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Avant Desperate Housewives, M6 explore l’Algérie

Ariane Grassi
Publié le 16/05/2006 à 01:08 Mis à jour le 16/05/2006 à 10:36

Entre les dix semaines consacrées à L’Hôpital des Enfants et le lancement le 23 mai de la première saison inédite de la série déjà culte, Desperate housewives, M6 ose une programmation audacieuse pour sa case du mardi soir avec 1930-1962 : Quand l’Algérie était française. Ce documentaire s’inscrit dans la lignée de Hitler, la folie d’un homme, documentaire anglais diffusé sur M6 au printemps 2005 et adapté pour la France par l’équipe qui a réalisé le film sur l’Algérie. Il offre en effet une vision inédite et en couleurs de l’Histoire. En outre, pour une approche plus moderne et plus accessible de cette dernière, le film privilégie l’évocation du quotidien des gens plutôt que des évenements officiels.

Chaîne plébiscitée par les 15/34 ans, M6 s’est régulièrement illustrée dans le divertissement, les séries ou le magazine, mais beaucoup plus rarement dans le documentaire historique. Lors du précédent essai, le public a néanmoins prouvé qu’il était aussi amateur d’Histoire, puisque les téléspectateurs étaient plus de 4 millions et demi à suivre la destinée du dictateur pour 19% de part de marché, soit une audience supérieure à la moyenne de la chaîne. A l’heure où les débats sur l’immigration ou sur le passé colonialiste de la France font rage, ce nouvel opus sur l’Algérie devrait susciter l’intérêt, mais face à la spéciale de Qui veut gagner des Millions ?, à l’inédit Matrix Reloaded et à l’atout gagnant de France 3 Louis la Brocante, réussira-t-il à égaler son prédécesseur ?

Serge de Sampigny, le réalisateur du documentaire, nous en dit plus sur la création de ce programme atypique.

Ariane Grassi : Quand l’Algérie était française a les honneurs du prime de M6, quelle est sa spécificité ?

Serge de Sampigny : L’Algérie Française est une période peu connue de l’Histoire de France, et quand elle l’est, c’est par le récit des batailles. Pour ce documentaire, nous avons préféré mettre l’accent sur les histoires humaines. Nous avons sillonné la France et un peu l’Algérie pour retrouver des films amateurs en 8mm, souvent au fond de malles oubliées. Nous en avons trouvé des dizaines, tous en couleur. Ce sont de véritables trésors pour l’Histoire car ils nous montrent la vie privée des habitants et nous permettent de découvrir une société totalement engloutie.

Ariane Grassi : Qui sont les metteurs en scène de ces films amateurs ?

Serge de Sampigny : Ils ont été tournés par des algériens, les plus aisés naturellement, des pieds-noirs mais aussi des appelés du contingent qui voulaient fixer sur pellicule l’aventure de leurs 20 ans. Au final, le documentaire est composé de trente films amateurs. Les 2/3 des images du film sont inédites, et elles sont constitués à 80% de films amateurs.

Ariane Grassi : A-t-il été difficile de récupérer ces films ?

Serge de Sampigny : Il a vraiment fallu parcourir la France d’est en ouest, du nord au sud (rires), mais ceux qui ont prêté les films étaient très désireux qu’on raconte leur histoire, notamment les pieds noirs qui se sentent incompris. Ils nous ont commenté leurs bandes, et ces témoignages sont lus par des comédiens, du même âge qu’eux à l’époque, afin de nous replonger dans les mentalités de l’époque.

Ariane Grassi : Etes-vous sensible au fait d’être diffusé sur M6, une chaîne au public plutôt jeune ?

Serge de Sampigny : C’est très important. Même s’il est naturel que le sujet touche plus spécialement les descendants de pieds-noirs et d’algériens, on ne s’adresse pas un public d’initiés. Ce film est destiné à tous, même ceux qui ne connaissent rien de cette période. Tout est fait pour que le discours soit le plus limpide possible, nous ferons appel à des cartes en 3D et la chronologie sera parfaitement respectée. Nous espérons que le film sera utile aux lycéens et aux étudiants.

Ariane Grassi : Après Hitler et l’Algérie, comptez-vous poursuivre dans cette voie ?

Serge de Sampigny : Tout à fait. Nous sommes d’ailleurs en train de préparer un film sur Staline, également en couleurs. Ce sera un portrait comme l’était l’adaptation du documentaire sur Hitler. Nous choisissons des sujets à résonnance universelle. Le film sur l’Algérie nous interroge ainsi sur les rapports que la France entretient avec les pays du Sud et les anciennes colonies. Hitler représente le mal absolu, Staline symbolise la perversion d’un rêve d’égalité. Ce sont des sujets à forte problématique que nous abordons sans polémique mais qui peuvent enrichir nos questionnements actuels.