Sylvie Tellier (DG de Miss France 2016) : « Je n’ai pas envie que les petites filles pensent qu’il faut montrer ses seins pour devenir Miss »

Joshua Daguenet : Vous avez remporté l’élection de Miss France il y a treize ans, et vous dirigez le concours depuis huit ans. Pendant toutes ces années, quels changements avez-vous constatés ?

Sylvie Tellier : Il y a eu énormément d’évolutions. Moi, je me suis présentée à l’élection de Miss France, en décembre 2001. Le concours d’aujourd’hui ne ressemble pas à celui de cette année-là car les jeunes femmes sont beaucoup plus entourées et préparées. Concernant le programme, les décors, la musique, les chorégraphies sont plus nombreuses. Aussi, la personnalité de la Miss est bien mieux mise en avant, elle n’est plus simplement une jeune femme avec une écharpe. Devenir Miss n’est pas un métier, c’est une parenthèse. On les encadre pour faciliter leur reconversion, même si aujourd’hui, beaucoup reprennent leur étude comme c’est le cas pour Camille Cerf. Cette dernière est d’ailleurs engagée pour la lutte contre le cancer, c’est important que les gens sachent ce genre de choses.

Pour vous, qu’est-ce qui fait une bonne Miss ?

C’est un concours de beauté donc elles doivent être jolies, même si l’aspect est très subjectif. Il faut par ailleurs, aimer les gens, être curieux, aimer voyager et être adaptable. Adaptable à l’actualité, à l’environnement, aux gens. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, nos Miss sont passées aux rayons X, il faut savoir les utiliser et savoir s’en méfier.

Pourquoi aujourd’hui, le programme accorde-t-il tant d’importance au niveau d’études des Miss sélectionnées ?

C’est marrant ce que vous me dites... Regardez Camille, elle a été élue à 19 ans, elle était en première année. Idem pour Flora Coquerel l’an passé. Le sentiment qui ressort est qu’elles sont très diplômées, mais elles ont juste de l’ambition. À leur âge, elles ne peuvent pas avoir un bagage de diplômes, mais si les gens le perçoivent ainsi, alors tant mieux.

« Jean-Paul Gaultier représente tout ce que doit être une Miss France »

Le concours tend à moderniser l’image de la femme. Que faudrait-il faire en plus pour obtenir l’égalitarisme entre les deux sexes ?

C’est une question de société. Je ne sais pas si le but du concours de Miss France est de moderniser l’image de la femme. Il est là avant tout, pour divertir les gens et envoyer du rêve. D’ailleurs, des féministes combattent le concours Miss France, dénonçant qu’on réduit l’image de la femme à du papier glacé. Mais bien au contraire, on donne la parole aux Miss et à travers cette élection, j’ai pu dénoncer la Charria, m’opposer à la lapidation d’Amina Lawal aux côtés d’Amnesty International... Camille Cerf, cette année, a récupéré des milliers d’euros pour une association luttant contre le cancer, car elle a perdu son papa il y a quelques années. Miss France permet également d’aider les gens et faire bouger les choses.

À New York, les femmes sont autorisées à se promener seins nus. Le concours Miss France est très sévère par rapport aux photos dénudées, n’est-ce pas une contradiction dans ce combat égalité hommes/femmes ?

Pour moi, exposer sa poitrine doit-être un choix, mais je ne veux pas que cela soit encouragé. Je n’ai pas envie que les petites filles pensent qu’il faut montrer ses seins pour devenir Miss. La liberté est une chose, mais elle doit-être personnelle.

Jean-Paul Gaultier est le Président du jury cette année. Que représente-t-il pour vous ?

Jean-Paul Gaultier a signé son dernier défilé de prêt-à-porter avec un clin d’œil à l’élection Miss France et je l’en remercie. Il est avant tout quelqu’un d’humble, d’accessible et sympathique. Il représente tout ce que doit être une Miss France. Jean-Paul Gaultier ne se prend pas la tête, il garde cette simplicité que tout le monde doit avoir, quel que soit son métier.