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Thomas Mekhiche : « Téléfoot est entré dans la culture populaire »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 12/11/2017 à 10:46 Mis à jour le 12/11/2017 à 10:47

Chaque dimanche, Téléfoot enchaîne les succès d’audience sur TF1. A l’occasion du quarantième anniversaire du magazine, rencontre avec Thomas Mekhiche, dont La Quotidienne vient d’être primée au Social Media Awards.

Benoît Mandin : Quel premier bilan tirez-vous de cette rentrée ?

Thomas Mekhiche : Je suis ravi, car que ça soit sur La Quotidienne ou Téléfoot tout se passe bien. La Quotidienne a été lancée en mars et on est à presque quarante-cinq millions de vues donc on connaissait déjà son potentiel. Téléfoot est une bonne nouvelle pour moi puisque j’y suis passé chroniqueur cet été et j’en suis très content.

Téléfoot vient d’être récompensé pour le meilleur dispositif global linéaire / à la demande pour une émission TV hors prime time au Social Media Awards. Comment expliquez-vous le succès de La Quotidienne ?

Il y a beaucoup de monde qui regarde Téléfoot le dimanche matin. Porté par les moyens de cette grosse machine, on s’est demandé pourquoi on se limitait qu’au dimanche matin. On s’est lancé dans une quotidienne car aujourd’hui tout le monde se tourne vers le web et les petits formats marchent très bien partout. Il y a toujours une demande pour le football, mais tout allait dépendre du ton que l’on allait y mettre. On a fait le choix de partir sur un ton détendu et plus léger que dans Téléfoot. Notre cible principale est les jeunes même si on a pu constater que tout le monde regardait La Quotidienne. Grâce aussi à la page Facebook de Téléfoot, on a aujourd’hui une grosse communauté. On est très bien entourés et les journalistes de Téléfoot l’alimentent en contenu quand ils sont en reportage sur le terrain.

Diriez-vous que le style que vous apportez à l’émission contribue également à ce succès ?

Peut-être. Je n’ai pas la prétention de dire que je fais la différence sur le programme, mais oui je pense que ça y joue. C’était très important pour nous de nous démarquer de Téléfoot. Nous avons carte blanche et on nous a demandé de la faire à notre sauce. Évidemment que si cela n’avait pas marché, nous aurions eu du monde derrière pour la revoir et la corriger. L’équipe connaissait déjà mon travail puisque je faisais l’after. Ils savent que j’ai un ton décalé et c’est ce qu’ils cherchaient. Face à la période que nous vivons, on a besoin de légèreté et ça fait du bien de se marrer même en regardant du football. C’était hyper important pour moi d’aborder les choses différemment sur le web parce que des émissions de télé qui traitent de foot il y en a 1 million aujourd’hui. Toutes les chaînes en parlent, elles ont toutes leurs émissions, mais on y retrouve souvent les mêmes concepts. En télé, on est plus frileux vis-à-vis du changement et on le teste d’abord sur internet. Et la preuve que ça marche, on m’a demandé de devenir chroniqueur dans Téléfoot à la rentrée pour apporter cet esprit décalé.

Ne serait-ce pas un moyen d’apporter du jeunisme à Téléfoot ?

Peut-être... L’émission est toujours là au bout de quarante ans, car elle a su se renouveler et se réinventer au fil des années. Je suis peut-être la carte jeune bien que je ne suis pas le seul puisqu’il y a aussi Charlotte Namura en plateau. Cela me va très bien d’avoir ce profil avec un ton décalé et plus proche des jeunes.

« Téléfoot cherche constamment à se réinventer et ne se repose jamais sur ses acquis »

Depuis cet été, l’actualité du football a été portée un incroyable mercato, notamment celui du Paris Saint-Germain…

Je pense que ça aide puisque tout le monde préfère un championnat de France avec Neymar, Cavani ou encore Dimitri Payet. Outre les Parisiens et les Marseillais, il y aussi de très bons joueurs qui sont arrivés à Lyon par exemple. Cela a créé un attrait du public de voir ce qu’un joueur comme Neymar a fait à l’entraînement ou les dernières informations sur son jeu. On bénéficie du renouveau de l’actualité du championnat de Ligue 1.

Téléfoot fête ses 40 ans. Comment expliquez-vous cette longévité ?

