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Sinclair (Nouvelle Star 11) : « Je suis rarement satisfait du gagnant de Nouvelle Star »

Marion Olité
Publié le 04/12/2014 à 19:03 Mis à jour le 20/01/2015 à 11:14

C’est un des historiques de « Nouvelle Star », arrivé lors de la saison 6 du programme quand il était encore diffusé sur M6. Le chanteur et compositeur Sinclair se lance dans sa cinquième saison du télé-crochet aux côtés d’un jury en partie renouvelé. Il s’est confié à Toutelatele sur ce que lui apporte l’émission et ses nouveaux camarades de jeux.

Comment avez-vous vécu cette nouvelle saison, qui a vu arriver deux nouveaux membres du jury ?

Ça a été un vrai changement cette année. Ça se passe très bien. En même temps, je connais le programme, je sais ce qu’on y fait. J’avais peu de doutes sur le fait que ça ne se passe pas bien.

Connaissiez-vous Élodie Frégé et Yarol Poupaud avant l’émission ?

J’ai connu Élodie récemment, en travaillant avec elle sur le premier volume de « Gentleman Forever » que j’ai réalisé. J’avais dû la croiser peut-être une fois avant. Je connais mieux Yarol. On a débuté nos carrières quasiment ensemble. Je ne me suis pas posé trop de questions. Je me connais. Je sais comme je peux être chiant, avoir mes réticences et mes flips. Et ce n’est pas facile de plonger dans cet univers. Mais c’est un programme très bien produit, réalisé par des gens qui aiment leur métier. Après, on se demande toujours si on va tous s’entendre. J’ai vu passer deux jurys à Nouvelle Star, et il n’y avait pas de raisons que ça se passe mal.

Que pensez-vous de la prestation de Yarol Poupaud ?

Il était très sur la réserve au début, puis il a pris de la confiance au fil des émissions. Il est bien. Il a compris les enjeux, et c’est lui qui prend la place de méchant et de dur. Je vais pouvoir redevenir le gentil que j’ai toujours été (rires).

Qu’en est-il de Élodie Frégé, qui remplace Maurane ?

C’est très difficile de les comparer, car elles possèdent deux personnalités complètement différentes. Élodie a une forte sensibilité. Elle possède une sorte de réserve tout en étant un vrai sniper. Elle voit tout, comprend tout et sait immédiatement si ça va ou pas. On a tous fait de la scène. On partage tous une vraie complicité en tant que musiciens. On sait exactement ce qu’il se passe quand un candidat se met à chanter. On se comprend, comme un groupe.

« Yarol a pris la place du méchant. Je peux redevenir gentil ! »

Qu’est-ce que cela change pour le programme d’avoir pour la première fois un jury composé à 100% de musiciens ?

Ce n’est pas que du chant, du chant, du chant. Avec Nouvelle Star, j’ai l’impression qu’on est plus dans du vrai. L’émission a largement prouvé sa qualité. Elle met en avant des gens qui ont des choses à raconter. On les pousse à faire des choses esthétiques et bien faites. Cela a séduit des artistes qui n’auraient pas eu l’idée de venir, qui se disaient : « Moi, la télé, jamais  ». On a des gamins qui arrivent avec leur guitare et un univers déjà bien défini. Ils ne ressemblent pas du tout à des candidats de télé-crochet, plus à des mecs que l’on découvrirait dans des cafés-concerts ou des boîtes de disques indépendantes. C’est ça qui est intéressant, de voir des gens venir et qui se disent : « Je ne vais pas être trahi dans Nouvelle Star ». Cette année, on a des candidats un peu plus avancés que les saisons précédentes. D’ailleurs, ils sont plus âgés.

Est-ce qu’une simple belle voix aurait encore ses chances dans Nouvelle Star ?

