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Steven S. DeKnight (Daredevil) : « Joss Whedon est un parfait entraîneur pour les futurs showrunners »

Tony Cotte
Publié le 20/06/2015 à 18:04

Scénariste, producteur et réalisateur apprécié du petit écran, Steven S. DeKnight a fait ses armes sur Buffy contre les vampires, Smallville ou encore Angel. Des expériences qui lui ont permis d’atteindre le haut de l’échelle hiérarchique et avoir la responsabilité de la franchise Spartacus. En mai 2014, il profite du départ de Drew Goddard pour le remplacer au pied lever à la tête de la série Daredevil sur Netflix. Une tâche délicate sur laquelle il revient pour Toutelatele...

Tony Cotte : Avant de prendre les commandes de Spartacus, vous avez fait vos armes sur plusieurs séries de Joss Whedon. Que vous a-t-il apporté ?

Steven S. DeKnight : J’ai tant appris à ses côtés. C’est grâce à lui que je sais comment diriger une série aujourd’hui. Il est un parfait entraîneur pour les futurs showrunners puisqu’il fait appel à vous pour participer à toutes les étapes : que ce soit en salle de montage, lors des castings, sur les plateaux de tournage ou encore en étant présent lors des différentes réunions. Sur un plan purement artistique, il nous répétait que la clarté et les émotions étaient les maîtres-mots dans le processus de création. Quand vous écrivez un script, il doit être clair et on doit pouvoir comprendre ce que les personnages ressentent. C’est une priorité.

En tant que showrunner de Daredevil, quelle a été la principale difficulté au cours de la première saison ?

Quand je suis arrivé sur ce projet, nous étions à dix semaines du premier clap et nous n’avions que trois scénarios écrits. Aucun acteur n’avait été casté, ni même les équipes en coulisse. Ça a été une quantité de travail importante dans un laps de temps très court. Heureusement, j’étais familier avec l’univers de Daredevil, je n’ai pas eu besoin de passer des semaines à lire tous les comics.

En ces conditions, comment appréhende-t-on la production d’une saison 2 ?

C’est toujours délicat quand un programme à succès est de retour après une première salve d’épisodes. La pression est plus grande et il y a la tentation de reproduire ce qui a été fait. Mais cela n’est jamais une bonne idée : il est primordial de partir sur de nouvelles bases.

« Avec Netflix je peux prendre mon temps et raconter une histoire longue et complète »

Quel est l’avantage de travailler avec une plateforme comme Netflix ?

Proposer tous les épisodes d’un coup est, à mon sens, une idée fantastique. Le « Binge watching » semble être la nouvelle façon de consommer la télévision. J’ai souvent entendu des personnes dire qu’elles attendaient habituellement la diffusion de six ou sept épisodes à l’antenne pour les enregistrer et tous les regarder à la suite. En tant que créateur, la construction d’une fiction comme Daredevil équivaut à faire plusieurs films. Je peux ainsi prendre mon temps et raconter une histoire longue et complète.

Quelles ont été vos principales influences lors du processus de création ?

On parle souvent de The Wire avec l’équipe ; nous en sommes tous fans. Sur un plan plus personnel, j’ai puisé mon inspiration dans les films classiques new-yorkais des années 70 : Taxi driver, Un après-midi de chien (Dog Day Afternoon), Conversation secrète (The conversation), French connection...

Vous avez été à la tête des séries Spartacus. Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre travail ?

Quel que soit le programme dont vous avez la charge, il y a toujours de la pression. Travailler sur Spartacus a été une importante source de stress. Mais la construction des épisodes est différente que sur les networks. C’est l’avantage du câble : vous n’avez pas la même écriture en acte pour correspondre aux coupures publicitaires. On peut prendre notre temps. Avec la chaîne Starz, je n’avais aucune limite dans la représentation de la violence, et même celle de la sexualité. Je ne peux évidemment pas faire la même chose avec Daredevil, car ça ne s’y prête pas vraiment. Je n’en reste pas moins libre en tant que créateur pour Netflix.