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Shemar Moore (SWAT) : « J’étais le numéro deux dans Esprits Criminels, maintenant, je suis le leader »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 08/01/2019 à 18:40

Après Genoa City et les bureaux du Quantico, Shemar Moore est désormais à Los Angeles dans l’unité du SWAT. L’acteur incarne Daniel Harrelson, personnage central et nouveau leader des troupes. Shemar Moore s’est confié à Toutelatele sur ce premier rôle principal dans une série américaine.

Joshua Daguenet : Avec SWAT, vous voici dans le rôle principal d’une série. Comment accueillez-vous ce nouveau statut ?

Shemar Moore : Je suis très fier et très excité d’être le leader de SWAT, une série très divertissante, délivrant des messages très forts. Je suis le seul acteur afro-américain, leader d’une série parmi tout le câble à la télévision américaine. C’est une grosse opportunité mais aussi de grosses responsabilités et une forte pression. Cela va au-delà de Shemar Moore lui-même et de la série parce que le succès de SWAT peut permettre de créer des changements au sein de la société, et pas seulement pour les noirs, mais aussi les hispaniques, les blancs et toutes les autres communautés… Je suis content car je suis le patron de SWAT alors que je n’étais que le deuxième patron d’Esprits Criminels !

Votre personnage est contradictoire. Il doit faire preuve de réactivité sur ses interventions policières. Et, d’un autre côté, il ne parvient pas à choisir un camp entre ses collègues et sa communauté…

Oui, c’est difficile. Daniel a grandi dans le ghetto en tant que noir, où de mauvaises choses se sont passées. Les policiers se sont mal comportés et il ne les aimait pas. Il avait beaucoup de colère en lui. Son père lui a dit qu’être en colère ne résoudrait rien, qu’il allait continuer à se plaindre s’il n’agissait pas et qu’il devait faire partie du changement pour que celui-ci intervienne. Sa situation est exposée dès le pilote. Il a beaucoup de pression car certaines personnes de sa communauté le considèrent comme un ennemi car il est passé du côté des policiers. La contradiction s’exprime aussi à travers les règles, il se doit de les respecter mais il souhaite en même temps les changer. Pour réussir en tant que policier, il ne doit ni oublier d’où il vient, ni oublier qui il est.

S.W.A.T. ne montre pas que les bons côtés des policiers. La série a-t-elle une vocation à faire évoluer certains comportements ?

Cette série a vocation à divertir, mais elle a aussi des responsabilités. Nous voulons montrer la bravoure des policiers et le bien de leurs actions, mais aussi nous exposons les mauvais policiers car personne n’est parfait. Après, une série ne peut pas effacer la peur, la colère mais nous pouvons créer de l’espoir, de la compassion et de la compréhension auprès du public. SWAT délivre des messages mais il ne faut pas toujours la prendre au sérieux.

« Pour réussir dans la police, Daniel ne doit ni oublier d’où il vient, ni oublier qui il est »

Comment avez-vous préparé physiquement ce rôle ?

C’est beaucoup de travail mais j’ai reproduit ce que je fais à la maison car je veux être sexy pour ma petite fille (rires). Mais j’ai 48 ans, je constate que je vieillis toujours plus sur les photos et je me mets un peu plus la pression pour garder la forme. Quand je voyage, je n’ai pas beaucoup le temps de faire de l’exercice mais à la maison, je me donne à fond ! J’ai toujours pratiqué du sport pour être en bonne santé. Ce n’est pas une question d’être beau gosse - même si j’ai envie de l’être -, mais être fort physiquement. Quand j’ai commencé Esprits Criminels, je pesais dans les 85 kilos, maintenant j’en pèse 90. Il y a irrémédiablement une différence entre Derek Morgan (Esprits Criminels, ndlr) et Daniel Hondo (SWAT, ndlr) car ce dernier est plus puissant et il a bien plus de responsabilités. Et nous ne portons pas des armes en plastique, elles sont lourdes, tout comme les combinaisons. À la fin de la journée, votre corps est rincé.

À travers quel(s) genre(s) la série se définit-elle ?

Je n’y vois pas seulement une série d’action où l’on reconnait les gentils des méchants. Son intérêt résulte des bonnes histoires racontées et des sujets pertinentes traités, tels que la condition des hommes noirs dans le pilote, les trafics humains, le terrorisme domestique, l’immigration… Nous ne faisons pas de la politique, nous ne parlons pas de Donald Trump, nous souhaitons que les communautés se sentent respectées et humanisées. La série se doit de divertir et faire s’intéresser à l’ensemble des personnages, toutes communautés confondues.

Quelle principale différence faites-vous entre Esprits Criminels et SWAT ?

Esprits Criminels est une très bonne série mais elle est très sombre, encrée dans un univers de meurtres et de tueurs en série. SWAT évoque la vie et la mort mais à travers une vision très réaliste du quotidien des policiers et de leurs conditions de travail afin de mener à bien leur mission de protection des citoyens. Elle offre un message d’espérance. Un jour, je serai le grand méchant mais aujourd’hui j’aime être un héros. Je ne suis pas un super-héros comme Superman mais une personne soucieuse de faire le bien autour de soi, protéger les innocents.

« Esprits Criminels est très sombre mais SWAT offre de l’espérance et du cœur »

Etes-vous perçu différemment à l’étranger, avec à présent, un rôle principal dans une série ?

Avec Les Feux de l’amour et Esprits Criminels, je suis présent depuis plus de 20 ans sur CBS. Mais, maintenant, je suis la tête d’affiche de SWAT. À Hollywood, il est impossible de savoir si la série va marcher et si les gens vont vous apprécier. Le tout n’est pas de sa focaliser sur les Etats-Unis, la série s’exporte dans 200 pays, au Portugal, Australie, Belgique, France, Japon, Espagne… C’est incroyable d’être reçu partout dans le monde en tant qu’acteur principal d’une série. Mais cela va au-delà de la simple promotion, il s’agit de représenter quelque chose que le monde entier souhaite regarder. C’est un rêve d’enfant et un sentiment très spécial de pouvoir parcourir tous ces pays…

Vous êtes aussi bien producteur qu’acteur. Comment la production influence-t-elle votre manière de jouer ?

J’aime la production. J’ai fait mes débuts dans cette filiale en 2016 avec The Bounce Back, film dans lequel j’ai joué. Elle permet de faire attention à beaucoup de détails, mieux comprendre l’histoire et l’alchimie entre les acteurs. Maintenant, on me demande si je compte réaliser et écrire, peut-être un jour, mais pour l’heure, je prends beaucoup de plaisir à produire et je n’ai pas encore la vocation à être le patron. Produire renforce l’instinct au moment de jouer.

Vous avez parlé de la diversité des histoires et des thèmes. Le profil des auteurs de SWAT est-il tout aussi varié ?

Il y a eu un petit peu de changement pour la saison 2 mais nous avons 11 auteurs, dirigés par Shawn Ryan, qui a notamment écrit pour The Shield. Parmi eux, il y a 3 afro-américains, dont une femme, un Indien. Je crois qu’il y a en tout quatre femmes mais aussi des jeunes et des plus vieux. Nous souhaitions aussi des femmes, dont des scénaristes d’Esprits criminels, très intelligentes et imprévisibles. Mais cette série est moins centrée sur le côté psychologique et davantage portée sur l’action, avec du cœur.