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Stéphane Bern (Eurovision 2015) : « Les Français aimeraient que l’Eurovision disparaisse… »

Par
Rédacteur TV - Expert Eurovision
Publié le 22/05/2015 à 20:05 Mis à jour le 26/05/2015 à 01:15

À son arrivée, ce féru d’Histoire a été frappé par la métamorphose de la capitale autrichienne : « Vienne est aux couleurs de l’Eurovision : les bus, les trams, les affiches… C’est assez beau à voir. La ville est très heureuse de retrouver son rang à l’époque des Habsbourg, ou lorsqu’en plein cœur de la Guerre froide, elle était un point de passage entre les deux côtés du rideau de fer. » Comme toujours, le propos est documenté. Mais samedi 23 mai au soir, « l’idée n’est pas de faire un cours, j’ai horreur de ce qui est docte et prétentieux », tente-t-il de nous rassurer. « Notre mission cette année sur France 2, c’est de redonner le goût de l’Eurovision aux Français. En 60 ans, l’Europe a été métamorphosée, des pays ont éclaté. L’influence de la France, l’un des fondateurs, s’est réduite. »

« Chez nous, les médias sont tellement cyniques et méprisants de la culture populaire » (Marianne James)

À ses côtés, Marianne James acquiesce : « Les pays du Nord ou de l’Est se votent entre eux par tradition, ils sont très fraternels. Nous, malheureusement, nous ne le sommes pas assez avec nos voisins, probablement parce que nous sommes considérés comme des snobs. » Elle jette un pavé dans la mare : «  Si la France avait à organiser l’événement, serait-elle aux couleurs de l’Eurovision ? Chez nous, les médias sont tellement cyniques et méprisants de la culture populaire. Certains chroniqueurs radio et télé se sont bien lâchés sur Lisa et sur la chanson... »

Pour Stéphane Bern, les 38 années sans victoire y sont pour beaucoup : «  Je pense que si la France gagnait, on les retournerait comme des crêpes !  » En attendant, les commentaires jugeant la compétition ringarde perdurent : « Parfois, j’ai le sentiment que les Français aimeraient que l’Eurovision disparaisse. C’est un phénomène courant de dénigrer les symboles, les valeurs. Une fois qu’on aura tout détruit, que restera-t-il ? Nos larmes pour pleurer et regretter. »

« 200 millions de téléspectateurs regardent le show dans le monde entier. Et nous, on s’en moque ! On se tire une balle dans le pied… » (Stéphane Bern)

En Europe, les critiques à l’égard du Concours sont plutôt rares : « J’ai connu Oslo [la capitale norvégienne a organisé l’Eurovision en 2010, NDLR] avec Cyril Hanouna, c’était la folie. En Suède, c’est incroyable aussi… » L’engouement dépasse même les frontières du continent. Cette année, l’Australie a été invitée à participer et la Chine retransmet l’évènement. « 200 millions de téléspectateurs regardent le show dans le monde entier. Et nous, on s’en moque ! On se tire une balle dans le pied… »

Au micro, le présentateur de Secrets d’histoire et Comment ça va bien est résolu à changer la donne : «  Moi, j’essaie de défendre des chefs-d’œuvre en péril ! L’Eurovision, c’est une tradition à préserver. C’est plus qu’un divertissement : c’est un événement qui fédère les Européens. Pour une fois qu’on parle d’Europe autrement qu’à travers les lois imposées par Bruxelles !  »

Les téléspectateurs seront-ils au rendez-vous ? Si TF1 semble avoir baissé la garde en programmant une soirée Money Drop, France 3 dégaine un nouvel épisode de sa collection à succès : Meurtres au Mont Ventoux. Mais Stéphane Bern espère réunir « 4 millions » d’amateurs. « S’il faut un meurtre pour qu’on l’emporte, il y aura « Meurtres à l’Eurovision », dans l’escalier qui mène aux cabines commentateurs !  » Marianne James est prévenue : jusqu’à 20h59, elle va devoir surveiller de près son partenaire…