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Bibiane Godfroid > Ses prochains enjeux pour M6

Robin Girard-Kromas
Publié le 20/03/2012 à 20:00 Mis à jour le 23/03/2012 à 18:14

Depuis son arrivée en 2007 sur M6, Bibiane Godfroid, Directrice des programmes, a su renouveler bon nombre de cases horaires de la chaîne pour en faire des succès. Alors que certains ne pariaient guère sur l’avenir du Dîner presque parfait, cette émission incarne, à elle seule, la réussite de l’avant-soirée. Quelques saisons plus tard, le 1945 et Scènes de ménages venaient conforter la réussite. Aujourd’hui, La meilleure danse et La belle et ses princes presque charmants sont attendues pour alimenter les soirées. Rencontre.

Robin Girard-Kromas : Depuis l’arrêt de X-Factor en 2011, M6 ne diffuse plus de concours musical de ce genre. Vous avez déclaré par le passé que le retour d’une telle émission était encore possible pour la fin de l’année. Qu’en est-il vraiment ?

Bibiane Godfroid : J’ai toujours dit que je n’excluais pas de refaire un concours de chant ou un télé-crochet musical sur M6. Mais comme on savait depuis très longtemps que The Voice serait sur TF1 et, selon toute vraisemblance au premier semestre, il aurait été aberrant pour les téléspectateurs de mettre un télé-crochet en face au même moment sur M6. Les deux chaînes respectent le public. Pour le reste, je n’ai toujours pas pris de décision définitive : le retour de Nouvelle star ou l’arrivée d’un nouveau format est tout à fait possible au deuxième semestre 2012.

Ne regrettez-vous pas d’être passée à côté du succès de The Voice pour des raisons économiques ?

The Voice, c’était totalement hors des critères de coût M6. J’ai un budget programmes qui est du tiers de celui de TF1, il faut donc être raisonnable. C’est ce qui s’était passé également lors des négociations pour MasterChef il y a deux ans : les prix devenaient non compatibles avec notre chaîne. Cela m’avait alors donné l’idée de partir sur Top Chef et finalement, ça nous a bien réussis. Donc j’espère que La meilleure danse, même si ce n’est pas le même genre de programme que The Voice, ce sera notre Top Chef de cette saison !

La belle et ses princes presque charmants débarque le 3 avril prochain en prime time sur W9. Le programme avait pourtant été développé pour M6. Que s’est-il passé ?

La belle et ses princes est effectivement un programme qu’on a fait au départ pour une deuxième partie de soirée sur M6. A l’intérieur du groupe, on a tous trouvé l’émission formidable. On était déçus de ne pas pouvoir la diffuser en première partie de soirée, car il visait un public un peu trop jeune pour la Six. Et alors qu’on élargit notre public en prime time sur M6, cela n’aurait pas été très cohérent de le programmer à 20h50. On a donc discuté avec Frédéric (de Vincelles, DGA de W9, ndlr), il a accepté que La meilleure danse passe sur M6 et moi que La belle arrive en première fenêtre sur W9 avant d’être rediffusée plus tard sur M6. Cette double diffusion n’est pas gênante : sur les deux cases, nous avons des publics qui sont complémentaires, mais très différents. Cette programmation va donc élargir la potentialité du programme.

TMC (ou NT1) devrait diffuser prochainement Le Bachelor, une émission programmée pendant trois ans sur M6. Pourquoi n’avez-vous pas souhaité miser sur ce format historique ?

On aurait pu le garder si on en avait eu l’envie, mais le Bachelor est une émission excessivement formatée. La belle et ses princes est un format américain que nous avons modifié et inscrit dans son temps. Aujourd’hui, on essaye de proposer ce que les téléspectateurs ont envie de voir, soit plus d’authenticité à la télévision, même dans les programmes de télé-réalité. Or, avec Bachelor, il est difficile de casser la mécanique, la cérémonie de la rose et tous les codes. On a donc beaucoup réfléchi et on s’est dit qu’on ne pourrait en faire une émission qui ressemble au M6 d’aujourd’hui. Nous n’avons donc pas renouvelé le contrat.

La télé-réalité ; au sens strict du terme, semble petit à petit laisser sa place aux docu-réalités sur la Six. Plus de dix ans après Loft Story, le genre ne vous intéresse-t-il plus ?

Nous faisons La belle et ses princes, qui est une vraie télé-réalité, que j’assume d’ailleurs complètement. Après, il est certain que nous ne prévoyons pas de refaire des émissions d’enfermement.


La Six diffusera prochainement une soirée docu-réalité entièrement consacrée aux jeunes mamans avec « 16 ans et maman ». Le projet, lancé en 2010, n’arrive qu’aujourd’hui sur la chaîne. Par ailleurs, tous les épisodes seront proposés le même soir à la suite jusqu’à 0h30. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Les tournages ont duré longtemps, car nous avons souhaité suivre les mamans à partir du moment où elles étaient enceintes jusqu’à ce que leur bébé ait quelques mois. Une grossesse, ça prend 9 mois, les enfants qui grandissent, 1 an, et ensuite il y a encore le montage à faire. Comme Valérie Damidot et les équipes de production de Victoire Bonnot ont eu envie de faire une fiction sur le problème de la grossesse à 16 ans, j’ai décidé d’attendre pour diffuser 16 ans et maman dans la même période pour avoir à la fois la fiction d’un côté et la réalité de l’autre. J’ai ainsi choisi de donner beaucoup de visibilité à 16 ans et maman en la programmant en prime time alors que ce ne devait pas nécessairement être le cas. Ensuite, nous allons les rediffuser en seconde partie de soirée la semaine suivante, juste derrière Victoire Bonnot.

