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Body of proof > Dana Delany, fan de Megan Hunt mais déçue de Desperate Housewives

Claire Varin
Publié le 14/03/2013 à 20:17 Mis à jour le 23/02/2014 à 18:49

Depuis trois ans, Dana Delany est l’héroïne de Body of Proof, dont M6 diffuse la première saison dès ce 14 mars. Il y a quelques semaines, l’actrice était à Paris pour présenter la série dans laquelle elle incarne une médecin légiste. En rencontrant la presse française, Dana Delany a parlé de son personnage, Megan Hunt. Elle est également revenue sur son expérience dans Desperate Housewives.

Comment êtes-vous arrivée sur le projet de Body of proof ?

Dana Delany : J’étais encore dans Desperate Housewives. Et un jour, Steve McPherson, le président de ABC, m’a appelé chez moi. Ce genre de coup de téléphone est très inhabituel. Il m’a annoncé qu’ils pensaient conclure avec le personnage de Katherine, mais qu’ils préparent une autre série et qu’ils avaient pensé à moi. J’ai demandé si je pouvais lire le scénario avant d’accepter. C’était un de ces moments où le Parrain vous fait une proposition que vous ne pouvez pas refuser.

Comment s’est déroulée la suite des évènements ?

Le lendemain, je suis allée sur le plateau de Desperate Housewives. Marc Cherry m’a demandé comment je prenais la chose. Honnêtement, je ne savais pas, car j’étais contente d’être dans Desperate Housewives. Puis, Marc a réécrit la scène que nous allions tourner. Il a inventé le départ de Katherine et sa copine strip-teaseuse pour Paris. Et c’était fini. Tout est arrivé très vite.

Qu’aimez-vous dans Body of proof  ?

J’aime la complexité de mon personnage. Elle est intelligente. Elle a des problèmes et elle n’est pas très douée avec les sentiments. Megan n’est pas une bonne mère. Sa propre mère l’a encouragée à être intelligente et à faire fi de ses sentiments. Pour elle, il s’agit maintenant d’apprendre à être vulnérable. Et cela l’effraie.

« Je ne vois pas la maternité comme une source d’épanouissement »

Que pouvez-vous dire de la relation mère-fille ?

Il y a trois générations de femmes dans la série. Megan, sa mère et sa fille. Megan travaillait tout le temps et ne s’est jamais occupée de sa fille. C’est son époux qui l’a élevée. Et lors du divorce, il a obtenu la garde. Megan essaie de la récupérer et d’apprendre à la connaitre. Et sa fille va lui apprendre à se comporter comme un être humain. J’adore Mary Mouser, qui joue ma fille. Mary a du diabète et elle a souhaité que l’on intègre sa maladie dans la série. C’est une fille merveilleuse et très intelligente. Megan ne sera jamais une mère géniale, mais elle apprend.

Body of proof aborde ici un thème assez peu développé dans les séries américaines...

Ce sujet est un vrai tabou. Certaines femmes ne veulent pas être mères. Mais on n’est pas censé l’admettre. J’ai vu ma mère être frustrée d’élever ses enfants plutôt que de travailler. À cause de ça, je ne vois pas la maternité comme une source d’épanouissement. Je n’ai pas d’enfant. Je préfère travailler. Aujourd’hui, les femmes peuvent choisir et c’est important qu’elles le sachent.

Vous interprétez une médecin légiste. Avez-vous assisté à des autopsies pour préparer ce rôle ?

Avant de tourner le pilote, j’ai participé à ma première autopsie. J’étais très nerveuse. Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. Je suis entrée et il y avait le corps d’un homme de 46 ans étendu là, nu, les yeux grands ouverts. Je l’ai regardé et je suis dit « Est-ce que je connais cette personne ? C’est un peu mon genre d’homme. Ne serais-je pas sortie avec lui ? » Mon esprit essayait de donner un sens à cette situation. Puis, l’autopsie a commencé et j’ai arrêté d’être nerveuse. Je me suis mise à observer et à poser beaucoup de questions. J’ai adoré cette expérience. C’était fascinant. Et un privilège de pouvoir assister à quelque chose comme ça. Après ça, j’en ai fait trois autres. Et ils m’ont laissé couper, ce qu’ils ne sont pas censés faire. C’était génial.

