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Thibaut Valès (La Grosse Equipe) : « Aujourd’hui, on intègre Secret Story pour faire Les Anges »

Guillaume Denis
Par
Rédacteur spécialisé TV & Séries
Publié le 16/04/2015 à 17:54

En 2007, Thibaut Valès, Jérémy Michalak et Zuméo s’associaient pour fonder leur société de production, La Grosse Equipe. Profitant à plein de l’essor de la TNT, notamment NRJ12, ces derniers se dévoilaient avec le jeu French Kiss avant de lancer Les Anges de la télé-réalité sur la même chaîne. Cinq ans plus tard, la série-réalité est le programme phare de NRJ12 et La Grosse Equipe s’est diversifié en décrochant un contrat avec France 2 sur Face à la Bande. L’usure des Anges après 7 saisons, l’avenir de Face à la bande et Friends Trip, ou encore la quotidienne pour Comédie : Thibaut Valès se confie sur les projets de sa société. Entretien.

Guillaume Denis : Les audiences de la septième saison des Anges sont en retrait sur un an. Estimez-vous que le format s’use au fil des années ?

Thibaut Valès : Je ne crois pas que ce soit une usure du format, nous restons très puissants sur les cibles commerciales. Avant, nous avions beaucoup moins de concurrence, aujourd’hui le pré-access est devenu aussi important que l’access et toutes les chaînes mettent de gros programmes. Les nouvelles chaînes de la TNT HD ont aussi pris de l’importance et tout le monde est affecté, l’audience se dilue un peu partout.

Après sept saisons, comment éviter la lassitude du public ?

Les Anges est un programme qui marche, donc il ne faut pas tout changer. Il faut toutefois trouver des nouvelles idées et ne pas se reposer sur ses acquis pour surprendre le téléspectateur à chaque fois. Il faut qu’il ait plaisir à retrouver une marque qu’il connait bien tout en lui apportant de la nouveauté. C’est ce qu’on a fait cette saison avec une destination inédite, qui a amené les Anges à avoir des rendez-vous professionnels sur tout le continent sud-américain.

« Faire les Anges » est devenu l’objectif de nombreux candidats de télé-réalité... Comment l’expliquez-vous ?

À peu près tous les candidats sont comme ça ! Aujourd’hui, une grosse partie des candidats font Secret Story pour faire Les Anges derrière, comme Vivian. Ça leur permet de partir à l’autre bout du monde, avec l’aspect professionnel en plus.

« Les Anges est un programme qui marche, donc il ne faut pas tout changer »

Vous tournez plusieurs semaines avant la diffusion des épisodes. Certains éléments du programme, comme le départ ou l’arrivée de candidats, filtrent ainsi sur les réseaux sociaux. N’est-ce pas un souci pour vous ?

C’est normal qu’il y ait un délai entre le tournage et la diffusion, car c’est un programme qui est long à fabriquer. Les réseaux sociaux font partie intégrante de notre quotidien à tous, même s’il faut garder en tête qu’ils ne concernent qu’un échantillon de la population. Ces fuites peuvent être problématiques de temps en temps, enlever une certaine surprise par rapport à l’émission. Maintenant, on sait peut-être qu’il y a une arrivée ou un départ, mais on a quand même envie de voir ce qui se passe dans les détails.

Comment fonctionne votre relation avec Le Mag, qui n’est pas produit par La Grosse Équipe, mais qui surfe complètement sur le succès de votre programme ?

C’est normal qu’une chaîne construise d’autres émissions en lien avec son programme leader. On travaille avec NRJ12 depuis de longues années et on se fait confiance. Ils nous commandent de nombreux programmes donc c’est logique qu’ils puissent aussi en bénéficier. On aurait pu produire Le Mag, mais ils le font très bien en interne.

Côté casting, comment procédez-vous pour être certain que la magie opère ?

Les Anges, c’est la marque emblématique des séries-réalités. À chaque fois, on se doit d’avoir les stars actuelles de la télé-réalité. La base du casting, ce sont aussi des personnalités qui ont du talent. Nous gardons à chaque fois quelques candidats emblématiques de saisons passées et nous rajoutons des nouveaux qui ont marqué l’année qui vient de s’écouler, notamment des gens de la saison précédente de Secret Story.

Amélie est devenue la candidate emblématique des Anges. Pourriez-vous envisager une saison sans elle ?

Amélie est là depuis le début des Anges, c’est une excellente candidate et on se fait confiance. Ça nous paraissait évident de la mettre cette année dans le casting. On verra pour la saison 8, qui est déjà signée, mais il est encore trop tôt pour s’interroger là-dessus.

« Les Anges, c’est la marque emblématique des séries-réalités. À chaque fois, on se doit d’avoir les stars actuelles de la télé-réalité »

Après l’incroyable buzz suite à la phrase de Nabilla, n’avez-vous pas eu à faire à des candidats qui tentaient désespérément de reproduire la même chose ?

Pas vraiment. On fait des sessions d’interviews à la fin de la journée et des phrases comme celle de Nabilla, ce sont des choses qui sortent comme ça, qui ne sont pas calculées ou écrites à l’avance. Certainement, il y en a qui ont essayé, mais ça n’a pas marché. Il faut avoir le talent pour et que ça tombe au bon moment. La preuve : il n’y a pas eu d’autres phrases de ce type depuis celle de Nabilla !

Vous avez récemment invité le public à voter pour ses Anges préférés depuis la création du programme. Est-ce pour préparer une saison « All Stars » ?

