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Thierry Beccaro (Un chapeau de paille d’Italie) : « Bruno Guillon fait partie des jolies rencontres de ce type d’aventure »

Léopold Audebert
Publié le 25/12/2016 à 18:50

Bruno Guillon, Tex, Patrice Laffont, Nelson Montfort, Laurent Luyat, Valérie Maurice, Michel Drucker, Chloé Nabédian, Sophie Davant… D’après une idée originale d’Olivier Minne et sous la houlette de Raymond Acquaviva, une farandole de visages de France 2 sera à l’honneur ce dimanche 25 décembre, dans Un chapeau de paille d’Italie, comédie d’Eugène Labiche. Thierry Beccaro, animateur emblématique de Motus et fidèle de l’aventure théâtrale annuelle de France Télévisions, est revenu sur les coulisses de ce programme de prime time festif, avant d’évoquer la santé remarquable de son émission du matin.

Léopold Audebert : Après le succès de L’hôtel du libre échange (Georges Feydeau) l’hiver dernier, quelles ont été vos motivations vis-à-vis de cette nouvelle édition de l’aventure imaginée par Olivier Minne en 2005 ?

Thierry Beccaro : Cette aventure est assez originale, voire même unique. Elle nous permet à tous, animateurs, comédiens ou totalement novices, de nous retrouver, dans un autre cadre. On sort de la télévision pour vivre une aventure que, personnellement, je connais bien ; celle de la troupe, du théâtre. Pendant un mois, on vit avec des gens qu’on ne connaît pas bien. À part Patrice Laffont et Tex que je connais, car on se fréquente régulièrement, il y a un tas de nouveaux venus cette année, comme Christelle Ballestrero, Sylvie Adigard, Isabelle Martinet, Jean-Baptiste Marteau…

Aux côtés de certains membres déjà bien rodés à l’exercice, tels que vous, l’intégration n’a-t-elle pas été trop déroutante pour les nouveaux comédiens ?

Cela s’est fait naturellement. Ceux qui arrivent pour la première fois se demandent souvent ce qu’ils viennent faire là au début ; c’est assez amusant ! (rires) Émilie Broussouloux le dit d’ailleurs très bien dans la making-of (Sous le chapeau, diffusé dans la foulée de la représentation de la pièce, dès 22h50, ndlr). Puis, petit à petit, le plaisir s’installe chez chacun des comédiens. Avec, néanmoins, la difficulté que tout le travail représente pendant un mois. Lorsqu’Olivier Minne a crée tout cela en 2005, avec Un fil à la patte, l’idée était vraiment bonne, et il faut que cela continue !

Avec des activités professionnelles et personnelles très différentes, comment parvenez-vous à trouver des créneaux de répétitions communs ?

Tout est prévu dès le début de l’aventure ! Une fois que les auditions sont terminées, nous confions nos emplois du temps à Gersende Michel, notre assistante à la mise en scène. A partir de ce casse-tête, elle organise le planning des répétitions avec Raymond Acquaviva.

« Ceux qui arrivent pour la première fois se demandent souvent ce qu’ils viennent faire là au début ; c’est assez amusant ! »

L’ensemble de la troupe est-elle toujours présente lors des répétitions ?

Si cela est possible, il est tout de même mieux de répéter tous ensemble. Dans les autres cas, Gersende ou notre répétitrice peuvent faire la doublure ou nous aider. Toutefois, pour les rôles principaux, l’engagement est important. Il faut être là. Sinon, il est impossible de gérer l’aventure pour le metteur en scène.

Dans L’hôtel du libre échange, vous interprétiez Pinglet, le personnage principal de la pièce. Pour cette nouvelle œuvre, Bruno Guillon endosse le premier rôle. Quels éléments ont motivé ce changement ?

Tous les choix se sont faits en fonction de l’emploi, des rôles. Par rapport à l’année dernière, nous avons inversé avec Bruno. Il s’est alors pris un gros paquet de texte ! (rires)0 Nos deux rôles sont très importants, on s’aime bien et, grâce à cette aventure, nous nous sommes aussi mieux découverts. Il fait partie des jolies rencontres de ce type d’aventure.

Cette année, vous interprétez Nonancourt, pépiniériste. Qu’avez-vous particulièrement apprécié dans ce nouveau challenge ?

Jouer Nonancourt a été un véritable cadeau. Il s’est même agi de quelque chose de nouveau pour moi, car j’avais vraiment une composition qui sortait totalement de mes habitudes. Physiquement, dans la tenue, les cheveux ou encore la façon de parler, il y avait un travail passionnant dans les détails. Même avec un peu moins de texte que l’année précédente, j’étais dans le même état en sortant de scène. Chaque personnage a sa raison d’être et, quelle que soit la longueur de son texte, il faut être à fond dedans.

