Toutelatele

Valérie Karsenti (La Faute / Scènes de ménages) : « Voir son enfant disparaître est le pire des cauchemars »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 29/11/2018 à 18:40 Mis à jour le 29/11/2018 à 19:00

Valérie Karsenti amuse au quotidien les téléspectateurs de M6 en incarnant Liliane, épouse de José, dans Scènes de ménages. Le changement de registre est radical dans La Faute où l’actrice incarne Lisa, une femme rongée par la culpabilité après l’enlèvement d’une adolescente. L’occasion pour la nouvelle quinquagénaire de revenir pour Toutelatele sur les malheurs de son personnage mais aussi de démarquer la fiction des autres productions françaises...

Joshua Daguenet : Vous êtes l’héroïne d’une fiction s’inspirant d’un roman de Paula Daly, « Just what kind of mother are you ? » Qu’avez-vous apporté à votre personnage par rapport à celui du livre ?

Valérie Karsenti : Je n’ai pas lu le livre mais uniquement le scénario et le producteur Sidney Gallon a pu s’inspirer librement de l’auteur qui lui a donné tous les droits d’adaptation. Quand il est venu me voir, il m’a proposé ce scénario et moi, j’ai apporté mon interprétation.

Lisa est rongée par la culpabilité après la disparition de la fille de Claire. Est-ce, pour elle, une situation pire que si sa propre fille avait été enlevée ?

C’est très difficile de l’imaginer. En terme de dramaturgie, c’est atroce. Elle a le chagrin de mère en moins mais la culpabilité en plus. Or, Lisa a déjà des complexes d’infériorité, elle croit que les autres font tout mieux qu’elle. Cette faute, ou plutôt cette négligence, résonne terriblement en elle et cela la ramène à la nullité qu’elle pense être. Elle doit faire une tentative de réparation d’une faute qu’elle pense avoir commise. Voir son enfant disparaître est de toute façon le pire des cauchemars.

La sœur de Claire voue une haine à l’égard de Lisa et les adultes règlent leurs comptes au milieu de drames vécus par des adolescentes. Ne devient-on donc jamais totalement « responsable » ?

Je ne pense pas que les adultes règlent leurs comptes mais plutôt la vie continue. La sœur de Claire a un problème psychologique car elle ne peut pas avoir d’enfant et elle est dans une rivalité permanente avec les autres femmes. Elle se sert du drame pour laisser son hystérie éclater mais son problème existe déjà avant le drame.

« Lisa croit que les autres font tout mieux qu’elle »

Sur l’affiche de la fiction s’inscrit la phrase « Parfois, la négligence est pire que le crime ». Comment défendriez-vous cette affirmation ?

Je ne peux pas la défendre. Dans la négligence, la responsabilité est infime par rapport au crime. Ces deux termes n’ont rien à voir. Je peux seulement penser que le scripte s’est appuyé sur la culpabilité de Lisa pour écrire cette phrase.

Vous formez avec Philippe Lelièvre un couple très instable qui repose sur un gros mensonge. Comment Lisa, qui semblait au début de la fiction vouloir avoir le contrôle de tout, a laissé autant les événements lui échapper ?

Pour moi, ce couple est très stable même s’il y a un événement qui arrive mais elle est saoule et un type profite d’elle. Le mari de Lisa la connait bien, sait qu’elle doute et à quel point elle est fragile. La situation fait que Lisa commet des erreurs mais cela ne remet pas en cause leur relation. Très souvent, tout est lisse dans les fictions françaises. Elles sont extrêmement manichéennes et les personnages sont négatifs ou positifs mais dans la vie, ce n’est jamais comme ça. Au moment de l’écriture de La faute, j’ai affirmé que Lisa ne devait pas justifier ses actes car on fait parfois des conneries dans la vie. Il ne faut pas avoir de jugement moral sur les personnages sinon on ne raconte plus rien.

Dans Scènes de ménages, Paul Lefèvre incarne votre fils Manu, la trentaine, tandis que dans La Faute, il est policier et vos enfants sont bien plus jeunes. Cette fiction vous rajeunit…

Liliane et Lisa ont le même âge mais elles ne sont pas du tout les mêmes femmes. La première est simple, elle n’est ni maquillée, ni coiffée et porte des chaussures de montagne… elle n’est pas sophistiquée et elle paraît plus jeune. Quand j’ai tourné La Faute, j’ai rencontré Paul, un garçon que j’aime beaucoup, et j’ai pensé à lui pour incarner mon fils dans Scènes de ménages. Je n’ai aucun problème d’image et je me fiche d’être rajeunie ou vieillie…

« Je n’ai aucun problème d’image... je me fiche d’être rajeunie ou vieillie »

Peu de temps après vos débuts dans la peau de Liliane, vous avez campé l’un des personnages principaux dans Maison Close jusqu’en 2013. Est-ce important pour une comédienne très ancrée dans un rôle, de varier son registre dès que l’occasion s’en présente ?

J’ai tourné les deux séries en même temps donc je n’étais ancrée dans aucun rôle. Je ne les choisis pas en fonction de ce que j’ai pu faire avant. Je ne cherche pas à prouver quoi que ce soit, je choisis des comédies, des drames et des personnages qui m’intéressent. Mes choix sont sincères, je n’ai rien à rattraper ou à changer.