The Killing : une saison 1 brillante et addictive
Le remake américain (The Killing US, diffusée sur Paris Première) aura permis de porter une seconde attention à la création originale danoise The Killing (Forbrydelsen), avec la sortie DVD de sa première saison. Et si la version soignée de Vera Sud (Cold Case) a été saluée par la critique, il est impensable de négliger la série - récompensée d’un Emmy Award International - dont elle s’inspire assez fidèlement.
Forbrydelsen (signifiant « Le crime ») a été créée par Søren Sveistrup en 2007. Une saison 2 a été produite en 2009, une troisième sera diffusée en 2012 au Danemark. La série plonge le téléspectateur dans une enquête policière autour du meurtre d’une adolescente (son visage et sa personnalité pèsent sur toute la saison, ce qui n’est pas sans rappeler Twin Peaks). Elle aborde alors trois points de vue : celui des inspecteurs, celui de la famille de la victime, et celui des politiques. The Killing lie habilement le genre policier, le drame familial et le thriller politique. À travers l’assassinat de Nanna Birk Larsen, elle raconte de manière sensible la destruction d’une famille et d’un couple, et livre une palette de stratégies et de manipulations au cœur du pouvoir (élection municipale) dans un Copenhague froid et pluvieux.
La série évoque ce que les Britanniques font de mieux, de State of play à Prime suspect) en passant également par ce que nous pouvons voir en France avec Engrenages (sauf que les policiers danois, eux, n’enchaînent pas les boulettes.) La structure feuilletonnante - un épisode par jour d’enquête -, ponctuée d’un retournement de situation à chaque fin d’épisode, rend la saison addictive. La réalisation soignée manie avec intensité le suspense, allant parfois jusqu’à rendre certaines séquences angoissantes. Notamment, une dans l’épisode de mi-saison vous maintient au fond de votre fauteuil.
Au-delà des qualités d’écriture et de mise en scène (soutenue par la musique), l’œuvre bénéficie d’un casting impressionnant. Mais surtout, Søren Sveistrup a créé, ici, une grande héroïne complexe : Sara Lund, interprétée par Sofie Gråbøl. Celle-ci est une enquêtrice dévouée, qui ne recule devant rien pour arrêter le meurtrier ; une femme amoureuse, sur le point de partir vivre en Suède et une mère absente. Lors d’une scène, son fils adolescent lui dit : « Tu ne t’intéresses aux gens qu’une fois qu’ils sont morts ». Le choix de la scénariste de Cold Case pour adapter la série aux États-Unis prend alors tout son sens.
Côté DVD, les vingt épisodes composant la saison sont divisés en deux coffrets. Le tout est proposé en version originale avec sous-titres et en version française. Une chance quand on sait que d’autres séries européennes ne sont distribuées qu’en VF. On note également que la version française de The Killing est plutôt soignée, mais on regrette l’absence de bonus. Aucun prolongement de l’univers de Forbrydelsen n’est offert aux téléspectateurs-consommateurs. Les amateurs de séries TV n’en apprendront pas davantage sur la culture et la production danoise. Malgré tout, ces deux coffrets n’en sont pas moins indispensables pour ceux qui auraient raté la diffusion sur Arte. The Killing (Forbrydelsen) doit être vue...
