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Après les Invincibles, Fortunes veut séduire les amateurs de série

Claire Varin
Publié le 21/03/2011 à 12:13

Depuis quelques années, Arte produit des séries françaises. Du salon de beauté de Venus & Apollon (de Toni Marshall en 2005) à l’entreprise familiale dans la pornographie de Xanadu (à partir du 30 avril 2011) en passant par l’adaptation de la série québécoise Les Invincibles(2010), les projets se développent. Après le succès - notamment critique - de cette dernière, la chaîne a souhaité poursuivre dans le registre de la comédie avec une nouvelle production, Fortunes.

Créée par Stéphane Meunier (Ma Terminale, Foudre), Fortunes prolonge les aventures des quatre amis, débutées dans le téléfilm éponyme, réalisé en 2008. Brahim, Fathi, Driss et Mike, refusent de subir la crise et décident d’accélérer le mouvement de leur vie, et de devenir riches. Mais ils vont se rendre compte qu’ils ne sont pas les seuls dans cette course à la réussite sociale. La série confronte différentes communautés et montre une France multiculturelle. Cet aspect social a intéressé Arte, qui a souhaité « dire des choses sur la société française. » Pour le directeur de la fiction, François Sauvagnargues, Stéphane Meunier les a définitivement convaincus en exprimant « son envie de raconter les communautés comme Scorsese raconte les Italiens dans ses films. » Produisant, au final, une série qui « aborde les différences culturelles sur un ton mordant, avec un zeste de réalisme, une bonne dose d’impertinence et beaucoup d’humour. »

Fortunes joue sur les clichés et la discrimination du quotidien. Et les comédiens, comme la scénariste Sylvie Audcoeur (qui joue également Muriel), soulignent « une liberté dans les textes » offerte par Arte. Une liberté et une confiance que Barbara Cabrita dit ne jamais avoir eue en cinq ans de R.I.S. sur TF1. Un sentiment exprimé par les tous les comédiens, qui tient, aussi, beaucoup à la manière dont Stéphane Meunier travaille. Le réalisateur aime l’improvisation et mélanger acteurs professionnels et débutants, laissant les personnages s’ajuster aux personnalités. Salim Kechiouche (Brahim), Farid Larbi (Fathi), El Bachir Bouchalga (Driss) et Arnaud Ducret (Mike) signent ici leurs premiers rôles importants et se sont sentis investis de « responsabilités » face à la liberté de mouvement que leur a laissée la caméra du réalisateur.

Filmée dans la région de Tours, le producteur Bertrand Cohen explique que les lieux ont été choisis pour « la diversité des décors » et que « Tours a été la ville la plus accueillante vis-à-vis de leur démarche. » Pour Stéphane Meunier, la société française est « une société trop sérieuse, qui ne se regarde plus. Ici, les personnages n’ont pas peur de dire ce qu’ils sont, ni de dire qu’ils veulent gagner de l’argent. J’aime leur regard frais, voire naïf, s’éloignant du cynisme habituel. »

Tournée en 2009, Fortunes « semble très loin » pour certains des comédiens. Ainsi, Farid Larbi regrette que la série n’ait pas été diffusée plus tôt, « il y a quelques mois nous étions en plein dans l’actualité [stigmatisation des Roms] » mais l’acteur est, bien sûr, partant pour l’aventure d’une seconde saison, déjà en préparation. Reste en suspend, l’accueil que lui réservera le public. Fortunes sera diffusée le mardi soir à 22h25. Arte choisit donc de reprendre cette case précédemment occupée par Les Invincibles, dans l’espoir de créer durablement un rendez-vous avec les comédies sentimentales et les histoires d’amitié.