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State of Affairs : une série féminine et feministe pour Katherine Heigl ?

Tony Cotte
Publié le 08/08/2014 à 13:02 Mis à jour le 04/07/2015 à 01:02

S’il est un pilote sur lequel les avis les plus tranchés ont été portés avant même ses premières images, c’est indéniablement State of affairs. Le retour sur petit écran de Katherine Heigl depuis son départ de Grey’s anatomy suscite de vives réactions.

En septembre 2013, NBC a ainsi passé commande du projet produit par Universal Television et Abishag Productions, la société de l’actrice et sa mère, à partir d’une idée de Hank Crumpton, ancien coordinateur dans la lutte antiterroriste sous George W. Bush, et de Rodney Faraon, ex agent de la CIA. Si une première version du scénario est confiée à Alexi Hawley (Body of Proof), celui-ci quitte sa fonction de showrunner au printemps, laissant le projet sans responsable. Joe Carnahan, chargé de réécrire le premier épisode, en assure la réalisation, mais ne peut prendre les commandes du programme étant lié contractuellement à The Blacklist. Tom Szentgyorgyi, principal producteur de The Mentalist lors de sa saison 7, est alors approché mais le renouvellement-surprise des enquêtes de Patrick Jane ont raison de son arrivée. C’est finalement à la fin du mois de juin qu’Ed Bernero, dont le curriculum vitae inclut Esprits criminels et Crossing Lines, devient officiellement le showrunner de State of Affairs après avoir été lié au projet dès sa commande par NBC. Un chassé-croisé qui n’a fait que donner crédit à une prétendue situation difficile en coulisse.

Il y a quelques semaines, à l’occasion d’une conférence pour la Television Critics Association, l’équipe de State of Affairs a rencontré la presse. L’échange a été relayé dans de nombreux médias pour un seul sujet précis : le caractère supposément « difficile » de Katherine Heigl. Celle qui a payé le prix d’avoir notamment considéré le film En cloque, mode d’emploi, pour lequel elle a tenu le premier rôle féminin, « un peu sexiste », revient sous les traits d’une agente de la CIA chargée de présenter le Presidential Daily Briefing (PDB) à la locataire de la Maison-Blanche, jouée ici par Alfre Woodard. Ce document résume les derniers rapports des services de renseignement à travers le monde. Mais l’héroïne, Charleston Tucker, a un lien particulier avec la Présidente des États-Unis : celle-ci n’est autre que la mère de son ancien fiancé, tué lors d’une attaque terroriste à Kaboul. Les deux femmes sont prêtes à tout pour se venger, tout en essayant de faire leur deuil. Depuis cet événement tragique, Charleston, sur le terrain au moment des faits, souffre d’un trouble de stress post-traumatique qui n’est pas sans conséquence sur sa vie personnelle. Le rôle évoque sur certains aspects celui de Veronica Flanagan dans Mercy, incarnée par Taylor Schilling.

L’héroïne profite ici de son temps libre accoudée aux comptoirs de bars. Et quand elle n’est pas victime de slut-shaming, sa psychologue considérant même son attitude comme « irréfléchie », elle doit faire face au mépris de ses confrères. Sa « faute » ? Être perfectionniste et occuper un poste à responsabilités, certains la surnommant PITA (« pain in the ass », traduisible par « emmerdeuse »). La synchronie entre l’évolution d’une femme déterminée dans un milieu majoritairement masculin et le sexisme Hollywoodien dont est victime Katherine Heigl confère à State of Affairs un second degré de lecture intéressant. Mais la série n’a pas forcément pour vocation à être un vibrant plaidoyer féministe et reste un divertissement dans l’air du temps avec un complot dessiné en toile de fond. De là à faire l’analogie avec Scandal et autre The Blacklist, il y a un fossé. D’aucuns le franchiront avec aisance.

 Diffusion US : Dès le 17 novembre sur NBC

 Mise à jour : Ce 15 août, Entertainment Weekly annonce le départ d’Ed Bernero en tant que showrunner à la suite de différends artistiques avec le producteur et réalisateur du pilote Joe Carnahan.