TF1 et France Télévisions travaillent actuellement sur de nouveaux feuilletons quotidiens. M6 a connu de grosses difficultés avec ce format par le passé (Paris 16, Pas de secrets entre nous). Une nouvelle fiction quotidienne est-elle envisagée ?

Nous avons déjà notre fiction française quotidienne avec Scènes de ménages ! Ce que j’ai en projet, ce sont donc d’autres shortcoms à diffuser regroupées sur 26-28 minutes et non pas des feuilletons. Je pense que dans un paysage audiovisuel aussi morcelé que le nôtre, il est important que chacun ait ses spécificités. Aucune chaîne n’a réussi à faire des feuilletons quotidiens à la Plus belle la vie avec succès. Nous, nous avons trouvé notre formule avec les shortcoms et nous allons donc continuer ainsi.

Après Stéphane Plaza et Valérie Damidot, développez-vous une autre fiction avec un animateur M6 comme tête d’affiche ?

Pour l’instant non. Valérie avait vraiment envie de faire la fiction et je pense que c’est une vraie comédienne, elle se défend très bien et progresse d’épisode en épisode. Pour Stéphane Plaza, j’en ai eu envie, car c’est un peu un comédien né dans sa manière de gérer les situations. Nous travaillons donc sur d’autres épisodes de L’homme de la situation. Après, ce n’est pas une règle, tous les animateurs de M6 ne vont pas devenir comédiens, ne vous inquiétez pas ! (rires)

M6 devient de plus en plus coutumière des dépassements d’horaire. Mardi 13 février, l’émission anniversaire des 25 ans de la Six a fini à plus de minuit et demi contre 23h20 annoncé...

C’est d’abord une question de timing : nous fournissons les horaires des différents programmes sans que le montage soit forcément terminé. Pour cette émission, je ne l’ai vue qu’une semaine avant la diffusion (Les programmes télé doivent eux être communiqués trois semaines avant leur mise à l’antenne, ndlr). J’aurais pu dire aux équipes de le réduire d’une heure après avoir visionné le programme. Mais, c’était les 25 ans de M6, ça n’arrive pas tous les jours. Cela aurait été dommage de les frustrer en retirant une partie. D’autant plus que je les ai appelés le lendemain matin de la diffusion pour les féliciter des bonnes audiences de la veille et leur proposer de revenir pour les 30 ans !


Les matinées de M6 ont toujours connu de grosses difficultés avec de très faibles audiences. Desperate Housewives, qui fonctionnait très bien face à La Roue de la Fortune, a été réduite à un seul épisode par jour. Quelle est votre stratégie pour ce créneau ?

Nous avons décidé de réduire la cadence avec Desperate Housewives pour faire durer le plaisir. Pour le reste de la matinée, le groupe M6 a toujours été un groupe qui a diversifié ses résultats avec la publicité bien sûr, mais également avec du télé-achat. Cela fait donc partie de notre stratégie. Je dirais donc que je commence à être directeur des programmes à partir des séries de fin de matinée.

Parmi les émissions emblématiques de la chaîne en matinée, on pense au Morning Live. Le retour d’une matinale serait-il envisageable sur la chaîne ?

Face à la concurrence des chaînes de la TNT, nous devons mettre toutes nos forces financières dans les émissions d’access prime time ou de première et deuxième partie de soirée. Nous n’avons pas les moyens de mettre plus d’argent le matin. Si j’en avais plus, j’en profiterais pour faire un évènement supplémentaire sur la chaîne, ou travailler sur l’heure du déjeuner avec une nouvelle émission. Ce ne serait pas pour aller sur le matin. C’est peut-être dommage, car le Morning a effectivement marqué son époque, mais en même temps, il n’a jamais pu battre Télématin qui cartonne sur la Deux.

Un talk-show à l’heure du déjeuner a longtemps été évoqué dans la presse. Qu’en est-il vraiment ?

Je continue à travailler sur des projets, j’ai fait un pilote. Mais pour l’instant on est déjà en train de travailler sur le 12.45 avec les équipes du journal pour qu’il ressemble plus au 19.45 dans sa forme et dans sa ligne éditoriale.

Dans une interview accordée aux Échos, Nicolas de Tavernost a affirmé vouloir réduire le nombre de séries américaines proposées sur la Six. Dans sa dernière grille des programmes, M6 ne propose plus que deux soirées séries par semaine contre trois auparavant. Cela marque-t-il un véritable bouleversement de la programmation de la chaîne ?

Les séries américaines font partie de la génétique de M6. Quand Nicolas de Tavernost a déclaré cela, il a aussi voulu dire que nous allions continuer à produire de la fiction française, que la chaîne était devenue un autre type de chaîne et qu’elle proposait désormais bien d’autres choses que des séries américaines. Mais tant que des séries comme NCIS, Bones ou Desperate Housewives plaisent à nos téléspectateurs, on ne va pas les en priver !