Tarek Boudali (Kader dans En famille, M6) : « C’est con d’être réaliste ! J’ai envie de continuer à rêver, vraiment ! »
Drôle, maladroit, attachant... Depuis le début de l’été 2012, Tarek Boudali amuse les téléspectateurs de En famille, avec son personnage, Kader Bengazawira. À l’occasion de la diffusion de la cinquième saison inédite du programme court, rencontre avec l’acteur qui, après être revenu sur son expérience au sein de la série, s’est confié sur son travail à la télévision et au cinéma (Babysitting, Babysitting 2…)
Léopold Audebert : Cela fait maintenant cinq saisons qu’En famille est diffusée chaque été sur M6, pour le plus grand plaisir des téléspectateurs. En tant qu’acteur, comment définiriez-vous ces différentes années ?
Tarek Boudali : Cinq ans de bonheur, franchement ! Quand on avait signé pour la première saison, on n’aurait jamais imaginé que la série allait aussi bien marcher, et qu’il y aurait quatre autres salves derrière. On s’éclate, et on se renouvelle chaque année. Il y a un vrai travail des auteurs pour que ça ne tourne pas en rond, parce que ça peut vite lasser les gens. Et, pour l’instant, ça n’est pas le cas, et ils en redemandent encore. D’ailleurs, quand on les croise dans la rue, ils nous félicitent : ça fait chaud au cœur ! Et on nous demande quand la série revient, donc c’est vraiment cool. Au bout de cinq ans, que le public en demande encore, c’est très agréable.
Au fur et à mesure des saisons, comment parvenez-vous à ne pas lasser le public ?
On est extrêmement attentif à ça. Les auteurs font un vrai travail. Ils essaient de se renouveler, de trouver d’autres pistes sur lesquelles travailler par rapport aux différents personnages. L’idée est de pouvoir apporter d’autres situations : que ce soit cocasse, dans l’émotion ou dans le burlesque. De notre côté, en tant qu’acteurs, on a le droit d’apporter des choses supplémentaires !
Qu’avez-vous, par exemple, proposé pour votre personnage ?
Les animaux ! (rires) Je faisais ça pour faire rire mes potes ! Je l’ai fait dans En famille et dans Babysitting ; les gens aiment bien ! (rires) Sur le plateau, on improvise aussi beaucoup. Que ce soit la réalisation ou la production, tout le monde est très ouvert. Ils sont même assez friands de ça. En fait, il y a un texte qui, de base, est déjà drôle. Après, on peut sortir des lignes. On garde, ou pas : mais on est à l’aise pour faire des propositions.
« Il y a un point commun avec Babysitting : la sincérité »
Parallèlement à En famille, vous être notamment connu du grand public pour votre rôle de Sam dans Babysitting et Babysitting 2. Selon vous, quelle est la principale différence entre la télévision et le cinéma ?
Dans les deux cas, c’est beaucoup de travail, mais ce n’est pas la même approche. Quand, dans le métier, on parle de terme de minutage, ça signifie que, dans En famille, on doit faire douze minutes « utiles » par jour de tournage. Ce qui est énorme ! On n’a pas l’impression comme ça, on se dit qu’on arrive à midi et qu’on repart à midi douze, mais non. Ça signifie qu’on doit réussir à mettre en boîte douze minutes qui seront diffusables à la télé. Ce qui correspond, à peu près, à dix pages de textes par jour. Au cinéma, c’est plus trois minutes « utiles » par jour. Soit quatre fois moins qu’à la télévision. Mais ça prend plus de temps avec les lumières, les décors naturels, etc. Finalement, je trouve que la télévision et le cinéma sont complémentaires !
En quoi la série a-t-elle été une étape importante dans votre carrière ?
En famille a permis de me faire découvrir au public. A l’époque, il n’y avait pas encore les Babysitting. Pour le premier volet, quand on faisait la tournée des avant-premières, il y avait énormément de monde qui venait pour me voir, parce que les gens m’avaient vu dans En famille. Ça fait vraiment chaud au cœur.
Selon vous, quel est l’atout majeur de votre groupe d’acteur sur M6 ?
Il y a un point commun avec Babysitting : la sincérité. Quand les comédiens s’aiment, ça transpire à l’écran, et je pense que les gens le voient, et que rien que ça leur esquisse un petit sourire.
La sixième saison d’En famille a, d’ores et déjà, été officialisée. En tant qu’acteur, est-ce un confort particulièrement important ?
Bien sûr. On ne sait pas de quoi demain est fait. En même temps, c’est aussi ce qui fait le charme du métier. Je n’aime pas la routine et j’ai toujours voulu faire ça depuis que je suis gamin. Après, pour être honnête, j’ai eu des périodes très compliquées. Avant En famille, on venait de sortir de Canal+ avec mes potes Philippe Lacheau et Julien Arruti, avec qui on a fait Babysitting 1 et 2, et on a eu une période creuse où, justement, on avait écrit le premier volet, et personne ne le voulait. Pendant près de deux ans, on ne travaillait plus. On n’avait plus de rentrées d’argent. Avec les économies qui fondent au fur et à mesure… On s’est même posé des questions : « Est-ce qu’on continue ? », « Est-ce qu’on va chercher un boulot ? », etc.
« S’il n’y avait pas eu la série ou Babysitting, j’aurais fait autre chose de ma vie »
Quel regard portez-vous sur votre métier ?
Pour moi, en ce moment, tout va bien, c’est cool. Mais je suis conscient que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Après, je peux retomber dans une période où plus rien ne va, etc. Ce n’est pas évident. Je pense souvent aux milliers de super comédiens sur Paris et partout en France, à qui on ne donne pas leur chance. Il y en a plein qui pourraient avoir une carrière énorme, mais qui, puisqu’on ne leur propose rien, ou étant donné que c’est difficile d’accéder à tel ou tel projet, se retrouvent à faire autre chose de leur vie. J’y pense à chaque fois. S’il n’y avait pas eu En famille ou Babysitting, j’aurais fait autre chose de ma vie.
Avez-vous pensé, durant cette période, à arrêter votre carrière de comédien et d’acteur ?
Au bout d’un moment, il faut se nourrir et remplir le frigo. Même avec toute la bonne volonté du monde, après deux ans sans argent, il faut être réaliste… Mais c’est con d’être réaliste ! J’ai envie de continuer à rêver, vraiment !