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Sexe & Libido : quand les séries calquent Sex and the City

Tony Cotte
Publié le 31/10/2006 à 00:32 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:41

Comment sait-on quand une série télévisée accède au rang de « série culte » ? Bien que le terme soit aujourd’hui galvaudé, on peut juger de « culte » une production qui laisse une trace dans le paysage audiovisuel et qui, par conséquent, est souvent imitée pour un résultat rarement équivalent. Sex and the city correspond parfaitement à cette définition. Depuis son arrêt en février 2004, nombreux sont les producteurs à travers le globe à tenter de réitérer le succès. Le dernier exemple en date, Sex and more, fait ses débuts ce soir sur FOXlife. Dans cette fiction allemande quatre femmes vivent leur sexualité sans complexe, chacune à sa manière... ça ne vous évoque rien ?

Alors qu’en 1998, le grand public se délecte devant les maladresses d’Ally McBeal et les procès de The Practice, HBO, chaîne câblée, lance Sex and the city. Rapidement, la série va bouleverser la donne de par son audace. En effet, Carrie, Samantha, Charlotte et Miranda sont quatre copines dans le vent habitant à New York, lieu de tous les excès. Pour la première fois à la télévision, des femmes ont un language cru et explicite sur leur vie sexuelle. Des répliques comme « Quand on a des problèmes de sexe, on se prend le cul, pas la tête » ou encore « Je ne crois pas au parti républicain, ni au parti démocrate. Je ne crois qu’aux parties génitales » figurent parmi les réparties phares. A l’origine, ce programme produit par Darren Star est une adaptation du roman éponyme de la journaliste Candace Bushnell, qui a marqué au fer rouge la « chick lit », un des mouvements littéraires des plus en vogue ces dernières années.

Depuis son arrivée en 2000, Sex and the City a été moult fois programmée sur l’antenne de Téva puis de M6. Le 9 juin dernier, la chaîne privée rediffuse même l’intégrale de la série et les téléspectateurs semblent toujours être au rendez-vous. Ils sont encore 1.3 million de fidèles à suivre chaque vendredi à 23h20 les péripéties de ces quatre drôles de dames, soit une part de marché de 19%, dont 33% auprès des ménagères de moins de 50 ans. Ces scores s’avèrent être quasiment identiques à la précédente rediffusion de la série entre juin 2005 et février 2006. Autant dire que les quatres trentenaires de Manhattan n’ont toujours pas pris une ride.

Face à un tel plébiscite, différents producteurs ont tenté d’assurer la succession. Si le concept de femmes libertines n’est pas réservé à la production de Darren Star, le nom « Sex and the city » est devenu en revanche un véritable argument de vente. Ainsi, G-spot, diffusé le jeudi à 22h30 sur NT1, s’autoproclame le « Sex and the city canadien », Queer as folk est considérée comme une version gay tandis que The L Word emprunte même un slogan clin d’œil : « Same sex, different city ». Mais cette attribution est utilisée à outrance dès qu’un programme comporte plusieurs protagonistes de sexe féminin. C’est le cas du phénomène Desperate Housewives qui s’est fait présenter par les médias comme un « Sex and the city républicain ».

Seulement les comparaisons n’assurent pas toujours le succès d’un programme. Il y a quelques jours la chaîne espagnole Antena 3 en a d’ailleurs fait les frais avec Ellas y el sexo débil. La chaîne ibérique a en effet réalisé à cette occasion sa plus mauvaise audience historique en prime time avec seulement 6.3% de part de marché, et tout juste un million de téléspectateurs. En France, ce genre de procédé est encore à la mode. Berlin Berlin, diffusée sur Europe 2 TV, a été vendue en début d’année comme la version germanique de Sex and the City, alors que les liens entre les deux séries sont difficilement notables. A l’inverse,Sex and more, se veut et s’assume l’homologue allemand.

Cette dernière met en scène Minza, Edda, Valérie et Frenzy. Des femmes « ordinaires » qui conjuguent des préoccupations quotidiennes classiques : le travail, les amis mais surtout les amours. Bien sur, chacune d’elle a sa personnalité bien affirmée. Ici, la Charlotte York du groupe n’est d’autre que la brune Frenzy et Samantha Jones se voit imitée par Edda. Diffusée outre-Rhin en 2005, Alles Ausser Sex, titre original, compte à ce jour deux saisons soit 20 épisodes. Le premier d’entre eux sera programmé ce soir à 22h35 dans le cadre d’une soirée « Spéciale Fantasmes » sur FOXlife. Tandis que les chaînes thématiques du PAF ont endossé leur tenue orange et noir en ce soir d’Halloween, içi on mise sur le rose. Ainsi, la chaîne à « vivre intensément » propose à ses téléspectatrices une soirée des plus coquines. Pas question en ce dernier jour d’octobre de céder au chat noir et aux balais mais plutôt aux guépières et godemichés, avec un reportage sur les désirs sexuels des françaises, suivi du pilote de Sex and more.

Face à la déferlante de séries, l’étiquette « Sex And the City » peut donc être une aubaine médiatique pour certaines productions. Mais il n’en demeure pas moins que la comparaison avec l’homologue américain est parfois bien lourde à porter. En effet, à ce jour aucune d’entre elles n’a dépassé l’original ni dans la durée ni dans le succès à travers le monde. Et à l’heure où les chaînes françaises proposent de plus en plus de fictions inspirées des séries américaines à succès, il reste à savoir si la libido de quatres parisiennes pourrait intéresser le public...