Toutelatele

Thierry Dugeon

Joseph Agostini
Publié le 14/04/2003 à 00:21 Mis à jour le 14/03/2010 à 16:09

C’est lui ! C’est Thierry Dugeon ! J’ai en face de moi l’OVNI de Canal +, le seul homme qui anima Nulle part
ailleurs
, alors qu’il était parfaitement inconnu du
grand public. Aujourd’hui, après les feux des
projecteurs, Thierry Dugeon se consacre à Dans ma boîte, un magazine autour du monde du travail, tous les matins à 10h40 sur France 5. Loin des strass d’antan, ce journaliste m’a confié son actualité, ses projets, sans manquer de revenir sur l’aventure Canal, sa première « boîte ». Entretien.

Joseph Agostini : Dans ma boîte, votre émission matinale, s’attaque à un thème délicat : le monde du travail. Quel angle privilégiez-vous ?

Thierry Dugeon : Il s’agit d’une émission d’information, proche d’un journal. Nous traitons un sujet par jour, comme l’intérim ou le placard, censé intéresser les actifs. Pas de strass ! Rien à voir avec Stars à domicile. J’ai choisi France 5 pour répondre à une mission de qualité, de rigueur, d’exigence, en accord avec les attentes du téléspectateur. Dans service public, il y
a public, non ?

D’abord diffusée à 7h, Dans ma boîte est désormais programmée à 10h40. L’audience a t-elle augmenté ?

Nous faisons 5 à 9% de part de marché. L’audience reste fluctuante, mais la chaîne est plutôt
satisfaite. Avec des magazines comme Maternelles ou
Le journal de la santé, Dans ma boîte répond à une demande du public de France 5.

Avant France 5, vous avez passé douze ans sur Canal +, chaîne sur laquelle vous avez débuté en 1989. Quel
y a été votre parcours avant la fameuse présentation
de Nulle part ailleurs ?

J’ai intégré le service des sports de Charles Bietry sur une candidature spontanée. En 1995, j’ai quitté
Paris pour Los Angeles, où j’ai été correspondant pour
la chaîne durant cinq ans. Je suis journaliste de
formation. Le passage dans Nulle part ailleurs est
ma seule expérience strass !

Pour le coup, elle restera gravée dans les mémoires des fidèles de Canal+. Comment avez-vous accédé à ce
rendez-vous phare en clair de la chaîne ?

J’étais encore à Los Angeles lorsque de Greef m’a contacté : "Viens dîner à Paris, j’ai quelque chose à
te proposer". Je ne savais pas de quoi il s’agissait.
La présentation de Nulle part ailleurs ne m’a pas
frôlé l’esprit ! De Greef voulait faire une émission
plus sérieuse, davantage axée sur l’information
qu’avant. J’ai relevé le défi.

La réanimation de Nulle part ailleurs était-elle encore possible, après de si nombreux plans de
sauvetage ?

Nous avons sauvé les meubles, avec 5 à 7% de part de marché. Cependant, le public avait déjà déserté la
chaîne. L’explosion du câble et du satellite y était
pour beaucoup ! Je suis parti pile poil avant la totale
déconfiture.


D’un oeil extérieur, comment jugez-vous la débâcle de Canal+ ?

C’est consternant ! J’ai des potes là-bas qui sont sur les listes noires. Ceux qui, comme moi, ont une
petite notoriété, ne sont pas les plus fragilisés. Je
pense aux gens qui travaillent dans les soutes, et qui
se demandent comment ils vont payer leurs loyers.

Canal + a t-elle définitivement perdu son esprit de famille et son image subversive ?

Tout a commencé lorsque Lescure a éjecté de Greef. Canal a lentement perdu son âme jusqu’à l’arrivée de
Couture, qui ne connaissait absolument pas la maison.
Alors, oui, Canal a perdu sa subversion et son esprit
de famille. Une telle société, si elle se met à
réfléchir au jour le jour à son avenir, ne peut pas
bien avancer.

Que pensez-vous des échecs successifs des émissions en lieu et place de Nulle part ailleurs depuis
septembre ?

J’ai trouvé l’Hypershow médiocre et le JBN
absolument pas intéressant. Quant à Maurad, son ton,
tout respectable qu’il soit, n’est pas très cohérent
avec l’histoire et le prestige de Canal+. C’est celui
d’une radio de jeun’s, point barre. Après, il s’agit
de savoir ce qu’on veut faire de l’antenne !

Thierry Dugeon, revenir aux manettes d’un talk show grand public, cela vous tenterait-il ?

Pourquoi pas ? Je ne présenterai jamais Loft Story et compagnie, voilà ma seule certitude. Je navigue à vue. La présentation d’un journal télévisé me
passionnerait également. J’aimerais donner un nouveau
ton à l’information.