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Valérie Benaïm (2015 au poste !) : « Touche pas à mon poste va parfois trop loin »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 29/12/2015 à 19:19

Valérie Benaïm officie aux côtés de Cyril Hanouna sur Europe 1 dans « Les pieds dans le plat », mais aussi dans « Touche pas à mon poste » sur D8. Celle qui prend les commandes de « 2015 au poste ! » en prime time sur la chaîne de la TNT est revenue sur ses projets pour l’année 2016. Rencontre.

Benjamin Lopes : Vous jonglez aujourd’hui entre Touche pas à mon poste sur D8 et Les pieds dans le plat sur Europe 1. Vous postez d’ailleurs de nombreux commentaires sur cette dernière activité sur les réseaux sociaux. N’êtes-vous pas plus épanouie à la radio qu’en télévision ?

Valérie Benaïm : C’est la grande question. J’ai vraiment beaucoup de tendresse pour la radio, car c’est ma formation première. Lorsque je suis sortie de l’école de journalisme, j’ai fait mes premières armes à la radio. Maintenant, je m’amuse tout autant à la télévision en toute honnêteté. Il est vrai qu’il se passe beaucoup de choses pour Cyril Hanouna et moi à la radio où l’on se chambre peut être plus que dans Touche pas à mon poste.

Est-ce à dire que vous êtes plus libre à la radio ?

Non, il n’y a pas plus de liberté. Simplement, comme c’est beaucoup plus concentré, car on est moins nombreux, peut-être que je vis encore plus de choses. J’ai une chance inouïe de pouvoir faire de la télévision et de la radio. Je vis actuellement une période professionnelle très agréable et très épanouissante.

Dans Touche pas à mon poste, vous êtes rarement de celles qui font le buzz tout en étant devenue une chroniqueuse incontournable de l’émission. Comment l’expliquez-vous ?

Si je savais l’expliquer, j’aurais une recette miracle (rires). Quand je fais des happenings, je les fais de bon cœur. Entre les serpents qu’on me jette dessus, ou les déguisements et autre bataille dans la boue, je ne suis pas la dernière pour m’amuser. Après, je suis plus mesurée dans mes propos peut-être, c’est dans ma nature. J’ai du mal à imaginer que tout est blanc ou noir. Il y a toujours de la demi-mesure dans ce que je raconte. J’essaie de ne pas blesser aussi, donc je fais attention à ne pas attaquer les personnes, mais de détailler pourquoi ça ne m’a pas plu. Ce qui n’intéresse, c’est de donner mon sentiment et d’être la mieux comprise possible, sans faire le buzz pour le buzz.

« J’essaie de ne pas blesser, donc je fais attention à ne pas attaquer les personnes »

Trouvez-vous que les critiques vont parfois vont trop loin dans Touche pas à mon poste ?

Oui évidemment, parfois ça peut aller trop loin. L’avantage de Touche pas à mon poste est qu’on est souvent entre six à neuf chroniqueurs en plateau. Quand il y en a un qui s’embarque et s’enflamme avec l’adrénaline et le direct en tenant des propos trop virulents, on est aussi là pour contrebalancer. C’est ce qui est fort dans cette émission. Parfois, lorsque Gilles Verdez ou Enora Malagré vont s’emporter, on est là pour leur dire qu’ils exagèrent. Ça dédramatise alors le propos et ça le met en perspective. On se rend bien compte, après tout, que ce n’est que de la télévision.

Vous êtes un visage connu des Français, depuis votre passage sur TF1. Aujourd’hui vous êtes devenue un personnage télévisuel dans Touche pas à mon poste. Est-ce facile à gérer ou finalement n’est-ce que la rançon du succès de cette émission ?

C’est inhérent à Touche pas à mon poste. Il faut accepter ces codes-là. Si on ne les accepte pas, il faut quitter l’émission. Il y a chez Cyril Hanouna énormément de bienveillance. S’il y avait une volonté de transparence pour raconter tout de ma vie, que je sois d’accord ou pas, je serais partie depuis longtemps. Cyril Hanouna sait jusqu’où aller et il joue avec les codes. Effectivement, il ne travestit jamais la vérité et il part toujours d’un évènement vrai, pour ensuite broder et feuilletonner. On en devient presque des personnages de fiction.

On vous a tout de même senti parfois très gênée comme lors de la diffusion des fameuses photos prises lors de la soirée de lancement d’un portable. N’avez-vous justement pas trouvé que ça allait trop loin ?

C’est typiquement le moment où j’ai une petite montée d’angoisse. Mon compagnon n’est pas quelqu’un de public et tant que ça reste de l’ordre du fantasme en inventant des histoires, ça me va. Mais cette anecdote montre à quel point Cyril Hanouna me connaît par cœur, car il a montré la photo tout en cachant le visage. Il s’est amusé avec les lignes, il a créé l’intérêt chez les téléspectateurs, sans aller trop loin pour moi. C’est là toute l’intelligence de Cyril Hanouna.

