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Bernard Yerlès > Le héros de Merci les enfants vont bien se confie

Emilie Lopez
Publié le 22/10/2008 à 16:14 Mis à jour le 04/11/2008 à 16:03


Emilie Lopez : La troisième saison de Merci, les enfants vont bien ! débute ce 22 octobre. Pouvez-vous, en quelques mots, nous dire où en est la famille Blanchet ?

Bernard Yerlès : On a quitté la famille Blanchet après le mariage raté de la fille ainée. Un an plus tard, elle a muri. Benjamin, un nouveau beau-fils, est arrivé, et Jean-Pierre a quelques soucis professionnels. Il se fait virer par son patron, du coup il va un peu vivre la crise de la quarantaine. Il décide de prendre un peu de temps pour lui, d’affirmer sa différence, et cela met en péril l’équilibre des rentrées financières de la famille. Ce qui va engendrer une véritable crise familiale autour de Jean-Pierre.

Emilie Lopez : Avez-vous hésité avant de signer pour cette nouvelle saison ?

Bernard Yerlès : Non, pas du tout. Depuis le départ, une complicité s’est installée, non seulement entre les acteurs, mais également avec le metteur en scène, le même depuis le début de la série. C’est assez rare pour être souligné ! C’est comme dans une tournée théâtrale, j’adore ça ! De plus, nous tournons à Marseille, c’est un dépaysement tout à fait agréable à vivre pour nous. La famille s’élargit un peu, les personnages secondaires prennent plus d’importance, du coup le spectre des multiples possibilités est vraiment très large. On est vraiment tous ravis de rempiler à chaque fois, si bien que nous avons le projet d’en faire six encore, et emmener la famille Blanchet autre part, peut-être au Maroc...

Emilie Lopez : A chacune de ses diffusions, Merci, les enfants vont bien ! attire un grand nombre de téléspectateurs. Comment expliquez-vous ce succès ?

Bernard Yerlès : Aujourd’hui, les gens aiment le feuilletonnant, la fidélité aux personnages. J’ai l’impression qu’ils se sont un peu attachés à cette famille Blanchet, qu’elle est entrée dans l’imaginaire collectif. Cette solidarité familiale, dans la crise actuelle, fait plaisir et donne un peu de réconfort aux gens. De plus, les thèmes abordés dans Merci, les enfants vont bien ! vont un peu dans tous les sens : la crise du couple, l’adolescence, les problèmes socioprofessionnels, l’affirmation de la femme... Tout cela est fait avec vérité, et avec le ton de la comédie, qui ne nous prive pas de situations rocambolesques !

Emilie Lopez : La comparaison avec Une famille formidable sur TF1 parait évidente...

Bernard Yerlès : Evidemment ! Une Famille formidable est l’ancêtre de Merci, les enfants vont bien ! (rires) En France, les mêmes thématiques reviennent toujours en fiction, mais la manière de la traiter sera différente, et c’est ce qui intéresse les gens. Ici, il y a une filiation certaine, mais nous sommes très différents. Merci, les enfants vont bien ! est un peu comme une comédie italienne, les Blanchet sont un peu « fous-fous », ils s’installent dans une grande maison, ils n’ont pas toujours les moyens de leur rêve...


Emilie Lopez : Pour son retour, Merci, les enfants vont bien ! va affronter un match de l’Olympique de Marseille, et, dès la semaine prochaine, les inédits de Grey’s Anatomy. Ne pensez-vous pas que cela peut nuire à la série ?

Bernard Yerlès : Je ne sais pas trop quoi dire par rapport à ça, je ne suis ni programmateur ni diffuseur. J’aurai eu tendance à protéger peut-être un peu plus la série... Mais j’ai confiance et je pense qu’il y a une attente très forte par rapport à Merci, les enfants vont bien !, je le sens autour de moi, dans les courriers qu’on reçoit, et je pense que les gens seront attentifs quand même...

Emilie Lopez : Le risque est tout de même important. Ne pensez-vous pas qu’un autre jour de diffusion aurait été plus opportun ?

Bernard Yerlès : J’ai l’impression que la compétition est énorme, et cette guerre des chaînes me dépasse un peu. Je pense qu’il y aurait quelque chose à faire par rapport à la spécificité de la fiction française, il faudrait essayer de la protéger. J’ai vu des trucs tellement incroyables depuis que je fais de la télévision, des super beaux programmes du service public à une époque qui étaient envoyés au casse-pipe l’un face à l’autre... En même temps, il faut aussi être capable de faire face à tout : s’il ce que l’on propose est de qualité, les gens regarderont !

