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Anne, la gagnante, révèle les dessous de MasterChef 2010

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Directeur de la publication
Publié le 05/11/2010 à 17:53 Mis à jour le 10/11/2010 à 12:44

33 ans, six enfants, et un projet de ferme-auberge qui aboutira dans quelques jours... Anne est la première MasterChef de France. En remportant la compétition culinaire de TF1 face à Marine, l’agricultrice de Montauban a décroché 100 000 euros, six mois de formation chez Lenôtre et l’édition de son livre de recettes. Juste après sa victoire en direct sur TF1, Anne retrace son incroyable parcours dans cette aventure qui aura duré plus de trois mois.

Jérôme Roulet : Comment vous êtes-vous retrouvée dans l’aventure MasterChef ?

Anne : J’ai vu l’annonce du casting à la télévision, et je me suis inscrite de mon propre chef. A ce moment-là, mon chantier était en suspend, et côté agricole, ce n’était pas la période de pleine activité. Je suis allé sur le site pour en savoir plus et je me suis aperçue que cela pouvait me correspondre. Je me suis donc inscrite pour le casting à Toulouse, seulement quinze jours avant.

Quel a été votre ressenti lorsque vous êtes arrivée dans la plus grande cuisine de France ?

Tout allait très vite, c’était stressant et impressionnant. Mais je m’adapte assez bien, et on s’habitue très vite aux caméras. Et puis quand je cuisine, j’essaye de me concentrer sur ce que je fais. Au final, c’était une belle expérience à vivre.

Dès le départ de l’aventure, vous avez avoué vous être sentie inférieure aux autres. Pour quelles raisons ?

Il y a des personnes qui ont énormément confiance en elles, et leur façon de cuisinier s’en ressent. Ce qui n’est pas mon cas. Après, il y a peut-être aussi une différence de niveau social. En tant que mère de famille nombreuse, je n’ai pas forcément les moyens de prendre des cours de cuisine ou d’acheter de bons livres. Des personnes avaient déjà pris des cours, ne serait-ce qu’amateurs. À un moment donné, je me suis donc sentie dans le niveau inférieur des vingt meilleurs.

Pensiez-vous aller si loin dans la compétition ?

Jamais je n’y aurais cru ! Et ça m’étonne encore toujours aujourd’hui ! (rires)

Lors de la finale, vous avez assisté à l’effondrement du dessert de Marine. Qu’avez-vous pensé à ce moment-là ?

En fait, pendant l’épreuve, je n’ai pas trop regardé Marine. J’étais assez concentrée sur ce que je faisais. Mais une fois que j’avais dressé mon dessert, j’ai vu effectivement que le mien tenait debout, et que le sien avait quelques difficultés. Mais à aucun moment, j’ai pensé que cela pouvait me donner la victoire. Et puis, le jury n’a pas dégusté le dessert tout de suite, alors je me demandais bien si le mien allait tenir d’ici là ! (rires) Je n’ai donc jamais été sûre de gagner !

Vous avez attendu six mois avant de connaitre le verdict. Comment avez-vous vécu cette période jusqu’au dénouement en direct ?

C’était très frustrant ! Rien n’avait filtré... Vu que je n’aime pas être déçue, je me suis même préparée à perdre !

Certains candidats déplorent le fait que l’on ne cuisinait pas assez à MasterChef. Avez-vous ressenti cette frustration ?

On attendait beaucoup pendant les épreuves, et donc il fallait avoir de la patience. À chaque fois, il fallait faire les mises au point, etc... Après, il faut s’adapter, on n’était pas là-bas pour cuisiner 24/24h non plus.


Une partie des médias et du public a pointé du doigt les remarques cinglantes et acerbes des trois jurés. Le jury était-il vraiment aussi méchant ?

(rires) Non, le jury n’est pas méchant. Il est juste, et sympa. Nous, aussi, on nous a traités de pleurnichards, car on ne montrait que les moments où on pleurait. Forcément, sur des heures et des heures de tournage, il faut choisir les moments les plus poignants, ceux où on pleure et où on se fait engueuler ! Mais on n’a pas vu tout ce que le jury a fait pour nous...