« Mon émission de déco arrivera au mois de janvier 2016 sur D8 »

Vous étiez également à la tête des Maîtres de l’humour sur D8, un magazine qui fonctionnait très bien. Que s’est-il passé avec cette émission ?

Honnêtement, je crois que c’est une émission qui coûte cher en termes d’images. Il a fallu faire un choix à un moment donné, car beaucoup d’émissions sont arrivées sur D8. J’ai pris un plaisir infini à faire Les Maîtres de l’humour qui fonctionnait à chaque programmation, y compris lors des rediffusions. En même temps, on me propose plein d’autres choses, donc je ne vais pas pleurnicher.

On a beaucoup parlé du retour de C’est mon choix. Le public ne se souvient peut être pas que vous aviez pris la relève sur France 3 avec J’y vais, j’y vais pas, puis Jules et les filles, qui n’ont pas forcément rencontré le succès. Le talk-show est-il encore un genre qui vous fait envie à la télévision aujourd’hui ?

J’ai un problème, car j’aime la télévision, et donc tous les genres. J’aime effectivement infiniment ce genre parce qu’à la base ce que j’apprécie dans le journalisme c’est de rencontrer l’autre et de faire de l’interview. Dans la vie, on a en général un petit cercle et on ne peut pas en sortir et le talk-show permet justement de rencontrer des gens qui élargissent votre univers. J’ai adoré le faire sur LCI, ou encore dans Défense d’entrer sur TF1.

Vous avez également présenté Exclusif sur TF1. Un retour du format a été un temps évoqué su D8. Auriez-vous été intéressé par la présentation ?

Sincèrement, je ne sais pas si ça m’aurait intéressé pour une raison extrêmement pragmatique. J’ai juste avant la radio et juste après Touche pas à mon poste, que je n’ai pas envie de lâcher et il aurait peut-être fallu faire des choix. Pour l’instant, je n’ai pas envie de les faire. Effectivement, une émission comme Exclusif à sa place dans une monture différente que celle de l’époque. 50 min inside sur TF1 est d’ailleurs un peu dans cette lignée. Je crois qu’il y a encore évidemment la place pour un rendez-vous sur l’actualité, la culture et les people. Et il est vrai que les artistes ont peu d’espace aujourd’hui pour s’exprimer à la télévision.

Qu’en est-il de votre émission de décoration sur D8, annoncée depuis de nombreux mois ?

Elle arrivera au mois de janvier 2016. Ce que je peux vous dire c’est que lorsque Cyril Hanouna et moi-même avons parlé de décoration, c’est vraiment au sens très large du terme. Il n’y aura pas que de la déco. Il y aura des concours, des rencontres, de l’empathie. On a développé plusieurs montures. On la testera en janvier sur D8.

« Je vis actuellement une période professionnelle très agréable et très épanouissante »

Vous avez déjà évolué sur plusieurs chaînes historiques. La tentation d’y retourner existe-t-elle encore pour vous ?

Je me sens super bien sur D8. Il faudrait vraiment qu’on me propose quelque chose qui me bouleverse. On me le propose déjà aujourd’hui, et c’est sur D8. Je suis dans une véritable relation de confiance avec la chaîne et les dirigeants. C’est véritablement du sur mesure sur D8. L’avantage, c’est qu’on est en prise directe avec ceux qui la fabriquent et la dirige. Quand on est bichonnée, il n’y a pas de raison d’aller voir ailleurs.

Vous collaborez beaucoup avec Cyril Hanouna. Peut-on parler d’exclusivité ?

Non, car sur Les Maîtres de l’humour ou On chante tous Disney, ce n’était pas produit par Cyril Hanouna. Après, il est vrai que lorsqu’on me présente un projet, j’en parle avec lui, car c’est un ami et un producteur que j’apprécie énormément et que je considère dans l’ère du temps.

Touche pas à un mon poste connait un succès historique depuis la rentrée. Comment analysez-vous votre concurrence en access prime time ?

Le Grand journal c’est très compliqué, car ils ont à la fois gardé le nom, mais changé la formule. Ça a peut-être déstabilisé les téléspectateurs historiques et les nouveaux. Ça a pu être déceptif pour ceux qui voulaient du changement et ceux qui voulaient retrouver les valeurs précédentes. Je trouve Maïtena Biraben formidable et talentueuse. Je n’ai pas de recette miracle sur cette émission.

Que pensez-vous de la montée en puissance de C à vous ?

Il a fallu qu’Anne-Sophie Lapix crée une bande et ça prend du temps. Ça ne peut pas être factice et il a fallu créer une vraie complicité. L’offre est plutôt maline et intéressante. Ils font à la fois ce que propose Canal+ avec de l’information un plus posée et pondérée, et ce que Touche pas à mon poste fait avec de l’humeur et de l’humour.