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Bruno Slagmulder, de l’Affaire Dominici au Vernis craque

Emilie Lopez
Publié le 19/01/2011 à 12:29

Joséphine Ange gardien, L’affaire Dominici, Camping Paradis, et maintenant Le vernis craque. Au fil des années, Bruno Slagmulder est devenu un visage récurrent des téléfilms du PAF, passant de la comédie au « drama », de TF1 à France Télévisions, sans autre contraintes que l’envie. A l’occasion de la diffusion de la nouvelle collection de fictions, Le vernis craque, Toutelatele.com est parti à sa rencontre.

Émilie Lopez : Vous incarnez le peintre Renoir dans « Le déjeuner des canotiers », de la collection Le vernis craque. Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots cette série de téléfilms ?

Bruno Slagmulder : On part d’un tableau d’un grand maître, et on rentre dedans : les personnages prennent vie, et à partir de là, on raconte une histoire qui tourne autour de la période à laquelle a été peint le tableau.

Comment êtes-vous parvenus à retranscrire l’atmosphère de l’époque ?

On s’est plongé dedans, on a évoqué cette période à travers les costumes, le mode de vie des gens. En l’occurrence, pour « Le déjeuner des canotiers », c’était encore la bohème, une époque à laquelle on pouvait être heureux sans avoir « le sou », comme ils disaient. Renoir était pauvre à ce moment-là de sa vie, mais il était heureux.

Auriez-vous aimé vivre à cette époque ?

Oui ! Et quand on s’y immerge, on arrive un peu à subodorer ce que ça pouvait être. Et c’était vraiment une belle période, il n’y avait pas tous les problèmes que nous avons aujourd’hui. Il y avait une certaine légèreté.

Êtes-vous, vous-même, un amateur d’art en général, et du travail de Renoir en particulier ?

J’ai une drôle d’histoire à propos de ce tableau justement. J’ai eu une reproduction du « Déjeuner des canotiers » pendant très longtemps chez moi, et je le réinstallais à chacun de mes déménagements. J’étais même allé à une exposition de Philips, l’un des plus grands collectionneurs, pour voir ce tableau en vrai. Ce, avant même de savoir que j’allais faire ce téléfilm. Donc quand on m’a proposé ce rôle, j’ai eu le sentiment que la boucle était bouclée.

Avez-vous eu des recherches particulières à faire afin de pouvoir vous imprégner du personnage de Renoir ?

Même si l’histoire est totalement fictionnée, comme il s’agit d’un personnage historique, on a quand même le devoir de faire des recherches. J’ai eu un document qui était vraiment très précieux, écrit par Jean Renoir le cinéaste : un livre assez volumineux dans lequel il parle de son père tel que lui l’a connu. Il aborde l’homme plus que le personnage. C’était une vraie mine d’or pour moi, et j’ai essayé d’affiner une vision du personnage, d’être assez proche de ce qu’il était.


Diriez-vous qu’il est plus facile de créer un personnage de toutes pièces que d’incarner quelqu’un qui a vraiment existé ?

Ce n’est pas plus facile, c’est différent. Pour l’un, on peut l’inventer avec ce qu’on a envie de mettre dedans, et ce que l’on veut jouer. Pour l’autre, il y a certes une responsabilité, mais également un plaisir de lui redonner vie.

D’autres épisodes du Vernis craque sont-ils d’ores et déjà prévus ?

Je crois qu’ils ont même sous le coude plusieurs scénarios et plusieurs idées. Mais tout dépendra des audiences.

Vous avez beaucoup joué dans des fictions pour TF1. Diriez-vous qu’il y a une différence à travailler pour France Télévisions ?

En tant qu’acteur non, car on arrive en fin de projet, quand tout est fait. Je pense toutefois que pour les auteurs et réalisateurs, c’est différent. Mais même si TF1 est souvent décriée, il y a de beaux projets : souvenez-vous de L’affaire Dominici. Au final, c’est juste la façon d’aborder le sujet qui est différente.

On a pourtant souvent tendance à penser qu’un téléfilm sur TF1 est plus léger, et sur France 2 plus « culturel ».

Ce n’est pas tout à fait vrai, notamment pour Le vernis craque. C’est vraiment une fiction très légère. C’est sûr que si vous prenez Les vivants et les morts, je ne pense pas que l’on puisse retrouver ce genre de projet sur TF1 ou sur M6 ! Nous avons un paysage audiovisuel très différent aujourd’hui, mais peut-être que le service public est plus porté sur la culture.

Au cours de votre carrière, vous avez « touché à tout » : télévision, cinéma, théâtre. Y a-t-il un genre que vous affectionnez plus qu’un autre ?

Souvent nous, les acteurs, ne faisons pas de différence, ou juste entre l’image et le théâtre, car le rapport avec le public est différent, et les émotions d’une autre intensité. Toutefois, lorsque l’on fait de la télé, il est très difficile, par la suite, de faire du cinéma, car les professionnels du métier nous cataloguent. Problème qu’ils n’ont pas aux États-Unis. Pour nous, en tant qu’acteur, c’est incompréhensible et aberrant.


Vous êtes donc d’accord pour dire que le passage de la télévision au cinéma est extrêmement difficile aujourd’hui, en France...

Bien sûr ! Quand on regarde mon CV aujourd’hui, on se rend compte que cela fait très longtemps que je n’ai pas fait de cinéma ! Pourtant, je fais des essais et des castings, mais les gens du cinéma ont un peu la trouille de prendre des acteurs de télé. Alors que la télé n’hésite pas à prendre des acteurs de cinéma !

Est-ce un regret dans votre carrière ?

Non, car je me sens très bien à la télévision ! Quand je vois ce projet, L’affaire Dominici, ou certains téléfilms que j’ai faits, j’en suis très fier. Renoir se voyait plus artisan qu’artiste. Je suis un peu comme ça. Et il faut se dire également qu’au cinéma il y a des tas de films qui ne valent pas ce que l’on peut avoir à la télévision ! Ce n’est pas un gage de qualité, et pas toujours une référence artistique.

Concernant le théâtre, vous n’avez plus joué sur les planches depuis 2003. Est-ce par choix ?

Non, car j’en ai très envie et j’essaye de donner envie aux gens. Mais pour l’instant, ça n’a pas fonctionné. Je suis sur un projet, un très beau texte de Clément Koch, prévu pour se jouer peut-être au théâtre Michel. Ce serait la suite du Caprice de Marianne de Musset, 10 ans après.

Au fil de votre carrière, y a-t-il un personnage qui vous a particulièrement marqué ?

Le personnage de David Costa dans Lyon Police Spéciale, ainsi que celui que j’ai tourné récemment pour France 2. C’est une série qui s’appelle Duos et elle sera peut-être enfin diffusée un jour ! (rires) J’incarne un flic un peu désabusé, dans une comédie policière qui a du sens.

A l’inverse, avez-vous des regrets ?

J’en ai, mais ceux avec qui je l’ai fait ne vont pas être très contents si je les cite ! (rires)