néanmoins il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Mon objectif premier, c’est de faire d’ADN et Grandeur Nature des marques fortes et qui marchent. Mais évidemment, j’ai également été intéressé par le fait que je n’arrive pas qu’à France 2 : je suis embauché par le groupe France Télévisions. Ils ont une ligne éditoriale commune, mais également différente sur toutes les chaînes de ce groupe : je vais donc pouvoir, par la suite, développer plusieurs projets. Ça, c’est plutôt cool.

La radio semble donc désormais mise de côté...

C’était mon grand regret 2008, je voulais absolument faire de la radio à la rentrée 2009, et bah je n’y suis toujours pas ! (rires) Je suis un peu déçu, car je pensais avoir montré assez de talent cet été sur RTL, mais cela n’a pas suffit à ce que je décroche une case, même le week-end. J’ai refusé Europe 1 qui me proposait une émission cet été, et, dans le panier, d’en faire une à la rentrée. Mais elles ne me convenaient pas. J’ai préféré aller sur RTL, et ne pas avoir de certitude pour la rentrée... C’est la vie ! De toute façon, j’ai déjà suffisamment de travail avec la télé, je me concentrerai sur la radio plus tard. Mais j’y arriverai un jour ! (rires)