Audrey a déclaré que les candidats pouvaient rarement approcher le jury. Est-ce exact ?

On ne nous laissait pas parler seul à seul avec le jury, ce qui me semble normal dans un concours. C’était beaucoup surveillé. Mais souvent, quand on était en groupe, ils donnaient des conseils et répondaient toujours à nos questions.

Par quel juré avez-vous été le plus influencée ?

On a des affinités plus poussées avec certains. Au niveau du caractère, je suis plus proche du Chef Camdeborde. Et puis, il représente le sud-ouest et le terroir. Après, j’ai essayé d’être influencée par les deux chefs.

Comment avez-vous vécu la vie en communauté dans la maison, hors caméras ?

L’ambiance était sympa. J’ai une grande famille donc j’ai l’habitude de la communauté. Mais quand on nous force à habiter avec des gens que l’on ne connait pas, c’est un peu différent ! Il peut y avoir des tensions, mais c’est aussi ça la vie...

On vous sentait cependant un peu en retrait sur le plan de la complicité avec les autres...

C’est vrai, je me suis mise en retrait. Quand je rentrais, je passais de longues heures à téléphoner à ma famille. Ensuite, je bossais le reste du temps. Après, je ne bois pas d’alcool, je ne voulais pas trop faire la fête... De toute façon, je n’étais pas là pour me faire des amis. Il faut être sincère : c’est un concours avant tout ! Mais je suis effectivement peut-être un peu plus sauvage (rires).


L’image que l’on a montrée de vous reflète t-elle la réalité ?

Je suis assez contente du « personnage » qu’ils ont montré. J’ai montré une image assez discrète. Après, il y a eu quelques raccourcis au niveau du montage, notamment à Rome. Ce que j’ai vu à la télévision ne reflète pas ce que j’ai voulu dire à ce moment-là, ni ce que je suis...

Quels ont été vos plus fidèles supporters dans le top 20 de MasterChef ?

J’étais bien ami avec Frédéric et Agathe, même si on a un sacré caractère toutes les deux (rires). Avec Giorgiana, on s’est découvert un peu tard, car elle était dans le groupe avec qui je ne parlais pas forcément.

Pour répondre l’expression de Sébastien Demorand, quel est le plat de votre vie, celui dont vous êtes le plus fier dans MasterChef ?

(rires) Le plat de ma vie a été les ravioles du chef Anton à l’épreuve sous pression. Cela a été un tournant décisif pour moi dans cette émission. Cela ne m’a jamais lâché. Le Chef Anton m’a d’ailleurs demandé ce jour-là « Quel esprit est rentré dans votre corps ? », je suppose qu’il voulait sous-entendre que c’était un peu son esprit à lui (rires).

Avant de vous inscrire à MasterChef, aviez-vous postulé pour d’autres émissions culinaires ?

Non, jamais pour une émission de cuisine. Le seul jeu pour lequel j’ai postulé est Mot de passe (rires).

Le 18 novembre prochain, vous ouvrez votre ferme-auberge. Finalement, vous n’attendiez donc pas la victoire à MasterChef pour accomplir votre rêve...

J’attendais vraiment le déclic. Je nourrissais ce projet depuis longtemps. Les travaux de l’auberge ont débuté il y a deux ans. J’ai acheté une maison en ruine. Je manquais d’argent, je me suis dit que l’émission pouvait être un coup de pouce. Et cela a été le cas, car les banques se sont plus intéressées à moi. J’ai donc pu achever le projet sans connaitre le verdict de l’émission. Tout s’est accéléré grâce à ma participation à MasterChef. Maintenant je vais me servir des 100 000 euros pour rembourser une partie des crédits, et acheter du matériel plus perfectionné.

Êtes-vous prête à remettre votre titre de première MasterChef de France en jeu ?

Pourquoi pas ! Mais vu tout ce que je vais apprendre entre temps, avec les six mois de formation offerts chez Lenôtre, cela risque d’être très dur pour le prochain finaliste (rires)