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Aline Afanoukoé (Le Ring) : « On pensait vraiment qu’on allait passer à la trappe comme Taratata »

Tony Cotte
Publié le 27/09/2013 à 16:22 Mis à jour le 17/10/2013 à 18:56

Tony Cotte : Sur le tournage du Ring, on vous a sentie particulièrement heureuse et soulagée d’être de retour pour une saison 2. Le renouvellement a-t-il été difficile ?

Aline Afanoukoé : C’est le moins que l’on puisse dire. Il y a eu de nombreuses discussions autour du budget de l’émission et de sa case horaire. À France Télévisions, tout ce qui concerne la culture, et plus particulièrement la musique, a été réduit. On pensait vraiment qu’on allait passer à la trappe comme Taratata, CD’aujourd’hui et Planète Musique Mag. Mais la chaîne, les labels ou les partenaires, que ce soit Orange ou Deezer, étaient très contents de la première saison. Je suis honorée de ce retour ; cette émission donne une fenêtre à des artistes que l’on n’a pas forcément l’habitude de voir en live.

En dehors de l’animation, avez-vous une autre implication sur Le Ring ?

Je donne des indications sur la programmation musicale. On se concerte pas mal avec François Clarou, le producteur. Comme j’anime également Aline au pays des merveilles, j’ai l’occasion d’avoir des contacts avec des artistes qu’il n’a pas forcément. Je mets un peu mon grain de sel dans tout ça. Nous voyons aussi avec la programmation de la chaîne. Avec l’arrivée des Nova sessions sur France Ô, l’idée est de ne pas faire de doublon.

Pour cette saison 2, le public peut-il retrouver une évolution notable ?

Il y aura des différences, dans des détails bêtes, comme ma tenue. Quand je revêts le costume, je vais cette fois le garder toute la durée de l’émission. Je serai toujours en noir et blanc, c’est le code couleur. Il y a également un petit chapeau que je fais pour l’invité en début d’interview : je résume sa vie en 1 minute et 30 secondes. Il y a d’autres aménagements destinés à redynamiser la partie interview. C’est important d’accéder au live de manière plus rapide.

« Pour reprise, commencer avec Ayo et Stromaé est encourageant »

Pour la première, vous avez reçu Stromaé. Compte tenu de la demande, les démarches pour l’avoir ont-elles été compliquées ?

Pas tant que ça. Nous sommes d’ailleurs très flattés : il a accepté de jouer trois morceaux en exclusivité. Nous avons été sa première télé « live » à la sortie de son album. Il a beaucoup aimé le programme, donc ça a été assez facile de l’avoir. Idem pour Ayo, présente dans la même émission. C’était la première fois qu’elle présentait des extraits live de son nouvel album. Elle avait d’ailleurs un peu le trac de passer derrière Stromaé qui, lui, était particulièrement attendu. Pour une reprise, commencer avec ces deux artistes est encourageant.

La marque France Ô est-elle suffisamment forte pour convaincre certains labels et attachés de presse ?

Personne n’est jamais venu en trainant des pieds ; il y a même de la demande. La marque fonctionne bien. Raison pour laquelle l’absence d’une saison 2 aurait été frustrante. France Ô a vraiment besoin de cette émission, ne serait-ce que pour une question d’image.

Pouvez-vous présenter votre second programme, Aline au pays des merveilles ?

Cette émission me suit dans mes coups de coeur, mes découvertes et mes choix éditoriaux. Je travaille avec une équipe extrêmement soudée. Nous avons pour ambition d’être précurseurs d’une certaine tendance musicale. Le renouvellement était d’ailleurs plus évident. Les deux premières saisons ont plutôt bien fonctionné. Nous avons commencé en format 26 minutes avant de passer au 52. Aline au pays des merveilles est un laboratoire qui a évolué et qui a su s’installer.

Partie 2 > Les Victoire de la musique, Europe 1 et France Inter

En 2011, vous avez coanimé les Victoires de la musique avec Marie Drucker. Que retenez-vous de cette expérience ?

Beaucoup de stress ! Je retiens cette machine de guerre qui consiste à être diplomate et un peu funky pour rendre le tout vivant sur une longue durée. Ça restera une expérience marquante dans ma carrière. Je regardais les Victoires à la télévision quand j’étais petite. Qui aurait cru qu’un jour le générique historique allait s’ouvrir sur Marie Drucker et moi ? Je pourrais montrer le DVD à mes enfants.

Ressentez-vous avec le recul un grand sentiment d’accomplissement ?

Oui. C’est marrant parce que ce n’est pas la musique que j’écoute particulièrement ou que je défends. Mais travailler sur des programmes comme ça m’a ouvert des portes ; c’est très enrichissant. J’aime ne pas avoir de barrières ou d’a priori. Nous ne sommes pas plus bêtes ou plus incultes sous prétexte que l’on préfère M Pokora à Aloe Blacc. On peut parfaitement aimer les deux d’ailleurs. Je n’ai pas de jugement par rapport à ça.

