Après Friends et Joey, France 2 mise sur Préjudices

Pas une semaine sans que Les Experts, R.I.S, Une femme d’honneur, P.J ou une de leurs consœurs n’atteignent les sommets de l’audience : les séries policières sont plus que jamais les reines du PAF. On pourrait croire qu’entre les productions françaises, américaines, allemandes et anglaises, le paysage est désormais saturé et qu’en matière de crime, tout a été dit. Dès aujourd’hui, France 2 entend bien prouver le contraire avec Préjudices.

Préjudices, c’est d’abord un environnement familier : une juge d’instruction et son greffier (Mathilde - Tadrina Hocking - et Nacer - Smaïl Mekki) et deux lieutenants de police (Marie - Sandrine Rigaux - et Alexandre - Renaud Danner) mettent tout en œuvre pour que la justice triomphe. Mais Préjudices, c’est aussi une multitude de détails qui font la différence. Alors que la fiction française est traditionnellement diffusée en prime time dans des formats longs (52 ou 90 mn), cette nouvelle série s’installe à 18 heures au rythme de deux épisodes de 22 minutes. France 2 souhaitait non seulement élargir son offre en matière de fiction française, mais également équilibrer sa programmation d’access prime-time en proposant désormais de la fiction, du jeu (Des Chiffres et des lettres, Tout vu, tout lu) et du divertissement (On a tout essayé). Le choix du format correspond aussi aux impératifs de ce créneau horaire. Deux enquêtes bouclées en 22 minutes, de l’exposition des faits à la sentence, s’harmonisent avec la mobilité du public de fin d’après-midi.

Toutefois ce n’est pas que d’un simple point de vue formel que Préjudices se différencie des autres fictions. Comme son sous-titre « ce fait divers est peut-être le vôtre » le souligne, il ne sera pas question ici de tueur en série ou de scandale financier. Préjudices joue la carte de la proximité avec des affaires inspirées, plus ou moins directement, de la réalité. Cette plongée dans l’univers de la justice pénale et correctionnelle propose au public des histoires familières qui pourraient être les siennes ou celles de son entourage, dont il pourrait acteur ou victime. Suites procédurières d’un accident de voiture, problèmes de violence à l’école, querelles de voisinage, intimidation d’un enseignant, captation d’héritage... autant de situations qui permettent d’explorer les méandres de l’âme humaine. L’équipe de production de Préjudices met en effet un point d’honneur à éviter le manichéisme pour ses personnages. Chacun se démène avec sa propre réalité, si bien que victimes et coupables sont parfois difficilement identifiables. Comme l’affirme Mathilde, l’une des protagonistes : « On est là pour travailler le doute ». Pas question pour autant de se prendre au sérieux, les héros ont le sens de la répartie et les répliques fusent.

La double diffusion quotidienne impose un rythme de production particulièrement intense. En tournage depuis janvier, Frédéric Berthe, le réalisateur (Alive), a déjà bouclé plus de 50 épisodes. A raison d’un épisode par jour et de cinq épisodes par semaine, c’est presque l’usine, mais personne n’irait s’en plaindre tant les conditions de travail sont agréables. Tous louent la crédibilité du projet, la bonne entente qui règne sur la plateau et la qualité des comédiens pour les premiers comme pour les seconds rôles.

Ces dernières années, France 2 a tenté à maintes reprises d’installer à 18 heures de nouvelles émissions (Qu’est-ce qui se passe quand..., Tutti Frutti, Le grand zapping de l’humour, Sur le vif...), mais, faute d’audience, s’est vue chaque fois contrainte de les remplacer par les valeurs sûres, Friends et Urgences. Ces quinze derniers jours, la série Joey s’est attaquée à cette case horaire avec difficulté. En se lançant dans l’aventure de Préjudices, la chaîne espère changer la donne et se prend même à imaginer un succès comparable à celui de l’autre feuilleton français quotidien du service public : Plus belle la vie...

– Lire l’interview de Sandrine Rigaux, héroïne de Préjudices