Toutelatele

Frédéric Diefenthal (Paris, Capitale du Crime) : « Chaque acteur a un rôle d’investigation »

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Rédacteur - Expert TV & Séries
Publié le 15/05/2013 à 20:31 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

Frédéric Diefenthal, ne compte pas se cantonner à ses rôles d’acteur de cinéma ou de série. Fort de ses expériences personnelles et professionnelles, le comédien se mue désormais en guide arpentant les rues morbides de la mégalopole pour le documentaire Paris, Capitale du Crime, le 15 mai sur 13ème Rue. Pour Toutelatele, le volubile personnage se confie.

Clément Gauthier : Pourquoi vous-êtes vous retrouvé aux commandes d’un tel documentaire ?

Frédéric Diefenthal : Il y a un parcours personnel avec une adolescence mouvementée, en rébellion, la période où on a le choix des armes. Ma structure éducative et affective, les divorces et non-dits dans la famille ont participé à cet état d’esprit. J’ai, par ailleurs, eu un regard sur l’information. Ma grand-mère était turfiste et consultait les journaux que je feuilletais aussi, notamment Le Petit Parisien. En voyant des faits divers un peu glauque, on se demande « Pourquoi !? ». On veut comprendre malgré l’innocence de l’âge.

Le passé d’acteur joue-t-il un rôle ?

Chaque acteur a un rôle d’investigation. Dans des films comme Dédales, j’ai interprété l’inspecteur Matthias qui se penche sur les meurtres d’une tueuse schizophrène, ça m’a permis de me rapprocher encore de ce contexte. C’est un film qui m’a fait franchir un cap. Entre Taxi et Dédales, il y a un monde. Voilà pourquoi on m’a appelé sur le documentaire, c’est parce que j’ai navigué sur des genres différents de flics autant à la télé qu’au ciné en jouant aux cartouches et aux voyous.

Vos influences cinématographiques et télévisuelles vous ont-elles influencé ?

Au cinéma, je passe des Enfants du Paradis à tous les films d’Audiard jusqu’à Drive aujourd’hui. Il y a aussi Ne le dis à personne de Guillaume Canet ou les films de Chabrol. Au sujet des séries, je ne suis pas un bon client, ma femme me raconte les pitchs. Les émissions comme Faîtes entrer l’accusé me plaisent, car c’est du classique, il y a toute une scénographie, ce fameux générique et le blouson en cuir de Christophe Hondelatte. Une émission américaine assez folle m’a interpellé - L’enfer des prisons - Il y a des infiltrés dans les prisons, c’est démentiel. Ils ne prennent pas d’acteur pour jouer, c’est du concret !

« J’ai navigué sur des genres différents de flics autant à la télé qu’au ciné en jouant aux cartouches et aux voyous »

Y’a-t-il eu des surprises pendant le tournage ?

Il y a eu des intervenants inhabituels comme le voisin de Petiot. Pendant un tournage de nuit, on l’a pris sur le vif. Il s’est mis à la fenêtre et a déclaré approximativement : « C’est pas comme ça que ça s’est passé ». Il s’est mis à dévoiler son expérience de l’affaire, c’était enrichissant pour le documentaire. Il y a aussi Alain Bauer, grand criminologue influent qui prend part au débat.

Pouvez-vous expliquer l’intention du livre Paris, Capitale du crime ?

D’abord, la littérature m’a beaucoup influencé, de Zola à Balzac puisque ce sont eux qui ont le mieux décrit le Paris que l’on a pas connu. Stieg Larsson, l’écrivain de la trilogie Millenium, m’a aussi beaucoup plu. Karine Giebel également avec ses Morsures de l’Ombre. Je travaille d’ailleurs sur l’adaptation d’un de ces romans. La condition sine qua non, prise avec Paul-Henri Moinet, était de ne pas faire une simple adaptation, mais qu’il y ait communion entre mon écriture et la plume de Moinet, l’homme érudit, intellectuel. On avait envie d’aller plus loin dans le second degré, l’humour noir et que la frise chronologique s’étende sur 150 ans jusqu’à l’affaire Magnotta en 2012.