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Simon Heulle (La France a un incroyable talent) : « Cette émission m’a vraiment changé »

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Directeur de la publication
Publié le 11/12/2013 à 18:00 Mis à jour le 20/12/2013 à 15:54

À 23 ans, Simon Heulle est le premier artiste de cirque à remporter une finale de « La France a un incroyable talent ». Avec un numéro autour du mat pendulaire, il a su faire l’unanimité au sein du jury et étonner le public qui lui a offert les 100 000 euros et une place sur la scène du Festival Juste pour rire à Montréal. Rencontre avec un artiste-sportif sacré également champion de France de pole dance la saison dernière.

Jérôme Roulet : Souhaitiez-vous évoluer dans le monde du cirque depuis votre enfance ?

Simon Heulle  : En fait, j’en rêvais quand j’étais petit, mais je pensais qu’il fallait faire partie d’une famille de cirque pour y arriver... Plus tard, j’ai découvert une magnifique école de cirque (Centre régional des arts du cirque de Lomme, ndlr) que j’ai intégrée à l’âge de 16 /17 ans. J’ai alors compris qu’on pouvait devenir artiste de cirque si on travaillait beaucoup. Aujourd’hui, c’est ma passion et mon métier.

Vous avez été sacré champion de France de pole dance en 2012 / 2013. Comment présenteriez-vous ce sport ?

C’est vraiment de la gym qui muscle énormément. Ça apprend à s’assouplir, à avoir de la force, à prendre de la confiance en soi, c’est un super sport. On s’amuse aussi beaucoup. Les filles sont entre elles. Elles apprécient, car les garçons ne viennent pas les embêter dans ce sport, à part... moi ! [Rires.] En tout cas, c’est une super expérience qui n’a plus rien à voir aujourd’hui avec du strip-tease. D’ailleurs, ça fait quelques années que ça se démocratise, et ça devient de moins en moins mal vu.

Pourquoi avoir participé à La France a un incroyable talent ?

Pour moi, c’était une super carte de visite, si ça marchait sans se faire buzzer. Beaucoup de Français et de professionnels regardent cette émission. Petit à petit, je me suis pris au jeu, au jeu du public, et j’ai kiffé l’aventure. Et puis, je voulais absolument rencontrer Sophie (Edelstein, juge dans le show et directrice artistique du cirque Pinder, ndlr). C’était un rêve de pouvoir lui parler. Je n’aurais jamais imaginé d’ailleurs qu’elle allait me dire de venir travailler chez Pinder.

Est-ce un vrai défi que d’aller se confronter face caméras devant quatre juges ?

Le premier numéro a été un défi, surtout que j’avais entendu dire que Gilbert Rozon était méchant, qu’il fallait s’en méfier, etc. Mais quand on essaye de faire les choses bien, il reste quelqu’un d’humain, et de juste.

« J’ai voulu prouver à Gilbert Rozon que je pouvais faire beaucoup mieux »

À l’issue de votre premier numéro, Gilbert a émis une petite réserve quant à la mise en scène à améliorer. En avez-vous tenu compte pour la demi-finale ?

Oui, et il a eu raison de me le dire ! J’en ai beaucoup tenu compte pour la demi-finale. Je n’ai même pensé qu’à ça... Ce commentaire m’a énormément boosté et j’ai voulu lui prouver que je pouvais faire beaucoup mieux.

Au casting, Sophie Edelstein a trouvé votre numéro « magistral », et vous êtes repartis avec quatre oui de jury. Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?

J’étais à la fois soulagé et très surpris que ça plaise autant. Je m’attends à un jury dur et froid, un jury de sélections qui ne lésine pas sur les mots. Et j’ai eu des super retours. J’ai donc été très fier et très content. Après en le revoyant à la télé, je n’étais pas très satisfait. Je me suis trouvé avec trop de réserves, aussi bien techniques qu’humaines. Et puis, j’ai aussi été impressionné...

Partie 2 > Retour sur les entraînements et la victoire


En demi-finale, étiez-vous plus confiant ?

Oui largement. Je ne me suis pas reconnu. J’ai eu l’impression de voir quelqu’un d’autre, qui avait mûri et grandi. Cette émission m’a vraiment changé...

Lors de la finale, qu’avez-vous ressenti quand Alex et Sandrine ont égrené les places jusqu’à l’annonce de votre nom ?

À chaque fois, je le disais : « Tiens, je ne suis pas 8e, pas 7e, pas 6e... » À partir de la 3e, j’ai trouvé que c’était un truc de fou. Je suis sur le podium quoi ! Au 2e, j’étais sur que les So Unikid allaient gagner. Et lorsqu’on m’a annoncé vainqueur, je suis vraiment tombé à genoux. Ce n’était pas pour le show, je ne m’y attendais pas du tout et ça m’a mis un vrai coup derrière la tête.

Combien d‘heures d’entrainement faut-il pour mettre au point un numéro ?

Énormément, et en même temps pas assez, car on n’a pas beaucoup de temps. On a un mois et demi entre la sélection et la demi-finale. Et entre trois et une semaines pour la finale.

Quel est le déroulement de la création d’un numéro ?

Dans un premier temps, je dessine des figures, j’écoute des musiques, je change des idées, je réécrit... Je suis seul à faire ça, mais des amis me donnent leur ressenti. Ensuite, je réalise le numéro pour voir si les figures sont possibles. Après, dans la tête, tout est magique, mais dès qu’on monte sur le mat, on se rend compte que des choses ne fonctionnent pas. Enfin, au cours des dernières semaines d’entrainement, pour que j’aie l’air vraiment léger dans le numéro, je mets des poids à mes chevilles et mes poignets afin que mon corps s’habitue à être plus lourd. Quand je retire ces lests, c’est moins difficile pour moi, et j’ai l’air plus léger.

Évoluer torse nu sur le mat, est-ce avant tout pour le show ?

[Rires.] Non, je m’entraine torse nu aussi. Mais ça a été difficile de m’y habituer. En fait, mon professeur m’avait dit : «  Entraîne toi torse nu, ça va te brûler, te faire des plaies et après ça fera de la corne ». Ça ne se fait pas du jour au lendemain, car ça brûle, on l’a vu à la demi-finale. Je me suis fait une brûlure en 2 minutes 30. Mes entraînements durent entre 2 et 4 heures par jour donc j’ai dix fois plus de ces brûlures-là par jour.

« Je suis en train de redescendre tout doucement, de me demander si tout ça est bien vrai... »

De vos trois prestations, laquelle avez-vous préférez ?

Celle de la finale. Elle est engagée, parle de moi, et parle aux enfants... Ce n’était pas un simple numéro de cirque pour montrer la technique.

Qu’allez-vous faire avec ces 100 000 euros ?

Je suis en train de redescendre tout doucement, de me demander si tout ça est bien vrai... Je ne sais pas du tout encore ce que je vais faire avec cet argent.

Êtes-vous également prêt à vous produire à Montréal sur la scène du Festival Juste pour rire ?

C’est d’avance une grosse préparation, un gros stress, mais aussi un gros plaisir.

Mardi prochain, vous allez rivaliser avec les sept autres vainqueurs des précédentes éditions. Vous sentez-vous prêt ?

Ça commence déjà me faire stresser ! Je vais mettre cette semaine à profit. Je n’ai pas du tout le temps d’aller faire la fête. [Rires.]