Toutelatele

The L Word > Ilene Chaiken, la créatrice de la série, fait le bilan

Emilie Lopez
Publié le 19/06/2010 à 18:32

Véritable révolution dans le petit monde de la télévision, The L Word raconte le quotidien d’un groupe de lesbiennes branchées de Los Angeles. Arrêtée après six saisons, cette série a marqué les esprits, par son ton choc et ses images souvent très osées. A l’occasion du 49e Festival de la Télévision de Monte-Carlo, Toutelatele.com est allé à la rencontre de sa créatrice, Ilene Chaiken. Un entretien empreint d’émotion.

Emilie Lopez : Vous avez créé The L Word, qui s’est achevée après six saisons. Quel bilan tirez-vous de cette aventure ?

Ilene Chaiken : Je suis fière d’avoir participé à la vie de ces personnages et de la façon dont ils ont interagi avec le reste du monde. J’ai apprécié également les conversations qui ont eu lieu au sujet de la série. C’était passionnant de les partager à travers le petit écran avec autant de gens.

Beaucoup ont critiqué le fait que les héroïnes de votre série évoluent dans un milieu très aisé, et donc peu représentatif de la réalité...

J’ai fait ce choix de raconter l’histoire de lesbiennes influentes évoluant à Los Angeles. C’est une communauté que je connais, et je ne l’ai jamais imposée en disant que toutes les lesbiennes ressemblaient à cela ! J’ai écrit ces personnages pour qu’ils soient distrayants et attirants pour les téléspectateurs. Elles n’étaient pas parfaites, mais elles étaient glamour, et je crois que c’est ce que le public appréciait.

Diriez-vous que la série a changé l’approche du public vis-à-vis des lesbiennes ?

C’est ce que disent les gens. Pour ma part, je me dis que j’ai surtout eu de la chance d’être celle qui a pu raconter ces histoires. Nous vivons une vague culturelle progressiste et The L Word était un miroir de cela.

Il y a de plus en plus de personnages lesbiens dans les fictions télévisuelles, comme par exemple dans Nip/Tuck...

Je ne les ai pas vus. Je crois que c’est Portia de Rossi (ex-Ally McBeal mariée à Ellen de Generes, ndlr) qui joue ce personnage et en tant que lesbienne, je suis très heureuse d’être représentée par elle. Toutefois, cela demeure assez restreint. Il n’existe plus de série où le personnage principal est lesbien. Donc même si je suis ravie que l’on soit représentée, il reste beaucoup à faire...

La série était diffusée sur Showtime, une chaîne câblée. Cela vous a-t-il apporté une certaine liberté artistique ?

J’ai eu un soutien incroyable, mais je ne dirais pas que j’ai eu une liberté totale, car on a forcément certaines contraintes, quelle que soit la chaîne pour laquelle on travaille. Mais je n’ai jamais été censurée. Jamais on ne m’a dit « Vous ne pouvez pas raconter cette histoire » ou autre.


Comment est né ce projet avec Showtime ?

La chaîne voulait une série qui attire l’attention d’un certain type de public, et il fallait que cette cible soit assez large. Il fallait donc que ce soit à la fois intéressant et amusant. Leur mot d’ordre était de ne pas avoir de limites, pour cultiver leur image « provocante ».

Les fans de la série forment une communauté très active. Y avez-vous puisé de l’inspiration, ou modifié certains scénarios en fonction d’eux ?

J’ai effectivement beaucoup appris d’eux et cela a, forcément, eu un impact. À partir du moment où vos histoires touchent des personnes, elles appartiennent à ce public. J’ai appris qu’il y a une interaction avec les spectateurs qui, que vous le vouliez ou non, affecte les intrigues que vous racontez. Si vous arrivez à en tenir compte, cela fait de vous un meilleur conteur d’histoires. C’est mon expérience personnelle.

Concernant ces fans, beaucoup ont critiqué l’ultime saison de The L Word. Comment prenez-vous ces critiques ?

(Visiblement émue) Au cours des cinq premières saisons, j’ai beaucoup interagi avec les fans. Mais pour la dernière saison, j’ai juste raconté les histoires que je voulais raconter, et n’ai pas voulu faire cette démarche. Je sais que certains n’étaient pas satisfaits de cette saison, notamment pour tout ce qui concerne la mort de Jenny. Mais je travaille actuellement sur le script du film faisant suite à la série, et me reconcentre sur l’amour et l’amitié, soit les bases de The L Word.

Profiterez-vous de l’occasion pour révéler qui a tué Jenny ?

Tout à fait, les fans sauront ce qui lui est arrivé. Même si ce ne sera pas l’intrigue centrale. Ce sera plus une comédie romantique, et cela parlera de la vie, comme la série a su le faire jusqu’à présent. Malheureusement, je ne sais pas quand ce projet verra le jour, j’espère simplement que cela ne prendra pas trop de temps...

Quid du spin-off : savez-vous pourquoi ce projet a été avorté ?

Ce spin-off était très différent de The L Word, puisqu’il parlait de prison. J’ai toujours l’espoir de le voir naitre un jour...