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Stéphanie Vola (productrice de Vu à la télé) : « On ne s’interdit rien. M6 ne nous a posé aucune restriction »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 18/10/2014 à 17:41 Mis à jour le 25/11/2014 à 20:32

M6 met à l’antenne le samedi 18 octobre la nouvelle émission Vu à la télé, où les réactions des familles sont filmées face à leur téléviseur. Véritable pari pour l’access prime time de la chaîne privée, l’émission est adaptée du format anglais à succès Gogglebox, qui a multiplié par 4 ses audiences entre le premier épisode et le final de la saison 3. Stéphanie Vola, productrice de l’adaptation française chez Coyote, est revenue pour Toutelatele sur les spécificités du programme.

Benjamin Lopes : Comment s’est déroulée l’adaptation française du format Gogglebox pour M6 ?

Stéphanie Vola : Les équipes de développement de Coyote ont repéré ce format et ont contacté le Studio Lambert (producteur britannique original, ndlr) pour leur dire qu’ils étaient intéressés. Le réseau Sparks, qui regroupe une trentaine de producteurs indépendants et dont Coyote et le Studio Lambert, nous a permis d’avoir la primeur sur le format. Quand nous avons pris les options, M6 nous a expliqué qu’ils étaient intéressés, et on a décidé de travailler avec la chaîne.

La version britannique connait un succès progressif depuis 2013. Comment expliquez-vous ce plébiscite grandissant ?

Je pense que c’est une émission qui parle aux gens. Il est assez rare qu’on laisse au public une telle libre parole en instantané. Les Anglais se sont énormément attachés aux familles. La presse a également beaucoup contribué à faire parler de l’émission. C’est agréable de voir des gens rire ou pleurer, car on se voit un peu devant la télévision quand on regarde Vu à la télé.

L’émission a réellement décollé en Angleterre après une dizaine de numéros. M6 va-t-elle vous laisser autant de temps d’installer cette nouvelle marque en access ?

C’est un peu prématuré pour en parler. M6 a pris le pari avec nous de lancer une nouvelle émission avec un ton nouveau. On sait qu’on prend un risque et nous travaillons ensemble. Je pense qu’on va se donner le temps d’installer tout ça.

« En moyenne, Vu à la télé traitera huit émissions par numéro »

Le paysage audiovisuel anglais compte beaucoup plus d’émissions emblématiques que la France. Ne craignez-vous pas de faire rapidement le tour du PAF ?

Je ne pense pas, car nous avons plusieurs programmes forts. On a par exemple beaucoup plus de magazines de société et des documentaires qui sont très regardés dans nos foyers, ce que n’est pas forcément le cas des Anglais. Après, ça va être à nous de trouver les programmes qui intéressent les Français. On alternera entre les formats phares et les émissions à découvrir.

Quelles émissions pourront être sélectionnées pour passer dans Vu à la télé ?

Étant donné que nous tournons avec les familles à la sortie du travail, c’est-à-dire après 18 heures, on s’est dit qu’on allait prendre les programmes à partir de ces horaires là. Des émissions de toutes les chaînes de télévision seront proposées.

Même Touche pas à mon poste sur D8 ?

Oui, par exemple.

Est-ce à dire qu’il sera possible de retrouver tous les genres de programmes ?

Il pourra y avoir des séries étrangères, des JT, des divertissements, et des jeux, même s’ils sont diffusés de manière un peu plus évènementielle en France. En moyenne, Vu à la télé traitera huit émissions par numéro.

Partie 2 > La sélection des familles et son avis sur la censure


Comment avez-vous sélectionné les familles ?

On est parti de zéro par rapport à la version anglaise et on a cherché ce qui correspondait le plus à la France. On a essayé de trouver des familles attachantes, qui avaient envie de partager cette expérience et s’amuser.

Les familles sont très bavardes. Leur donnez-vous des directives en ce sens ?

On a choisi des familles qui parlent énormément en regardant la télévision. On ne veut surtout pas les pousser à parler plus qu’ils ne le font habituellement. Et finalement, ils le font naturellement.

Jusqu’où peut aller la critique des téléspectateurs ?

Pour l’instant, on ne s’interdit rien. On va respecter les règles du CSA déjà. On ne s’interdit pas d’être corrosif et à l’inverse de modérer certains propos parfois. Il s’agit d’ajustements que l’on va faire au fur et à mesure du montage.

Vu à la télé est diffusé le samedi sur M6. Jusqu’à quand réalisez-vous les tournages des numéros hebdomadaires ?

On va essayer de coller au maximum à la diffusion sur M6, c’est-à-dire du samedi au vendredi. Il y aura forcément des programmes que l’on ne pourra pas faire, mais on va essayer d’aller au plus proche de la diffusion. Pour l’instant, on ne s’interdit rien. Après, c’est un exercice en flux tendu et nouveau. Nous procéderons sûrement à des ajustements avec M6 au fur et à mesure.

« On ne s’interdit pas d’être corrosif »

L’émission a progressé tout au long des épisodes en Royaume-Uni. Channel 4 a-t-elle procédé à ses ajustements ou a-t-elle gardé la même ligne éditoriale ?

Nous avons eu des discussions avec les producteurs anglais et les audiences de l’émission sont en partie dépendantes de l’actualité. Ils ont donc rajouté de plus en plus d’information, car ça permettait d’être très réactif. Globalement, ils n’ont rien changé. Ils ont affiné leur choix de programme, mais il n’y a rien eu de majeur dans la structure même de l’émission.

Avez-vous conservé la même architecture de production que les versions internationales ?

Tout à fait. La voix off reste également factuelle dans Vu à la télé. Elle est là pour resituer les programmes, mais pas pour commenter ce qu’ils regardent.

Channel 4 joue le jeu à fond en Angleterre et indique les audiences de la concurrence. M6 vous permet-elle de le faire ?

M6 ne nous a posé aucune restriction là-dessus. Coyote a donc carte blanche.

Vu à la télé fonctionne très bien en Angleterre, en Belgique, un peu moins bien aux Pays-Bas et les audiences sont mitigées aux États-Unis. Ce format est-il réellement universel ?

Aux États-Unis, la chaîne Bravo a pris le parti de faire une émission plus orientée vers la comédie. C’est quelque chose de très différent. Pourtant, une saison 2 a été signée. Il ne faut pas oublier que l’émission a mis du temps avant de réellement décoller au Royaume-Uni.