Partie 2 > Body of proof, un House au féminin ?


Est-ce compliqué de jouer avec autant de termes médicaux dans les dialogues ?

Les termes médicaux sont difficiles à apprendre parce qu’ils n’ont aucun sens pour nous. Mais Dieu merci, on a inventé l’iPad. Je me demande comment les actrices faisaient avant. Maintenant, il suffit de googler les termes pour comprendre de quoi il s’agit. Ça aide beaucoup. L’utilisation d’autant de termes techniques est assez récente à la télévision. Je blâme Dr House pour ça. Cette série, c’est beaucoup de blablabla et nous, on regarde en se disant « Oh il est vraiment intelligent ». Il y a quelques années, j’ai tourné une série médicale, China Beach, mais on disait simplement « Ne mourrez pas ! Faites-lui une IV ! ». Je crois que les termes médicaux ne sont là que pour impressionner les téléspectateurs.

Certains disent que votre personnage est une version féminine de Dr House. Qu’en pensez-vous ?

C’est vrai en particulier sur la première saison. Je crois que les producteurs l’ont fait exprès pour avoir une référence forte. House a une souffrance physique, qui l’a amené à ses addictions. Megan a cette paralysie partielle des doigts. D’ailleurs, j’ai eu un accident de voiture similaire à celui du personnage juste avant le tournage du pilote. J’ai eu quelques blessures et je me suis notamment cassé deux doigts. La douleur du personnage est donc réelle dans le pilote. C’est une étrange coïncidence. Mais la souffrance physique de Megan devient un sujet moins important au fil des épisodes. On s’intéresse davantage à sa psychologie. C’est une personne arrogante parce qu’elle est plus intelligente que les autres. Mais elle ne sait pas comment se comporter avec les gens. Elle agit avec sa tête, pas avec son cœur.

« On me proposait souvent des rôles secondaires et passifs »

Pouvez-vous parler de l’évolution de la série ?

Une certaine tristesse émane de la première saison. J’aime comparer Megan à un psychopompe. Dans la mythologie grecque, le psychopompe aide les morts à traverser la rivière pour aller vers l’autre monde. Le travail du psychopompe n’est pas de juger les morts, seulement de les accompagner. J’aime assez ça et je crois que c’est ce dont il s’agit dans la saison 1. La seconde saison est plus lumineuse et plus drôle. Elle se centre davantage sur les humeurs du bureau médico-légal. Et dans la saison 3, il y aura beaucoup plus d’action. On a des nouveaux personnages et il y a plus de danger. Presque chaque épisode est un évènement. On a un kidnapping, un crash d’avion, une épidémie, des choses assez folles. C’est amusant à faire.

Pensez-vous que la télévision offre aujourd’hui de meilleurs rôles pour les femmes ?

J’ai toujours su que la télévision offrait de meilleurs rôles pour les femmes que le cinéma. En tout cas aux États-Unis. Quand j’ai fait China Beach, il y a vingt-cinq ans, j’ai pensé que c’était le meilleur rôle que l’on pouvait m’offrir avant longtemps. C’était un personnage en trois dimensions. J’ai tourné ensuite des films, mais on m’offrait toujours des rôles d’épouse, de mère ou juste de petite amie. Ce sont souvent des rôles secondaires et très passifs. Donc j’ai toujours su que la télévision était un meilleur endroit pour travailler. Et aujourd’hui, des actrices comme Glenn Close ou Madeleine Stowe sont contentes de jouer dans des séries.

Partie 3 > Tout sur la fin de Desperate Housewives


Qu’avez-vous pensé de la fin de Desperate Housewives ?

Marc Cherry m’a demandé de revenir pour les derniers épisodes. J’étais ravie de pouvoir participer à la fin de la série. J’aurais adoré voir Katherine revenir très prétentieuse avec un drôle d’accent français, fumant des Gauloises, portant des bérets et ce genre de clichés (rires). Et j’aurais aimé la voir en lesbienne épanouie. Ça aurait été super. Mais évidemment, ce n’est pas arrivé. J’ai eu le scénario seulement la veille du tournage. Elle n’était plus lesbienne, elle se moquait des Français et elle était devenue une businesswoman fabriquant des croissants surgelés. C’est sa série. Il devait la conclure comme il le voulait. Mais j’étais très déçue et Marc le sait.

