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Avec le Grand Journal, Canal + tourne la page Nulle Part Ailleurs

Alexandre Raveleau
Publié le 17/11/2008 à 14:46 Mis à jour le 17/11/2008 à 15:18

Zone à fortes turbulences concurrentielles, la tranche horaire du 19 - 21 heures a connu un début de saison mouvementé. D’abord l’access, avec Julien Courbet et son Service maximum (France 2) qui n’assurent au final qu’un service minimum... Puis, à 20 heures, Laurence Ferrari (TF1) accusant le contre coup d’une compétition ravageuse, dont celle des Mistraliens, ultimes remparts à la dérobade générale des moins de 25 ans sur France 3... Reste sur cette mer agitée, où flottent également programmes courts et tunnels de publicité (quoiqu’en sursis), un navire à la voile sans cesse gonflée par des vents favorables : Canal + et son Grand Journal.

Du lundi au vendredi, entre 19h10 et 20h50, Michel Denisot et son équipe de chroniqueurs accueillent le gratin de la gent politique, artistes du monde entier, auteurs à succès et sportifs médaillés, sans l’ombre d’une anicroche, depuis déjà septembre 2004. En hausse constante depuis son lancement, le nombre de téléspectateurs peut même désormais culminer aux alentours des 4 millions les bons soirs. Il faut dire que dorénavant, le talk-show de la chaîne cryptée en clair flirte régulièrement avec les 9% de part de marché. A son lancement, Canal + se félicitait déjà d’une moyenne de 4.2%...

Entrecoupé par le rendez-vous des Guignols de l’info à 19h55, le Grand Journal manie le sérieux du débat politique et intellectuel (19h10 - 19h50), à la légèreté de l’actualité culturelle et sportive (20h10 - 20h50). Au quotidien, cette recette s’avère donc des plus conquérantes. Plus qu’un simple fourre-tout attrape bobos, le Grand Journal semble toucher un public toujours plus large, des curieux toujours plus nombreux selon les « coups » à l’antenne, séduisants par secousses régulières 15/25 ans, CSP + et ménagères de moins de 50 ans dans la même semaine. Parmi les plus récents : l’interview de Mikhail Sakachvili, président de la Géorgie (13 novembre), la rédaction en chef confiée à Carla Bruni-Sarkozy (18 septembre) ou encore l’escale à New York pour les élections présidentielles (du 3 au 5 novembre). Quant au soir des retrouvailles de la famille Hallyday père et fils, la barre des 10% de part de marché était franchie (10.5% entre 20h10 et 20h50). Une première. Avec 2.75 millions de téléspectateurs, le Grand Journal atteignait alors le record absolu de Canal +, depuis sa création. À 20h47 ce soir-là, 4.07 millions de curieux étaient au rendez-vous, plaçant la chaîne devant France 2 et M6.


Suite à l’arrêt de Nulle Part Ailleurs, en juin 2001, plus d’un concept se sont frottés à l’exercice. Peu ont réussi l’examen... Par ordre de disparition : + de cinéma (Isabelle Giordano et Philippe Vecchi), Burger Quiz (Alain Chabat), Hypershow (Frédéric Beigbeder), Maurad contre le reste du monde, Le journal des bonnes nouvelles (Victor Robert et Estelle Martin), Merci pour l’info (Emmanuel Chain et les débuts de Marie Drucker) et 20h10 pétantes (Stéphane Bern, Muriel Cousin et Ariel Wizman). Puis Canal + a confié les rennes de la tranche complète à Michel Denisot, journaliste et dirigeant maison.

Lors de leur première saison, l’animateur, ses chroniqueurs, et ses quatre acolytes virtuels, ont démarré avec une moyenne de 710 000 téléspectateurs, soit donc 4.2% de part de marché. Année après année, la courbe s’est montrée parfaitement rectiligne, sans pour autant inquiéter la concurrence de prime abord. En 2005/2006, le cap du million de fidèles était tranquillement franchi, soit l’équivalent de 4.6% du public de la tranche. La saison suivante, 6.1% de part de marché et 1.3 million de téléspectateurs se réjouissaient de retrouver Boîte à questions et Live musical. Entre septembre 2007 et juin 2008, le Grand Journal a affiché 6.8% de part d’audience moyenne. Son public était alors composé de 1.43 million de téléspectateurs. La tendance est toujours à la hausse. L’émission est devenue au fil du temps un sérieux rival.

S’il peut compter sur une programmation d’invités prestigieux, Michel Denisot n’est surtout pas seul à la barre, s’appuyant ainsi sur une équipe de chroniqueurs et humoristes, à faire pâlir les vétérans de la « grande époque » de Canal +. A la section comique, Yann Barthes (Petit journal actu et people) et le duo Omar et Fred (SAV des émissions) assurent la relève. Jean-Michel Apathie, Ariane Massenet, Mouloud et Ali Baddou, entre autres intervenants, jouent quant à eux les spécialistes tout terrain, voire les snipers de luxe... Et la liste des « anciens » du Grand Journal est déjà longue : Frédéric Beigbeder, Laurent Weil, la météo de Louise Bourgoin, la Minute Blonde, Marie Drucker et Thomas N’Gijol restants les plus marquants.

En conjuguant les faiblesses et inconstances des concurrents, au tapis de stars, reposant sur une mécanique des plus huilées, Canal + a retrouvé la fierté qu’elle affichait au temps de Nulle Part Ailleurs et consœurs. Définitivement rangé au musée de la chaîne, Philippe Gildas peut enfin transmettre le flambeau. Côté Grand Journal, la production ne baisse quant à elle pas la garde. Prochains invités prestigieux : Tom Jones le 20 novembre, Ben Stiller et Chris Rock le lendemain. Et pourquoi pas Britney Spears, le 28 novembre ? La star, attendue sur le prime de Star Academy, pourrait bien faire un passage remarqué sur le plateau de la rive gauche. Seule Céline Dion refuse encore l’invitation...