Cela fait deux ans que j’ai intégré l’émission et la rédaction. Téléfoot cherche constamment à se réinventer et ne se repose jamais sur ses acquis. Elle a su s’acclimater dans un contexte qui évolue en permanence. Il y a dix ans, TF1 proposait la Ligue des Champions et vous ne l’avez plus aujourd’hui. Téléfoot ne peut certes plus montrer les images de la compétition, mais les téléspectateurs vont avoir un entretien exclusif avec Zinedine Zidane qui parle, comme jamais il ne l’a fait, avec un journaliste. La clé du succès de Téléfoot est d’évoluer avec son époque et il nous arrive déjà d’évoquer ce qu’on pourrait améliorer et faire la saison prochaine. Téléfoot est entré dans la culture populaire et n’importe quel Français sait que c’est diffusé le dimanche matin sur TF1. Je ne suis pas convaincu que ça marche avec toutes les émissions de foot que vous voyez aujourd’hui à la télévision. D’une, car elles ne sont pas aussi vieilles, et de deux, car elles ne dureront pas quarante ans comme Téléfoot.

Comment êtes-vous arrivé sur TF1 ?

C’est assez paradoxal. Je suis d’abord entré à la rédaction des Sports en 2015 et TF1 cherchait des journalistes pour faire des sujets sur la Coupe du Monde de rugby. Le rédacteur en chef de Téléfoot était mon boss à RMC et il m’a proposé de faire l’after de Téléfoot. J’ai d’abord été chroniqueur et je venais à TF1 uniquement le dimanche. Début 2017, on m’a proposé de faire La Quotidienne et cet été j’ai rejoint la grande messe de Téléfoot. C’est une rédaction relativement jeune en terme de journalistes et on est une vraie bande de potes.

Aviez-vous le rêve d’intégrer une émission telle que Téléfoot ?

Oui surtout que je viens de loin et que je n’étais pas destiné à devenir journaliste. J’ai commencé à RMC en commentant des matchs à la radio et en participant à quelques émissions. Je suis ensuite arrivé à la chaîne L’Équipe, où j’ai été présentateur. Je n’aurais jamais imaginé intégrer Téléfoot.

« Mbappé est un joueur qui a énormément d’esprit et de répartie donc je me dis que l’avoir pour moi pendant cinq minutes, ce serait marrant »

Quel invité aimeriez-vous interviewer ?

Mbappé... C’est un joueur qui a énormément d’esprit et de répartie donc je me dis que l’avoir pour moi pendant cinq minutes, ce serait marrant. Il ne se prend pas la tête, est très drôle et je pense que ça pourrait bien coller pour une chronique en plateau. Neymar, j’aimerais le faire avec un ballon entre les pieds (rires). Je ne suis pas spécialement impressionné par la jeune génération de stars, je préférerais interviewer un Pierlot ou un Beckham plutôt que Neymar.

La saison dernière, vous avez officié aux côtés de Grégoire Margotton dans Club 26 sur LCI. Comment avez-vous vécu l’arrêt de l’émission ?

Cela ne m’a pas plus traumatisé que cela, car nous avions tous d’autres projets derrière. Cela fait partie de notre métier et il ne faut pas surtout pas être anéanti par cette règle de base. Il faut savoir prendre du recul, c’était une émission tard le dimanche soir…

Aimeriez-vous que La Quotidienne bénéficie d’une diffusion en télévision ?

Je serais ravi bien que je prends les choses comme elles viennent. Je ne me projette pas et je ne me prends la tête, aujourd’hui je savoure d’aller bosser pour produire cette émission sur le web. Si demain, on me dit que ma pastille bascule à la télé ou durerait plus cinq, mais trente minutes, je relève le défi (rires). Il y aurait bien évidemment de l’appréhension à aborder un public différent et plus large.

Le public pourrait-il retrouver Thomas Mekhiche aux commentaires d’un match ?

J’ai déjà commenté pour RMC en radio, ce n’est pas du tout le même exercice qu’en télé. Je l’ai fait aussi pour Eurosport, ça me plaît, mais ce n’est pas ce qui m’attire le plus aujourd’hui. J’ai 31 ans, peut-être que dans dix ans, je n’aurais pas du tout le même discours. Je m’amuse énormément dans ce que je fais et je prends beaucoup de plaisir à être en plateau. Ce n’est pas un objectif de devenir commentateur...

Allez-vous faire partie du dispositif de la chaîne pour la Coupe du Monde 2018 ?

Je l’espère, mais je n’ai pas plus d’informations pour le moment. J’imagine que TF1 est déjà en préparation pour la Russie et il faudrait me rappeler dans quelques mois pour que je vous dise mon rôle en particulier (rires).