« Grands ou petits, tout le monde a été assez bluffé pendant la captation ! »

3,85 millions de téléspectateurs, 16,6% de part d’audience (leader national) ; le public était de nouveau très friand de théâtre en 2015 avec L’hôtel du libre échange. Comment expliquez-vous cet engouement des téléspectateurs pour votre représentation annuelle ?

Si je me mets à la place du spectateur, je pense que retrouver des gens que l’on voit ou entend régulièrement est assez sympathique et alléchant, surtout dans ce genre d’univers. Au pied du sapin, le soir de Noël, il y a un maximum de monde sur les planches. Raymond Acquaviva arrive vraiment a créer quelque chose d’incroyable : ceux qui n’ont jamais joué se débrouillent vraiment bien et le spectacle tient réellement la route. Le making-of, montrant les joies, les difficultés ou encore les doutes permet aussi d’intensifier cette immersion inédite.

Selon vous, en quoi Un chapeau de paille d’Italie est-elle susceptible de séduire de nouveau un large public à l’instar de l’année précédente ?

Dans son histoire, la pièce est une véritable bande dessinée surréaliste ! Si Feydeau est dans le texte, Labiche est vraiment dans la situation. Nonancourt est suivi en permanence par la noce tandis que Ferdinard cherche en permanence un chapeau de paille. On est dans du Tex Avery ! Dans sa mise en scène, Raymond a cherché cela, notamment à travers des costumes inspirés des dessins du caricaturiste Albert Dubout ou encore des décors grandioses de Stéphanie Jarre. L’univers cartoonesque de la pièce parle véritablement à tout le monde ; grands ou petits, tout le monde a été assez bluffé pendant la captation !

C8, Paris Première ou encore France 3 : à l’instar de France 2, de nombreuses chaînes de télévision programment aujourd’hui du théâtre sur leur antenne, avec de beaux succès d’audience à la clef…

Il y a une carte à jouer, dans la mesure où l’on modifie un petit peu la façon de filmer. Il faut, par exemple, que la caméra soit très proche des comédiens pour créer un vrai lien avec les téléspectateurs. Par ailleurs, il est important de se dire que beaucoup de personnes ne sont pas encore venues au théâtre. Si, avec notre grand rendez-vous annuel sur France 2, nous pouvons les attirer dans une salle, au moins un jour, c’est formidable !

« Malgré tout ce qui été lancé en face de Motus en vingt-six ans, la magie ne s’estompe pas »

Parallèlement à votre carrière d’acteur, Motus continue de régner en maître sur les audiences de sa case en réalisant des parts de marché particulièrement remarquables sur France 2. Vingt-six ans après son lancement, quelle est la recette magique de cette longévité à succès ?

Le mot « magique » est vraiment important ! Comme je le raconte toujours avec grand plaisir ; j’ai signé pour Motus en 1990, pour deux mois, juillet et août. S’il y a une recette, je pense cela réside dans le jeu en lui-même. Chez vous, vous jouez et êtes plus fort que les candidats. Le fait de trouver les mots avant lui est génial. Motus est une émission interactive. De mon côté, j’apporte quelques ingrédients : de la bonne humeur, le respect du candidat, un peu de taquinerie gentille, mais aussi des improvisations et des départs en délire sur des mots, des expressions et des candidats qui me le permettent. Notre horaire de diffusion est également une chance, j’ai donc une liberté incroyable. Pour tout cela, je dois remercier France Télévisions, mon équipe exceptionnelle et d’autres soutiens, comme par exemple Cyril Hanouna.

Après la scripted-reality, le jeu ou encore la série, TF1 a dévoilé mardi 13 décembre dernier une nouvelle stratégie de programmation à 11 heures. Dès le mardi 3 janvier, Les feux de l’amour basculeront ainsi face à Motus, en amont du déjeuner. Comment appréhendez-vous cette nouvelle concurrence avec la Une ?

J’ai vu cela récemment. J’ai souri intérieurement ; vous venez de citer tout ce qui a été lancé en face de Motus en vingt-six ans. La magie ne s’estompe pas. L’émission reste un rendez-vous pour de nombreuses personnes ; des jeunes, des moins jeunes, des plus âgés, des très âgés… Mais nous verrons bien, en même temps pourquoi pas ! Aujourd’hui, nous sommes en face de Grey’s Anatomy, qui, franchement, n’est pas rien, et cartonne le soir. Mais les gens viennent se soigner sur le plateau de Motus ! (rires) Et j’espère que cela continuera.