Toutelatele

Thierry Ardisson, l’animateur dont tout le monde parle

Samantha Szwec
Publié le 28/10/2005 à 01:56

Magnéto Serge ! Homme de pub car fondateur de l’agence Business, homme de lettres avec son dernier roman Les années provoc et sa biographie Confessions d’un Baby-boomer, homme de presse car créateur d’Entrevue (1992-1995) et de J’économise, homme de production car créancier de On a tout essayé, mais surtout homme de télévision car animateur de Tout le monde en parle sur France 2 depuis 1998 et 93, Faubourg Saint-Honoré sur Paris Première, Thierry Ardisson est de tous les fronts. Boulimique de travail, son succès est dû à tout sauf au hasard. Du haut de ses 56 ans, s’il compte aujourd’hui parmi les hommes forts du PAF, c’est au prix de 40 nuits blanches par an et d’une bonne dose de créativité.

Près de trois heures d’antenne, des invités en pleine promo ou au cœur de l’actualité, des acolytes doués d’une répartie déconcertante pour certains, des jingles, le blind test (...) : Tout le monde en parle n’a cesse de s’enorgueillir d’une belle part de marché chaque samedi en fin de soirée sur France 2 (environ 28%, soit 1,5 million de fidèles) et narguent les séries américaines de TF1 qui cependant caracolent en tête. Travaillant main dans la main avec Catherine Barma et sa femme Béatrice, Thierry Ardisson semble avoir atteint le paroxysme de sa gloire aux commandes de cette émission. Il joue avec ses fiches, amuse, choque et ce sont là les fruits de sa réussite. À travers ses interviews « thématiques », un seul mot d’ordre : pas de tabou, à prendre ou à laisser. Personne n’est mis devant le fait accompli et chacun sait à quoi il se frotte en frayant le sol de Tout le monde en parle.

Chaque mardi à 22h30, Paris Première dévoile une autre perle made in Ardisson : 52 minutes autour d’une table entre amis chez Thierry. Depuis la première du 14 octobre 2003, l’ascenseur du 93, faubourg Saint-Honoré a vu défiler pas moins de 490 invités qui ont vu fondre quelques 3400 bougies et cassé 74 verres. L’homme en noir a trouvé là LE bon filon pour délier les langues parfois boisées de ses personnalités de convives : il les corrompt à coup de Dom Pérignon et homard. Les papilles en ébullition, tous succombent et se laissent aller à des confidences dont ils ne gratifieraient personne d’autre que l’hôte Ardisson. Il a l’art de mettre ses people en confiance et le fait de leur ouvrir sa propre porte -« 93 Faubourg Saint-Honoré » est l’adresse de Thierry Ardisson - a le mérite d’offrir une émission ambiance « bonne bouffe entre copains ». Pour que le concept soit pérenne mais innovant, il arrivera dorénavant que des gens sonnent à la porte : des amis mal avertis aux voisins dérangés par le bruit, ces interludes viendront étayer les repas rébarbatifs qui traînent en longueur.

Seul bémol au pays merveilleux de Thierry Ardisson : il reste boudé par l’audience pour ses rendez-vous en prime time. En mesurant l’avis des Français sur les grands sujets qui agitent nos sociétés, il n’a pas fait mouche malgré un concept qui avait enthousiasmé France 2 a priori. Aussi Opinion Publique est passée aux oubliettes. Reste à savoir si l’animateur-producteur qu’il est compte sortir un nouveau concept de son sac pour voguer sur un horaire moins tardif que le samedi soir à 23h20.

Avec son livre Confessions d’un Baby-boomer, Thierry Ardisson confesse qu’il n’a pas toujours eu sa place au soleil : il a fait « trois quatre conneries avant de lancer Tout le monde en parle ». Entre mea culpa, souvenirs d’enfance, coups durs, il se raconte enfin pour pouvoir tourner la page et entamer une feuille encore vierge, prémisse d’un deuxième tome potentiel.

Outre ses succès d’animateur, il pourra réserver une ligne ou deux à la popularité confirmée de la bande à Ruquier qui squatte le créneau quotidien de 18h50 sur France 2 avec On a tout essayé et éventuellement une petite mention pour son nouveau né Concert Sauvage, diffusé sur France 4. À nouvelle émission nouveau challenge : il s’agit en l’occurrence d’initier à l’art urbain via musiques actuelles (Hip-Hop, rap, techno, rock...) et art contemporain (performer, grapheurs...). Quant à ses projets cinématographiques, ils pourraient bien voir le jour l’année prochaine.

Et si d’aventure la voix mélodieuse de Thierry Ardisson, pourtant bien présente à l’antenne, venait à manquer aux plus inconditionnels de ses fans, patience : la désormais incontournable « boîte à ouais » , vénérable outil gratifiant tout un chacun du doucereux timbre de l’animateur-star, pourrait être prochainement disponible... Ardisson qui acquiesce à domicile, ouais !