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Yannick Bisson (Les Enquêtes de Murdoch) : « On aimerait beaucoup tourner un épisode en France »

Claire Varin
Publié le 02/11/2014 à 18:57 Mis à jour le 17/12/2014 à 15:02

Yannick Bisson, comédien québécois, qui a débuté sa carrière en anglais à l’âge de 13 ans, était de passage à Paris pour parler de la saison 7 des « Enquêtes de Murdoch ». L’acteur a évoqué son personnage, son expérience de réalisateur, l’état de la production au Canada, mais aussi le succès de la série policière historique, diffusée dans 120 pays.

Vous incarnez l’inspecteur Murdoch depuis huit saisons. Comment décrivez-vous l’évolution de votre personnage ?

Yannick Bisson : Le monde - les découvertes d’autres civilisations, la science, les aspects fantastiques - se déroule devant ses yeux. Ça le grandit et son appétit grandit. Il commence à laisser aller certaines choses, certaines chaînes qui l’ont entravé à cause de la religion ou de son enlèvement. Et moi, je suis surpris chaque année et à chaque épisode. C’est comme manger un bon repas. Je déguste. Murdoch est juste, courageux, sympathique et objectif. Il a toutes les qualités que chacun voudrait avoir. Il admet aussi ses fautes. Il est nos yeux et notre voix sur le monde.

Avez-vous une explication sur le succès de la série, notamment en France ?

Je crois que c’est un format universel. Il y a des crimes, un détective, de la romance, du fantastique et un aspect Jules Verne. C’est peut-être un peu plus complexe que la plupart des séries américaines du genre. Les Enquêtes de Murdoch est plus colorée et moins formatée. On a des meurtres chaque semaine, mais aussi de la comédie, du drame, des cascades, des navires, des avions, des inventions et des personnages historiques, emballés dans une même série.

Murdoch est-il la réponse canadienne à Sherlock ?

Sherlock est la quintessence du détective donc ce serait fou de ne pas imiter un ou plusieurs de ses aspects. Il y a davantage de sciences dans Murdoch que dans Sherlock. Mais Murdoch a aussi son side-kick et son Moriarty avec Gillies et d’autres...

Cette saison 7 est plus longue avec 18 épisodes contre 13 habituellement. Quelle en est la raison ?

C’est parce qu’ils s’essayent de me tuer (Rires). C’est l’appétit de la série qui a fait grandir la saison. La saison 8 aura 18 épisodes aussi. Pour moi, c’est un marathon un peu plus long. On a le même nombre de jours de vacances, mais on tourne deux mois de plus. J’espère que l’année prochaine, on aura une organisation différente et plus de congés durant le tournage.

La relation amoureuse entre Murdoch et Julia Ogden, interprétée par Hélène Joy, évolue. Des fiançailles sont-elles prévues ?

Ça fait sept ans que cette relation court. Si on avait continué comme ça plus longtemps, ça aurait été embêtant. Donc on a décidé de la faire évoluer un peu dans cette saison 7. Personnellement, j’avais des réserves à réunir Julia et Murdoch. J’avais peur qu’en renonçant à cette tension entre eux, on perde un aspect de la série, qui décevrait les fans. Mais j’ai confiance en Pete [le showrunner Peter Mitchell, ndlr.] et son équipe. Et je peux dire que ce qu’ils ont choisi de faire fonctionne bien.

« Les Enquêtes de Murdoch peut-être un peu plus complexe que la plupart des séries américaines du genre »

Vous avez tourné le 100e épisode. Imaginiez-vous pouvoir incarner ce personnage aussi longtemps ?

Pour n’importe quelle série, tourner 100 épisodes est une chose très rare. C’est une grande réussite pour nous et une grande fierté. Et la plupart des gens de l’équipe d’origine sont encore avec nous, huit ans plus tard. Le temps a passé très vite. La saison 8 est sans doute notre meilleure saison. On va parler de la modernisation et des droits de femme... Le public a répondu très positivement à ce début de saison.

Vous avez réalisé certains épisodes de la série. Pouvez-vous parler de cette expérience ?

La réalisation est une des meilleures expériences de ma vie. J’adore ça. Je me sens plus impliqué dans le processus créatif. En tant qu’acteur, on peut parfois être plus détaché et ça peut ne pas être aussi stimulant. L’engagement du réalisateur est plus passionnant. C’est aussi plus épuisant alors je ne peux faire que le premier épisode chaque année. De cette façon, j’ai plus de temps pour me préparer.

De nombreuses productions américaines sont délocalisées au Canada. Percevez-vous ce système comme une source d’opportunités ?

Ça aide l’économie. Ça donne de l’expérience aux techniciens. Mais c’est dangereux quand on a seulement ça. Pour une ville comme Vancouver, c’est surtout du service et assez peu de création. Si les avantages économiques que viennent chercher les Américains changent et qu’ils repartent, il ne reste rien. A Toronto et au Québec, c’est un peu différent. Surtout au Québec parce qu’il y a une industrie qui est aussi grande que tout le reste du Canada. Mais pour nous, acteurs, ce système nous donne souvent des opportunités. On peut jouer une mère ou un fils dans un grand projet américain. Mais ça marche aussi dans le sens inverse. Aujourd’hui, quelqu’un comme Guillermo del Toro est basé à Toronto parce qu’il aime l’endroit, les techniciens, les scénaristes et les studios.

Votre carrière de comédien s’est construite dans des projets anglophones, dont la série Sue Thomas, l’œil du FBI. Aimeriez-vous tourner davantage en Français et explorer la fiction québécoise ?

J’aimerais ça. Même tourner en France. Au Québec, certainement. Mais il y a un système en place qui est bien ancré et qui nécessite de faire toutes les étapes. Il faut passer par l’école d’art dramatique, il faut connaitre les gens. Ça ne marche pas vraiment comme d’autres systèmes. C’est plutôt rigide. Soit on est dedans, soit on est mort.

Peut-on imaginer le tournage d’un épisode des Enquêtes de Murdoch en France ?

On en discute. On aimerait beaucoup le faire. Surtout pour le public français qui aime beaucoup la série. C’est une progression naturelle d’avoir tourner en Angleterre. Vous êtes les prochains !