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The Voice : les enjeux d’un impératif succès pour TF1

Claire Varin
Publié le 23/02/2012 à 20:00 Mis à jour le 21/12/2012 à 22:34

The Voice : la plus belle voix est voulu comme l’événement de la saison 2012 pour TF1. Succès international adapté dans une trentaine de pays, le télé-crochet arrive sur la chaîne privée, dès ce samedi 25 février à 20h50.

Inscrit dans la lignée de Pop Idol et The X Factor, The Voice est un concours musical venu des Pays-Bas, qui se distingue par son procédé de « casting à l’aveugle » dans la première phase du jeu. Le seul critère de sélection est alors la voix. Créée par John de Mol via Talpa Production, l’adaptation pour une version française a été confiée à Shine. TF1 et cette société de production ont précédemment collaboré avec succès sur MasterChef et Baby boom. Pour eux, « l’aventure de The Voice » a démarré dès novembre 2010, au moment du lancement de The Voice of Holland. Le « coup de foudre a été immédiat » raconte Fabrice Bailly, directeur adjoint des programmes de la chaîne.

En effet, le dispositif spectaculaire a de quoi séduire. L’émission s’étend sur une quinzaine de primes et se décompose en trois phases : « le casting à l’aveugle » donc, au cours duquel chacun des coachs tourne le dos au candidat. S’il aime sa voix, il presse un bouton et son fauteuil se retourne. Le coach signifie alors au talent qu’il souhaite travailler avec lui lors de la seconde phase. (Si plusieurs jurés se retournent, le talent pourra choisir celui avec qui il veut collaborer.) Le télé-crochet est ouvert à tous, mais surtout à des semi-professionnels, ayant une culture de la scène et de la performance.

Ainsi, les coachs français ont pu s’étonner du haut niveau des talents. Cette remarque semble se vérifier dans les versions étrangères. Aux Etats-Unis, certains critiques ont souligné que le niveau de chant était supérieur à ce que les télé-crochets, comme American Idol, offraient habituellement. Vient ensuite l’étape des « Battles ». Cette fois, deux talents d’une même « équipe » s’affrontent sur une même chanson, sur un ring reconstitué. Le coach choisit alors celui qu’il souhaite voir rester. Enfin, lors de la dernière phase - plus ordinaire -, les candidats encore en lice interprètent des chansons en live. Leurs performances sont alors soumises aux votes du public. Trois étapes, trois plateaux différents, trois dramaturgies.

« The Voice représente vraiment ce que l’on recherche sur TF1 : de la musique - on sait à quel point la variété est importante pour la Une -, du talent, de l’effort, des artistes prestigieux, du live, parce qu’il y en aura dans The Voice. Tout ce mélange nous a immédiatement séduit », justifie Fabrice Bailly, avant d’ajouter, « Et puis, nous avions envie de donner sa chance à un petit nouveau. » La plaisanterie s’adresse à Nikos Aliagas.

En effet, après une compétition en interne, au cours de laquelle s’affrontaient Benjamin Castaldi, Vincent Cerutti ou encore Arthur, la présentation de The Voice a été confiée à Nikos Aliagas (aux côtés de Virginie de Clausade). Ce choix semble naturel puisque ce dernier était déjà sur TF1 pour le lancement de Star Academy en 2001. « Je ne m’octroie rien d’office. Rien ne t’es dû dans ce métier » , affirme pourtant l’intéressé. L’animateur sera, notamment, là pour accompagner les talents et leurs familles. Sans minimiser son rôle, Nikos Aliagas tient néanmoins à souligner que « la force de ce programme, c’est la relation entre le talent et le coach ».


Les précédents télé-crochets ont montré qu’ils devaient aussi leur succès à la forte personnalité de son jury. Nouvelle Star nous a habitué à cela. Ici, un niveau a été franchi. (D’ailleurs, si André Manoukian semble se languir d’un retour sur M6, Lio a tourné la page en devenant coach sur la version belge francophone de The Voice). A l’image du casting américain (Cee Lo Green, Christina Aguilera, Adam Levine, leader de Maroon 5, et Blake Shelton), les stars de l’émission sont les coachs.

Pour la version française, des noms aussi divers et variés que Sharleen Spiteri (chanteuse du groupe Texas), Jean-Louis Aubert, Zazie et Kool Shen, ont circulé. Garou, Jenifer, Louis Bertignac et Florent Pagny ont finalement signé. Ce premier précise qu’il a d’abord cherché à s’assurer de la crédibilité de l’entreprise : qui est là ? Est-ce vraiment un show musical ? Mais, entre leur légitimité, leur curiosité, leur amour pour la musique - et sans doute leur salaire -, ils n’ont pas hésité longtemps. La chaîne promet ainsi des coachs « complices, empathiques et généreux. » Et, c’est la condition du succès. Même si l’on devine que les participations de certains aux concerts des Enfoirés ont été formatrices. Leur alchimie est un enjeu important. Jenifer, Garou, Louis Bertignac et Florent Pagny devront argumenter, supplier et se « battre » pour les talents, et au final, séduire le public.

The Voice : la plus belle voix, c’est aussi quelques chiffres révélateurs des attentes fortes de la part de TF1. Aux vues du succès du télé-crochet à l’étranger, notamment, en Hollande (1.7 million de curieux pour le lancement et 3.8 millions de téléspectateurs lors de la finale) et aux États-Unis (11.6 millions de téléspectateurs en moyenne), la chaîne ne cache pas fonder beaucoup d’espoirs sur ce programme.

Ainsi, dans Les Echos, on annonce 65 000 euros brut pour le spot publicitaire de 30 secondes (Plus que Danse avec les stars qui facturait 45 000 euros le spot). « Vu les tarifs, ils doivent tabler sur 35% de part d’audience sur les ménagères de moins de 50 ans. C’est un pari risqué, à mon avis, ils ne devraient pas dépasser les 31% contre 27.8% en moyenne sur cette case », estime Philippe Nouchi, directeur de l’expertise média de Vivaki (Publicis). Pour espérer atteindre ces objectifs, TF1 mise également sur les réseaux sociaux pour prolonger l’évènement et surtout fédérer un public en créant une communauté.