Emilie Lopez : Côté série, la France accuse un sérieux retard, notamment par rapport aux États-Unis. Pour quelle raison selon vous ?

Bernard Yerlès : Il y a toujours eu de très bons unitaires et de très bons films de télévision, mais concernant les séries, certaines chaînes, comme TF1, ont peut-être eu un peu trop tendance à toutes les calibrer sur le même modèle. Forcément, il y a eu une fatigue des téléspectateurs, due à un manque de créativité, de diversité et de proposition. Il faudrait remettre le créateur au centre de la production, et non plus les publicitaires ou les marketeurs, qui décident de ce qui va plaire ou non. Il y a une nécessité de prise de risque, importer de nouvelles idées originales. Pour l’instant, seule Canal+ peut se le permettre, et le fait vraiment. De plus, il faut donner du temps à ces nouvelles séries de s’installer.

Emilie Lopez : Avec votre look, la télévision semble vous cantonner aux rôles de gentils. Jouer les « méchants » ne vous a jamais intéressé ?

Bernard Yerlès : Si bien sûr ! Je me sens prêt pour ce genre de travail, d’autant plus que les rôles de méchants sont plus complexes et plus riches à jouer, d’après ce que l’on m’a dit. Au théâtre, j’ai toujours joué des rôles à contre-emploi, rarement de jeunes premiers. Mais lorsque l’on tourne pour la télévision française, on reste souvent dans le même registre. On ne voit jamais en France ce qui a été fait pour Monster, où le canon Charlize Theron joue le rôle de la tueuse en série !

Emilie Lopez : En 2007, lors d’une interview accordée à Toutelatele.com, vous avez avoué être intéressé par l’écriture. Pourquoi ne pas écrire ce genre de rôle pour vous-même ?

Bernard Yerlès : Ça peut être une bonne idée, oui ! (rires) Une fois qu’on a écrit quelque chose, il faut aussi trouver le financement, et ça c’est une autre paire de manches ! Mais il est vrai que c’est dans mes projets à moyen ou long terme...


Emilie Lopez : Et à court terme, quels sont vos projets ?

Bernard Yerlès : Je tourne actuellement en Belgique un pilote d’une série policière. C’est une production de la RTBF, sur un fond belgo-belge, avec des affaires basées sur des faits divers réels belges. France 3 coproduit, et va sans doute diffuser les épisodes, mais ça, je ne sais pas encore !

Emilie Lopez : Après être passé sur TF1 (Rose et Val), puis M6, vous tournez à présent pour France 3, vous êtes partout !

Bernard Yerlès : J’ai toujours été partout ! J’ai fait beaucoup d’unitaires, notamment pour France 3 et France 2, car j’essaye justement de n’appartenir à aucune écurie. On fait ce métier pour être avant tout libre de nos mouvements et de nos choix de rôles.

Emilie Lopez : Est-ce la raison pour laquelle vous alternez entre théâtre, télévision et cinéma ?

Bernard Yerlès : Bien sûr, au maximum. J’ai commencé avec le théâtre, je n’ai fait que ça pendant 10/12 ans, car je n’avais pas grand-chose de plus important, et l’envie de tourner n’est venue que beaucoup plus tard, vers la trentaine passée. Mais je reviens au théâtre dès que je peux, et que c’est possible d’arranger les agendas. C’est vraiment du travail d’humilité, des grands textes, c’est tout autre chose...

Emilie Lopez : L’adrénaline est également différente...

Bernard Yerlès : Oui, le fait d’être tous les soirs devant un public apporte une espèce de danger, de communion qui est absolument singulière et irremplaçable. Être en contact direct avec les gens, et avoir le sentiment qu’une rencontre est possible, j’adore ça ! C’est un art très particulier, très fragile, et je trouve ça important d’y être encore en tant qu’artiste...

Emilie Lopez : Le fait de diffuser du théâtre en direct à la télévision peut justement permettre d’apporter cet art à un public plus large...

Bernard Yerlès : Je trouve ça formidable que ça marche aussi bien, cela prouve que les gens ne sont pas prêts à lâcher ce genre d’évènement. Recréer du direct, cela laisse transparaitre le côté unique de ce qu’est l’acte théâtral. Quand on est dans la salle, les acteurs sont là pour vous ! Pour l’instant, cela fonctionne plutôt bien avec des grands noms, mais il faudra voir si, avec d’autres, cela marcherait également. Mais ça, c’est une autre paire de manches...