Il y en a, mais quelqu’un qui ne connait pas la musique, et qui a juste une belle voix, n’ira pas très loin aujourd’hui, quoiqu’il arrive. Ça ne suffit plus. Il existe tellement d’outils qui permettent aux artistes de définir leur univers et de se préciser, et tellement de propositions différentes ! Si tu es juste interprète et que tu attends que quelqu’un fasse de toi un univers, tu es mort. C’est à la limite du service après-vente : il faut arriver avec quelque chose de construit. On le voit : ceux qui viennent juste avec une voix choisissent des morceaux un peu pourris. Ils sont plus paumés que les autres. Je ne dis pas qu’il suffit d’un instrument pour faire la différence. Mais ceux qui ont fait la démarche d’apprendre un instrument sont déjà dans la création. Ils se projettent un peu plus loin. Ce ne sont pas des divas qui attendent chez elles et se disent : « Moi, j’ai une voix, on va faire de moi un artiste ». Le format de Nouvelle Star a évolué et suit la tendance actuelle. Aujourd’hui, tu dois être un artiste pour faire ce métier.

Avez-vous regardé la concurrence comme The Voice ou Rising Star ?

J’ai tenté de regarder Rising Star (rires). À un moment, il y a beaucoup d’émissions de chant. Je pense qu’on est la seule émission sincère. On défend véritablement la recherche de talents. On n’est jamais bridé. Je ne veux pas critiquer les autres émissions. Chacune a sa façon de faire. Ce que je défends dans Nouvelle Star, c’est qu’on peut montrer les artistes tels qu’ils sont. On a une équipe artistique qui va les aider à se développer dans cet esprit là. Les primes de Nouvelle Star sont déments. Et on ne me dit jamais dans l’oreille ce que je dois dire.

« Je pense qu’on est la seule émission sincère »

N’avez-vous pas peur de faire la saison de trop de Nouvelle Star ?

Je n’ai pas du tout cette impression. Je pense que le jour où cela arrivera, tout le monde le sentira, pas seulement moi. Si j’arrête demain, c’est soit parce que j’en ai vraiment marre, soit parce que j’ai des projets persos qui m’empêchent de faire autre chose. Mais c’est une expérience démente, géniale, pour plein de raisons. Ça vous apprend à mettre des mots sur des émotions, à exprimer en peu de temps ce que vous ressentez. C’est à appliquer dans la vie en général. Avec Nouvelle Star, on est aussi confronté à la réalité de ce qui se passe en musique, aux tendances à venir. Ça fait mûrir. On voit des jeunes qui veulent chanter des chansons en français, qui n’en trouvent pas, et reprennent du Barbara, du Brassens. Je me dis c’est quand même bizarre. Et là, tu te dis, faudrait peut-être bosser mon vieux, écrire des chansons ! Nouvelle Star est un état des lieux de ce qui se passe dans la musique.

Quelles autres grandes tendances vous avez pu constater musicalement cette saison ?

On a vu beaucoup de candidats qui s’accompagnaient très bien à la guitare. On s’aperçoit qu’ils ont tous compris qu’il fallait se démerder tout seul pour exister. Je les trouve tous moins perdus, vraiment plus forts qu’il y a quelques années. Ils ont compris la télé, ils connaissent l’émission. Ils ont grandi avec les réseaux sociaux, et cette idée qu’il faut être son propre manager et auto-entrepreneur. C’est très intéressant. On est face à l’émergence d’un nouveau type d’artistes. Ils ont déjà leurs réseaux. Le chant est aussi meilleur qu’avant.

Êtes-vous resté en contact avec le gagnant de l’année passée, Mathieu Saïkaly ?

Pas du tout. Je suis resté en contact avec Yseult, qui est pour moi la gagnante. La victoire de Mathieu, je l’ai trouvé logique et très française. On se trompe souvent d’élu. Depuis des années, Nouvelle Star, c’est ça. Et en même temps, c’est le public qui vote, et il ne vote pas toujours en fonction de la musique, bien que sur D8, on est quand même revenu à un choix musical plus pointu par rapport à M6. Je suis rarement satisfait du gagnant de Nouvelle Star de toute façon.

Quels sont vos projets parallèlement à Nouvelle Star ?

Je viens de réaliser le deuxième album des « Gentlemen Forver », dans lequel je chante également. Je travaille avec d’autres artistes, mais c’est encore top secret, et j’écris pour moi.