Etes-vous restée en contact avec vos anciennes partenaires de Desperate Housewives  ?

Marcia Cross et moi sommes des amies proches. Elle est venue me voir sur le tournage de Body of Proof. J’adorais qu’elle vienne tourner un épisode. Mais pas en tueuse parce que je pense qu’elle a déjà tué beaucoup trop de gens à la télévision (rires). Je suis très impressionnée par le parcours d’Eva Longoria. Eva est devenue une personne phénoménale. Elle est très impliquée politiquement et voyage partout dans le monde pour les causes qu’elle défend. Ce sont les deux avec lesquelles je suis restée la plus proche. Je vois Felicity Hoffman de temps en temps, mais je ne vois pas trop Teri Hatcher.

« Marc Cherry et la fin de Desperate Housewives m’ont déçue »

Quels sont vos prochains projets ?

J’aimerais développer et produire une série. J’ai un personnage en tête et j’aimerais vraiment que ce projet puisse voir le jour. Je cherche des auteurs et j’essaie de rassembler des gens avec qui j’aimerais travailler. Je crois qu’il est temps que je produise ma propre série, j’ai assez d’expérience pour le faire.

Quel genre de série aimeriez-vous produire ?

Je pense à une série câblée au format 30 minutes, qui mélangerait comédie et drame. Un peu comme Nurse Jackie. J’aime le mélange de drame et de comédie. Je crois que Desperate Housewives a montré que l’on pouvait faire les deux.

Vous a-t-on proposé d’être productrice exécutive sur Body of proof ?

Je n’ai jamais demandé à l’être parce que je n’ai pas créé la série. Je sais que beaucoup d’acteurs font ça. Je suppose que je pourrais si je le demandais. Mais, ça ne m’intéresse pas. Je veux que mon nom apparaisse seulement pour quelque chose que j’ai réellement créé.

Partie 4 > De Pasadena à Castle


Pourriez-vous revenir dans Castle ?

C’est possible. Andrew Marlowe, le créateur, en parle, car les gens lui posent souvent la question. Je crois que le public a aimé l’alchimie entre Castle et mon personnage. Le public voudrait voir la suite. Nathan Fillion et moi sommes très bons amis. Nous avons travaillé trois fois ensemble. Il a joué mon amant-prêtre dans Pasadena, mon époux dans Desperate Housewives, puis il y a eu Castle.

Quels souvenirs gardez-vous de Pasadena ?

J’adorais cette série. Malheureusement, personne ne l’a regardé. Mike White, qui a écrit Pasadena, est vraiment un très bon scénariste. Et j’aimais beaucoup mon personnage. Je suis certaine que Marc Cherry a vu cette série et qu’elle a été une inspiration pour lui. Il y a beaucoup de similarités entre les deux séries. Je pense que Revenge a aussi beaucoup de points communs avec Pasadena. Mike Kelley, le créateur, l’a probablement vu aussi. Je crois que Pasadena a compté et que Mike White mérite un peu de crédit. C’est triste que la série n’ait pas marché à l’époque. Le series premiere avait été diffusé la semaine où le 11-Septembre s’est produit. Le pays n’avait pas envie de voir une famille dysfonctionnelle à l’écran à ce moment-là. Le public voulait voir une famille heureuse ou 24 heures chrono parce qu’on y arrêtait les méchants.

Depuis plusieurs années, vous prêtez également votre voix à Lois Lane dans les films d’animation Superman. Qu’aimez-vous dans cet exercice ?

Il n’est pas nécessaire d’être maquillée pour faire ça (rires). J’aime les histoires de ces dessins animés. Les scénarios sont bons. Et c’est un exercice très libérateur de jouer simplement avec sa voix. Mais surtout, j’aime Lois Lane. J’ai grandi avec les comic books et je regardais la série Superman à la télé. Lois Lane a été un modèle pour moi. Ce n’est plus le cas maintenant, mais elle a eu ses propres comic books. C’était une féministe. Même si elle était amoureuse de Superman, son travail passait toujours en premier.