Si on vous proposait à nouveau la présentation des Victoires pour 2014, accepteriez-vous sans hésiter ?

J’accepterais, c’est certain, mais il faut voir avec qui et comment. Ce programme n’arrive pas à trouver son rythme. Pour beaucoup de présentateurs, c’est un peu casse-gueule. Il y a eu cette tentative, lors de mon année, de proposer cet événement en deux parties, dont une sur France 4. Ça n’a pas marché. Après il y a eu Alessandra Sublet qui a fait autre chose, puis Laurent Ruquier et Virginie Guilhaume... On aimerait faire un show à l’américaine, mais on n’y est toujours pas. Si on me le propose, j’accepterai donc, mais à condition d’être plus impliquée dans le déroulement.

Que changeriez-vous concrètement ?

Je crois que ça se passe surtout dans la présentation. En ce qui concerne le live, les artistes sont souvent bien mis en valeur ; il n’y a rien à redire. Quand j’ai coanimé les Victoires, de nombreux efforts ont été faits sur la décoration et l’aspect technique et beaucoup moins sur les présentatrices. Il n’y avait pas assez de connivences entre Marie Drucker et moi. Il y avait également des problèmes de son et je n’entendais pas tout ce qu’elle me disait. Mais ça reste pour moi une super expérience...

... avec un semi-ulcère à la clé !

(Rires) C’est certain. Avant, pendant et après d’ailleurs. J’ai vu l’émission en replay : le simple fait de revoir les images, j’ai ressenti du stress. J’ai eu un problème à un moment donné avec le prompteur pour les appels aux votes. En revoyant la séquence, j’en avais encore mal au ventre.

« Être un faire-valoir me dessert plutôt qu’autre chose »

Côté radio, après avoir été très présente sur Europe 1 en 2011, vous avez totalement disparu de la grille à la rentrée de cette même année. Que s’est-il passé ?

Mes deux saisons à Europe 1 étaient géniales. Alexandre Bompard est venu me chercher alors que j’étais sur Radio Nova depuis dix ans. Il m’a choisie pour ce que j’étais, ce que je dégageais et ma culture musicale. Et puis, il y a eu un changement de direction. Denis Olivennes est arrivé et on a été nombreux à ne pas être renouvelés à l’antenne : Nagui, Taddeï, Pradel... La station voulait se concentrer davantage pour la présidentielle plutôt que sur le divertissement. La ligne éditoriale a été totalement revisitée.

Vous avez enchaîné avec une arrivée sur France Inter...

Ça a été une chance, mais je ne suis pas restée très longtemps (rires). J’étais sur une émission en plein développement et qui n’a pas trouvé sa vitesse de croisière. Elle était présentée par Isabelle Giordanno et de nombreux chroniqueurs, même si avec Marie Colmant, nous étions récurrentes. Ça aurait pu le faire, mais c’était compliqué. Nous n’étions pas assez rodés et tout le monde n’était pas véritablement à sa place. Je crois que c’était difficile pour Isabelle Giordanno de mener une équipe aussi nombreuse. Pour ma part, j’ai rarement été chroniqueuse. Jusqu’alors, j’ai tout le temps été maître de mes émissions. Cette fois, je ne menais pas le débat et ce n’était pas un rôle dans lequel je me suis sentie à l’aise.

Peut-on parler d’égo ?

Pas du tout. Je crois qu’avec l’expérience il y a un moment où on doit savoir ce pour quoi nous sommes faits. Je sais que je suis très à l’aise quand je mène et que je fais le show. J’étais là, clouée à mon siège où tout était très calibré. Pour intervenir, il fallait se battre et ça ne me correspondait pas. Mais en termes d’expérience, tout est bon à prendre. J’en suis sortie avec le constat que ce n’était pas forcément mon truc. Je crois qu’on aime bien avoir les gens qui sont « fun » en faire-valoir. Moi, je connais mes limites. Ça me dessert plutôt qu’autre chose.

Avez-vous des quelconques projets pour un possible retour sur les ondes ?

Je préfère attendre de pouvoir refaire de la radio de la manière dont je l’entends, en animant mon émission, plutôt qu’aller me disperser à aller faire la chroniqueuse. Tous ces métiers-là tournent autour du plaisir et de l’énergie qu’on met dedans. À partir du moment où on accepte de faire quelque chose, parce que c’est prestigieux, comme peut l’être la marque France Inter, on peut accepter un rôle, mais vite se faire bouffer par cette fonction. Désormais, c’est mon moteur. Autant en télé, je fais mes émissions et on me fait confiance là-dessus. Autant en radio, je préfère attendre qu’on me fasse confiance pour être aux commandes en m’entourant de gens dont je connais le travail.