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Thibaut Pupat (producteur artistique, Les 12 coups de midi) : « Nous ne sommes pas à l’abri de voir quelqu’un au profil de Christian arriver dans le jeu… »

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Directeur de la publication
Publié le 17/01/2017 à 12:33 Mis à jour le 17/01/2017 à 13:05

Dans les coulisses des 12 coups de midi, Thibaut Pupat, producteur artistique du jeu produit par Endemol, a été le témoin privilégié de l’incroyable parcours de Christian. Alors que le plus grand des Maîtres de midi a été mis hors course ce samedi 14 janvier, bilan de son aventure côté « backstage ».

Léopold Audebert : Dans l’ombre, vous avez pu suivre l’intégralité de l’aventure de Christian. Quel regard portez-vous sur son parcours ?

Thibaut Pupat : Christian a une culture incroyable. Il parvenait à répondre à ces questions… mais aussi à celles des autres candidats ! Il arrivait même à faire les commentaires des réponses, à rajouter des informations, en complément de notre voix off. Zette a été un peu au chômage pendant six mois, et est contente de retrouver son poste ! (rires). C’était impressionnant de le voir à l’œuvre pendant ces six mois, d’autant plus qu’il apprenait parfois des choses à nos rédacteurs de questions. Par ailleurs, même avec une culture tout-terrain, il avait quelques lacunes, par exemple en actualité people au début de son parcours. Il s’est alors immédiatement abonné à des magazines dans le but de pouvoir progresser. En partant d’une base déjà très élevée, il s’est donc encore enrichi.

Dès son arrivée dans le programme, avez-vous détecté des signes laissant imaginer un parcours aussi remarquable ?

Nous avons vu qu’il avait une très grande culture. Mais d’autres paramètres sont annexes à cette dernière : la fatigue, la pression, le trou de mémoire, la baisse de forme, etc. Tout est possible. Avant lui, Bruno avait enregistré 80 participations, et Xavier, reste imbattu avec 76 émissions. En comparant, on pouvait se dire qu’il avait un bon niveau, et peut-être arriver à 80. Mais, lorsqu’il est arrivé au cap des 100 tournages, nous nous sommes dit « Waouh, c’est dingue ! ». Jamais nous n’aurions pu imaginer que Christian reste invaincu jusqu’à sa 193e participation. Tout cela s’est fait au fil de l’eau. Et l’histoire est très belle.

En « off », vous avez été amené à côtoyer le « Maître des maîtres de midi » au quotidien. Quelles qualités humaines pourraient particulièrement définir Christian ?

Il était très agréable et courtois vis-à-vis des autres candidats. Il est le seul à avoir nommé ses adversaires des « partenaires de jeu ». Il disait bonjour à tout le monde. Au niveau des équipes, c’était également très appréciable.

« Zette a été un peu au chômage pendant six mois, et est contente de retrouver son poste ! »

Les téléspectateurs se souviendront aussi de Christian en raison du basculement complet de sa vie, d’un point de vue matériel et financier. Avez-vous rapidement eu connaissance de la vie de Christian en amont de sa participation au jeu ?

Nous avons appris beaucoup des choses sur le tas. Après l’avoir rencontré en sélection, nous ne connaissions pas très bien sa situation. Nous ne savions pas qu’il avait emprunté de l’argent pour venir participer à l’émission, ou encore qu’il était autant en difficulté. J’ai notamment été marqué par le soir du premier tournage, après deux ou trois émissions en tant que gagnant. Il nous avait alors demandé d’avancer son taxi. Évidemment, nous payons l’hôtel à tous les Maîtres de midi et, après avoir avancé le taxi, nous leur remboursons. Mais Christian nous a dit : « Je ne peux pas payer le taxi pour aller à l’hôtel ». Nous l’avons avancé sans problème, mais nous ne nous rendions pas compte, jusque-là, de tout cela. Il est aussi le premier candidat à qui nous avons versé des gains en avance, avant la grande coupure de juillet-août que nous avons fait. Normalement, les gains doivent arriver à la fin de leur parcours, deux à trois mois après leur participation au jeu. Il nous a demandé une avance ; bien sûr, nous l’avons fait sans souci. Il s’agissait d’une exception. Après, nous lui devions au moins cela.

