Toutelatele

Sylvie Jenaly (Super Nanny, NT1 / TF1) : « J’agis beaucoup plus sur les parents que sur les enfants »

Léopold Audebert
Publié le 26/08/2016 à 17:46

Les transferts de programmes ne sont pas rares au sein du groupe TF1. Mais si les arrivées d’émissions de la Une au sein des grilles de ses petites soeurs sont fréquentes, aucune n’avait, jusqu’à présent, effectué le chemin inverse. À compter de ce samedi 27 août, Sylvie Jenaly, alias Super Nanny, relève ce nouveau défi. Forte de ses bonnes audiences sur la TNT, la célèbre nounou prend désormais part au dispositif des samedis après-midi de TF1, tout en conservant son créneau hebdomadaire du vendredi sur NT1. Rencontre avec celle qui, depuis trois ans, continue de prodiguer ses conseils éducatifs à de nombreuses familles.

Léopold Audebert : Avant son arrivée sur TF1, chaque samedi à compter de 16 heures dès ce 27 août, Super Nanny a investi, depuis le mois de mars dernier, les soirées du vendredi soir de NT1. Auparavant diffusée tous les lundis soirs, quel regard portez-vous sur cette nouvelle exposition ?

Sylvie Jenaly : Je ne me rends pas bien compte de tout cela. Les audiences sont surtout gérées par la chaîne et par la production. Ce qui est important pour moi, c’est que les échos sont gratifiants et me donnent envie, évidemment, de continuer. Au travers de l’émission, je m’aperçois que les téléspectateurs s’approprient vraiment les conseils, en les adaptant à leurs propres problématiques. J’espère qu’elle durera encore longtemps, mais, en tout cas, je m’épanouis encore et j’aime beaucoup ce que je fais. C’est fantastique !

Il n’est certainement pas rare que de nombreux parents vous reconnaissent en dehors des tournages et vous approchent afin de vous demander des conseils quant à leur propre situation familiale…

Je suis toujours très touchée quand on vient me trouver, dans la rue ou même dans ma vie privée. Mais j’explique souvent qu’il est très compliqué pour moi de répondre aux interrogations sans connaître la situation et la personnalité de ces familles. Je pars effectivement du principe que chaque être est unique et qu’il n’y a pas de méthode globale et universelle pour tout le monde. Sinon, on aurait écrit un bouquin depuis très longtemps ! (rires) Parfois je préfère donc, et cela me fait de la peine, ne pas répondre. Aussi parce que je pourrais me tromper et que la situation pourrait alors être potentiellement pire. Je leur dis alors : « Peut-être pouvez-vous appeler la production et participer à l’émission ? » (rires)

« Il n’y a pas de méthode globale et universelle pour tout le monde »

Toutefois, vous êtes particulièrement active sur les réseaux sociaux. En quoi ce lien avec votre public est-il important à vos yeux ?

Bizarrement, j’ai besoin de ce contact avec les gens. Pourtant, j’ai une vie équilibrée, une famille, des amis ; je n’ai pas besoin d’ « amis Facebook » ! (rires), Mais, parfois, je me sens presque obligée de répondre à des gens parce que, justement, c’est un juste retour des choses. Ils regardent l’émission : je ne peux pas les snober. De temps en temps, je me dois aussi de les faire participer, un peu, à ma vie privée. Je publie alors des photos de moi sans le costume de Super Nanny.

Cette « double identité » n’est-elle pas, parfois, complexe à vivre et à gérer au quotidien ?

Au départ, tout le monde était un petit peu étonné, parce qu’on s’imagine souvent je suis tel que l’on me voit à l’écran jour et nuit, et trois cent soixante-cinq jours par an ! (rires) A la télévision, je crois que Super Nanny est la seule émission où l’on retrouve un personnage de fiction qui n’existe pas, au travers de vrais problèmes, de véritables familles et de réelles personnalités. Les gens me prennent donc un peu pour un super héros parce que l’émission s’appelle Super Nanny. Mais je suis comme tout le monde ! (rires)

Le personnage de Super Nanny répond effectivement à certaines exigences d’ordre esthétique. Pour vous, n’a-t-il pas été trop déconcertant d’intégrer ce format très atypique ?

J’ai toujours plus ou moins porté des uniformes. Avant Super Nanny, j’en avais dans mon école, de même que durant ma vie de gouvernante. Pour moi, l’apparence n’est pas vraiment importante. Je n’ai pas envie de ressembler à n’importe quoi, évidemment, mais, sur les tournages, il n’y a pas de maquilleuse, pas de coiffeuse : je me débrouille toute seule. Je n’ai pas d’exigence par rapport à cela. Je fais d’abord mon travail, avec une certaine présentation à avoir.

Finalement, votre couleur préférée est-elle le rouge ?

Non. (rires) J’aime le rouge, qui est une couleur vive représentant, dans certains pays, la fête. Mais je n’ai pas demandé à ce que cette couleur soit associée à Super Nanny. On aurait pu me mettre du vert, du jaune, du bleu, peu m’importe ! (rires)

« Sur les tournages, il n’y a pas de maquilleuse, pas de coiffeuse : je me débrouille toute seule »

D’où vient cette passion pour les enfants, l’éducation et le rapport à l’autre ?