Non, c’était avant tout destiné à mobiliser la communauté, à faire participer les gens, à leur permettre de donner leurs avis. Les Anges « all stars », ça peut faire partie des projets, mais ce n’est pas à l’ordre du jour.

En sept saisons, avec quel(s) candidat(s) avez-vous eu le plus de difficultés à travailler en tant que producteur ?

On travaille avec de l’humain, on est en contact avec eux en permanence alors bien sûr, il y a des moments où ils ne sont pas contents ou n’ont pas le moral et nous devons être là pour pouvoir parler avec eux. Je retiendrais peut-être la première saison, car c’était un nouveau genre donc c’était plus compliqué que les candidats jouent le jeu et nous fassent confiance.

Au début de la saison, vous avez mis en scène l’élimination d’un candidat anonyme. Pourtant, ce type de mécanisme est souvent évoqué pour différencier la télé-réalité (comme Secret Story, avec un vainqueur) et la série-réalité. Est-ce le signe d’une évolution envisagée sur le format des Anges ?

Non, l’objectif n’est pas de mettre en place un processus d’éliminations. Tout cela s’est déroulé dans l’émission de lancement, qui n’était pas véritablement une quotidienne, donc on pouvait se le permettre. L’objectif n’est pas de faire des éliminations. Par contre, cette saison, on a été plus dur sur les rendez-vous professionnels pour que les candidats, qui ne travaillent pas assez ou ne jouent pas le jeu, quittent l’émission.

Partie 2 > Friends trip, Hollywood Girls, Nabilla et Face à la bande


Depuis le début de la saison, Friends Trip et Hollywood Girls ont réalisé des performances mitigées sur NRJ12. Ces deux émissions seront-elles de retour ?

Hollywood Girls va s’arrêter pour le moment. Il n’y aura pas de saison 5 à court ou à moyen terme. Les audiences étaient un peu décevantes et je pense qu’on a été un peu au bout. Sur Friends Trip, on discute d’une nouvelle saison avec des ajustements, mais c’est encore au stade des négociations.

NRJ12 a annoncé l’année dernière sa volonté de changer de ligne éditoriale avec plus de divertissements et moins de trash. Votre société de production possède un contrat privilégié avec la chaîne, cela change-t-il quelque chose pour vous ?

Notre métier est de produire des émissions, donc c’est à nous de nous adapter à la ligne éditoriale de la chaîne. Nous ne faisons pas que de la télé-réalité, donc si NRJ12 nous demande plus de divertissements, nous irons dans ce sens.

Face à la bande était un vrai marqueur pour La Grosse Équipe, avec une quotidienne sur une grande chaîne historique. La suspension de l’émission ne rend-elle pas votre société de production trop dépendante vis-à-vis de NRJ12 ?

Pour l’instant tout va bien, nous avons des productions sur NRJ12, mais aussi sur Gulli ou sur Canal J et différentes choses en discussions avancées pour la rentrée. Notre métier est de se diversifier en permanence. On a beaucoup de volume sur NRJ12, il y a peu de temps c’était aussi le cas sur France 2, ça fait partie de la vie d’une société de production.

« Sur Friends Trip, on discute d’une nouvelle saison avec des ajustements, mais c’est encore au stade des négociations »

Où en sont les discussions quant à un éventuel retour de Face à la bande ?

Depuis le début, la stratégie de Thierry Thuillier a toujours été de proposer des programmes par salve. Il nous avait commandé 93 émissions de Face à la bande jusqu’en décembre, et on a été jusqu’au bout du contrat. On a toujours un décor qui est stocké par la chaîne, un retour de Face à la bande fait donc partie des possibilités. De notre côté, nous le souhaitons, car c’est un format auquel on croit, qui est une création française. Nous pouvons continuer la progression qui était la nôtre au mois de décembre. On verra dans les prochains mois pour cet été ou pour la rentrée si on est susceptibles de revenir...

Le Parisien a évoqué un projet de remake de La Grosse Émission par votre société de production. Qu’en est-il vraiment ?

Nous avons tourné le pilote récemment, qui a été présenté à la chaîne. La Grosse Émission, est une marque emblématique qu’on conserverait. Après, à l’intérieur du programme, le concept que nous avons proposé est cruellement différent. On va garder la folie, mais on veut changer les choses. On veut que ce soit une émission qui réunisse tous les styles d’humour et qui soit plutôt transgressive. Il y aura une bande de comédiens qui sont les nouvelles stars de l’humour, comme peut l’être un Jarry. On peut se permettre des choses sur cette chaîne et cette émission qui seraient peut-être plus difficiles à faire ailleurs. On voit aujourd’hui que la TNT a ouvert des portes. Notre objectif est d’aller plus loin. Nous souhaitons être en direct tous les jours, où il peut se passer quelque chose à chaque instant.

Avez-vous de nouveaux projets avec Nabilla ?

On a un projet qui nous tient à cœur et qui lui tient à cœur , mais il est un peu tôt pour en parler. On attend de voir quelles suites sont données à l’affaire dans les deux ou trois mois à venir, ce qui permettra peut-être de faire accélérer les choses. Jusqu’à preuve du contraire, Nabilla est présumée innocente. C’est quelqu’un avec qui on a beaucoup d’attachement. Quand il est arrivé cette affaire-là, nous n’avions pas d’émission avec elle, car elle était sur Touche pas à mon poste, mais c’est quelqu’un qu’on a aidé pendant cette période difficile, parce qu’on ne laisse pas tomber les gens. On l’aime profondément, elle a du talent. Elle est susceptible de revenir, elle est très jeune et a encore plein de choses à faire.