Les tournages, au rythme très soutenu durant les journées des différentes salves, doivent être une véritable épreuve supplémentaire à prendre en compte pour les grands Maîtres de midi tels que Christian…

Toutes les journées de tournage ont été du sport pour Christian ! En arrivant aux alentours de 9 heures, nous ne terminons les tournages que vers 22 heures. Il a été très endurant ; 193 participations, cela n’arrive pas tous les jours.

Son départ est-il survenu à la fin d’une salve / d’une journée ?

Son élimination est arrivée au terme de plusieurs jours où nous le sentions un peu fatigué. Nous avons tourné l’émission le 9 décembre, au milieu d’une salve. Son élimination devait être l’avant-dernière de la journée ; il devait être environ 20 heures.

« Christian est le premier candidat à qui nous avons versé des gains en avance »

Le « feuilleton Christian » a permis à l’émission d’enregistrer des records d’audience…

Statistiquement, il s’agit effectivement d’un phénomène mathématique : les audiences grimpent toujours avec un tel champion. Avec 40%, « on n’a jamais vu ça depuis le Club Dorothée » comme m’avait dit Jean-Luc (Reichmann, ndlr) Noël ! (rires) Avec 27 chaînes, nous ne pensions pas arriver à un tel résultat. En ménagères, nous sommes également arrivé à des 33%, ce qui est vraiment beaucoup. Christian est le premier Maitre de midi qui nous permet de réaliser ces audiences incroyables.

Dans les émissions suivant son élimination, quelles traces Christian a-t-il laissées dans Les 12 coups de midi ?

Beaucoup de candidats atypiques sont venus à sa rencontre également. Christian a créé des vocations : demain, nous pourrions recevoir des candidats qui ne seraient jamais venus dans l’émission auparavant. La notion de challenge, chère à Christian, peut aussi motiver d’autres candidats. Nous ne sommes pas à l’abri de voir quelqu’un au profil de Christian arriver dans le jeu…

En septembre dernier, Les 12 coups de midi ont eu le droit à un lifting. Logo et habillage ont été renouvelés, tandis que le nom de chaque phase du jeu apparaît désormais en haut à gauche des écrans. Quelle a été votre réflexion par rapport à ces changements ?

En tant qu’ancien de TF1 (conseiller de programmes, jeux et divertissement, ndlr), il existe toujours une envie de renouveler un peu les marques de la part de la chaîne. Pour moi, le jeu est toujours une ossature, une mécanique qu’on ne peut pas changer si elle fonctionne. Nous pouvons cependant améliorer les choses dans les histoires que nous racontons, le décor ou encore l’habillage. Tout cela donne toujours un coup de frais à l’émission et est toujours agréable à voir. Les modes et la technologie changent également, et je pense que ce que nous avons réussi à sortir en septembre a plutôt fonctionné. Pour les téléspectateurs, je trouve que cela est agréable à l’œil.

« Christian est le premier Maître de midi qui nous permet de réaliser ces audiences incroyables »

Sur Internet, de nombreux internautes ont jugé Christian privilégié dans le jeu, par rapport aux questions lui étant posées. Que leur répondez-vous ?

La question ne se pose même pas, puisqu’il répondait aux questions des autres ! Nous sommes dans un jeu de culture générale, il y a nécessairement un facteur chance : le candidat peut se voir poser LA question qu’il ne connaît pas. Cela est par exemple le cas dans la dernière émission. Finalement, cela me fait un peu rire… il n’y a rien à dire !

Le départ de Christian a été révélé sur les réseaux sociaux plusieurs semaines avant son élimination. Selon vous, ces fuites sont-elles un avantage ou un inconvénient pour le programme ?

Pour moi, cela n’est pas forcément bénéfique pour l’émission.

Cela stimule pourtant un certain engouement autour du programme…

Forcément ! Après, selon moi, Twitter n’est pas une fuite fiable. On peut y voir tout : il est possible d’y lire que Christian est avantagé, tout comme qu’il est parti. Nous ne sommes jamais aussi convaincus que lorsque l’on voit l’émission où il est détrôné. La rumeur n’augmente ou ne diminue pas l’audience.