Je ne sais pas. Je pense qu’il s’agit de quelque chose d’inné. Je sais que, pour moi, l’être humain est important. J’ai foi en lui, malgré tout ce qui se passe actuellement, dans le monde entier. Peut-être que ce que je fais est une goutte d’eau dans un océan immense, mais j’y crois. Finalement, j’avais aussi choisi le métier de gouvernante d’enfants, de gouvernante générale et de maternity nurse pour apporter quelque chose aux autres. Ce qui ne m’empêche pas, parfois, d’être aussi égoïste, et de penser à moi, comme tout le monde ! (rires)

En raison de votre passé professionnel, votre style n’est pas le même que d’autres animateurs ou journalistes, ayant à leur actif de nombreuses années d’expérience télévisée. Aujourd’hui, comment définiriez-vous votre ton ?

Même si maintenant j’en fais partie, il est clair que je n’ai pas fait ma carrière à la télévision. Si je m’arrête demain, je peux faire dix-mille choses ! Ce n’est pas extrêmement grave. Je le vois aussi chez les autres. Je pense à Stéphane Plaza, à Philippe Etchebest : ce sont des gens qui restent eux-mêmes, naturels, et cela fonctionne bien. Je n’ai pas copié : je suis juste à l’écran tel que je suis dans la vie. On n’adhère ou on n’adhère pas, ce n’est pas extrêmement grave pour moi ! (rires) Je fais ce que j’ai à faire avec le maximum de transparence, d’honnêteté, de passion et d’intelligence.

Super Nanny est par essence associée aux enfants. Mais le coaching des parents apparaît toujours primordial dans vos méthodes…

Je commence toujours par là. Dans l’émission, ce n’est pas forcément visible, mais, durant le tournage, je peux vous assurer que j’agis beaucoup plus sur les parents que sur les enfants. Je leur montre comment agir avec les enfants, car je n’ai que peu de temps, et qu’il faut que j’aille droit au but. Il est évident qu’il faut commencer par la base : les accompagnants, les encadrants...

Se remettre en question lorsque l’on est parent ne doit pas être chose aisée dans certaines situations complexes, d’autant plus lorsqu’une personne externe à la famille, telle que Super Nanny, contribue à cela. N’est-ce pas parfois éprouvant d’essayer de leur faire prendre conscience de leurs erreurs ?

Il arrive que ce soit compliqué. Mais ce n’est pas grave : on se pose, on respire. Forcément, il faut que je fasse table-rase de tout et je suis obligé de leur montrer leurs erreurs afin qu’ils comprennent ce qui ne va vraiment pas. Sans vouloir les humilier, bien évidemment, je n’ai pas trouvé d’autres méthodes pour qu’ils se rendent compte de la situation que celle-ci : « Voilà ce que vous faîtes. Voilà ce que je vous propose. On essaye. Ça marche et ça vous plaît, tant mieux. Vous ne voulez pas ? Il n’y a pas de problème. Ce ne sont pas mes enfants, ce n’est pas ma famille ». Je n’oblige jamais à rien. Je pousse, j’essaye de grappiller comme je peux afin de chercher, avec les parents, le déclic.

« Je n’oblige jamais à rien. Je pousse, j’essaye de grappiller comme je peux afin de chercher, avec les parents, le déclic »

D’où l’importance accordée à la phase d’observation ?

Je ne pourrais pas travailler sans ces jours où je m’imprègne de leur personnalité, de leur façon de faire, des réactions des enfants par rapport aux parents, de celles des enfants vis-à-vis des parents, etc. C’est une mécanique humaine assez compliquée ! (rires)

En raison de la charte du programme, Super Nanny a plutôt tendance à s’occuper des petits. À l’instar d’autres émissions telles que Pascal, le grand frère, pourriez-vous aider des familles rencontrant des difficultés avec des adolescents ?

Je ne vais pas refuser une famille parce qu’il y a des préadolescents ou des adolescents ; ils sont donc parfois présents dans les fratries. Je serais extrêmement déçue si on en arrivait là. Mais même si je devais uniquement m’occuper d’adolescents, ce ne serait pas un problème pour moi. Je m’occupe bien des parents ! (rires)

Parallèlement à votre vie télévisée, vous êtes très investie dans la lutte contre le cancer pédiatrique en tant qu’ambassadrice de l’association Gueriduncancer...

Pour moi, Gueriduncancer est devenue indissociable de Sylvie et, par le force des choses, de Super Nanny, puisque l’image y est impliquée. Elle me tient extrêmement à cœur. La discussion a été longue concernant le choix de l’association : évidemment, quand on devient une personnalité publique, on est sollicité par de nombreuses personnes. Mon choix s’est porté vers Gueriduncancer, qui prône l’espoir et qui crie haut et fort qu’on ne peut pas se scier au cancer pédiatrique, complètement différent des cancers d’adultes. En tant qu’ambassadrice de l’association, je me suis beaucoup intéressée à la question, aussi parce que je l’ai vécu dans ma famille. On ne le dit pas assez, mais 80% des enfants arrivent à une rémission. Alors, il en reste 20%, effectivement… Et, bien évidemment, nous œuvrons aussi pour eux.

Grâce aux fonds récoltés, qu’arrivez-vous à mettre en place ?

Parmi tout ce que nous arrivons à réunir, au travers de dons et d’actions que nous mettons en place, une partie sert à améliorer le confort des familles, des hôpitaux, mais aussi à développer la recherche. De même, nous souhaitons mettre des étoiles dans les yeux des enfants en voie de rémission, ayant donc la possibilité de sortir de l’hôpital. Nous les emmenons alors voir des matchs de football, ou encore des répétitions et des directs de The Voice. Je suis extrêmement heureuse de mettre la « notoriété » de Super Nanny au service d’une belle cause. J’ai horreur du pathos, et l’aspect positif de Gueriduncancer me ressemble complètement. J’espère donc participer prochainement à une édition de Qui veut gagner des millions ? pour cette association ! (rires)