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Avec l’Egypte, France 2 veut tacler le football de TF1

Ariane Grassi
Publié le 21/02/2006 à 00:38 Mis à jour le 21/02/2006 à 16:06

Longtemps habitué aux programmations tardives, le documentaire a su depuis quelques années conquérir un large public télévisuel grâce au genre de la docu-fiction. C’est de la volonté de mêler la véracité des ressources documentaires à l’émotion des reconstitutions qu’est né ce nouveau type de films, et deux ans après son lancement, la formule continue de plaire.

France 2, la première, a fait le pari d’une programmation en prime time avec Le dernier jour de Pompéi, docu-fiction anglais diffusé tout d’abord par la BBC1. Séduits par cette nouvelle approche de l’Histoire, les Français étaient, le 22 février 2004, près de neuf millions (32,5% de part de marché) devant leur petit écran pour vivre au plus près les funestes répercussions de l’éruption du Vésuve. Ils ont ainsi permis au service public de dominer la soirée en terme d’audience, puisque le film de TF1, A l’aube du sixième jour, n’a rassemblé « que » 7,6 millions de téléspectateurs.

Depuis, toutes les chaînes hertziennes ont ponctuellement ouvert leur grille aux docu-fictions, avec une prédilection pour les sujets d’Histoire antique ou contemporaine. TF1 a notamment mis l’accent sur les célébrations de la Seconde Guerre Mondiale avec Auschwitz, 3 millions de téléspectateurs pour chacune des deux parties programmées en deuxième partie de soirée, et Hiroshima, vu le 4 août 2005 par 7 millions de personnes pour 37% de part de marché. Dans la même lignée, France 2 a diffusé en juin 2004 D-day, leur jour le plus long, qui a retenu l’attention de près de 5 millions de téléspectateurs (24,1%). Plus décalée, La véritable histoire de Barbe Noire le pirate qui se déroule au XVIIIè siècle, a charmé plus de 5 millions de fidèles (19,5%). Et si France 3 a joué la carte de l’extrême contemporain, avec la toute récente programmation de L’Ordre du temple solaire (3,7 millions pour 14,7% de part de marché), M6 a, quant à elle, opté pour la science-fiction avec Supervolcan, un film en deux parties qui dépeint ce qui arriverait dans un futur proche si le volcan du Parc de Yellowstone se réveillait (4,3 millions et 18%).

Si la docu-fiction s’attache à toutes les périodes de l’Histoire, on peut noter que le genre affiche une prédilection pour l’époque antique. Après Gladiateur en 2004, France 2 a donc décidé de programmer dès ce soir une série exceptionnelle sur l’Egypte. Trois films de 90 minutes reviendront sur les grandes étapes de la découverte au XIXème siècle de cette civilisation oubliée, en invitant les téléspectateurs à suivre le destin et à partager l’émotion de trois « découvreurs » hors du commun. Produits par la BBC et diffusés en six épisodes de 52 minutes peu avant Noël, ils ont déjà séduits le public anglais, atteignant jusqu’à 30% de part de marché pour le premier épisode.

Pour l’unique diffusion en prime-time ce soir, France 2 a choisi Sur les traces de Ramsès II, qui est l’œuvre la plus susceptible d’amener le public vers des horizons nouveaux. En effet, le film met en scène l’étonnant Giovanni Belzoni, resté inconnu du grand public malgré son rôle majeur dans l’exhumation de cette civilisation enfouie. Suivront, en deuxième partie de soirée et dans un intervalle de dix jours, A la recherche de Toutankhamon et Le secret des hiéroglyphes qui évoquent respectivement les découvertes d’Howard Carter et de Jean-François Champollion.

D’importants moyens ont été mis en œuvre pour que ces trois volets apparaissent les plus vraisemblables possibles. Les équipes ont passé cinq mois en Egypte et ont obtenu de filmer des endroits jusqu’alors interdits, pour obtenir au final des images où les décors réels se mêlent aux images de synthèse et aux reconstitutions en plateau. C’est l’importante documentation de l’époque, notamment le journal de Belzoni, qui a permis une telle précision dans la reconstitution. Même le choix des acteurs s’est fait selon les dessins laissés il y a près de 200 ans par les témoins !