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Catherine Schöfer dit tout sur les programmes et enjeux de 6ter

Robin Girard-Kromas
Publié le 18/11/2012 à 19:20 Mis à jour le 25/11/2012 à 13:05

Directrice adjointe des acquisitions du groupe M6 entre 2002 et 2006 après avoir été responsable d’achats dans le même service pendant 5 ans, Catherine Schöfer est une fidèle de longue date. Propulsée directrice générale adjointe de Téva à l’âge de 38 ans, elle relève aujourd’hui un nouveau défi avec le lancement de 6ter, tout en conservant ses fonctions sur « la chaîne des femmes ». Entretien.

Robin Girard-Kromas : 6ter a annoncé l’arrivée de quatre séries inédites (Switched, Super Hero Family, Raising Hope...). Avec votre expérience de directrice adjointe des acquisitions, comment les avez-vous choisies ?

Catherine Schöfer : Nous avons cherché des séries familiales, dans le sens où elles sont tout public, parlent de problématiques attrayant à la famille et que ce sont des familles qui sont au cœur de l’intrigue. Nous avons de la chance, car il se trouve qu’en ce moment, on a pu trouver beaucoup de série de ce type. Mais par la suite, on ne s’interdira pas de prendre des bonnes séries si elles sont dans la ligne éditoriale de 6ter, c’est à dire adaptées à une écoute conjointe de plusieurs générations. En revanche, pour l’instant, nous ne sommes pas du tout allés sur le terrain des séries policières. On a voulu faire quelque chose de différent sur 6ter.

Après avoir été diffusés avec succès sur W9, les inédits de 90210 Beverly Hills nouvelle génération débarquent sur 6ter. Ne déshabille-t-on pas Paul pour habiller Jean ?

On est un groupe, 6ter s’y intègre totalement donc il y aura évidemment des passerelles. Mais les répartitions se font assez simplement, car chaque chaîne a une ligne éditoriale bien claire. Bien sûr, 90210 est une série qui correspond à la fois à la ligne éditoriale de W9 et 6ter. Après, cela dépend des opportunités, de celle qui est la plus adaptée en fonction des cases disponibles à un moment donné. Pour certaines fictions, le choix est plus facile : par exemple, Super hero family, achetée pour le groupe, était un choix évident pour 6ter. De même, Drop Dead Diva était d’abord faite pour Téva. Ou Spartacus sur W9 et Boardwalk Empire sur Paris Première. Mais cela n’empêche pas que certains programmes puissent être programmés sur plusieurs chaînes s’il correspond aux identités de celles-ci.

On a annoncé La petite maison dans la prairie et Victoire Bonnot sur 6ter, confirmez-vous cette information ?

La petite maison dans la prairie et Victoire Bonnot sont des séries groupe qui rentrent totalement dans la ligne éditoriale de 6ter, mais pour l’instant elles ne sont pas prévues sur la chaîne.

Vous avez annoncé deux soirées cinéma et quatre magazines de prime time : les séries auront-elles aussi l’honneur d’une diffusion à 20h45 sur 6ter ?

Oui, les séries inédites que nous annonçons comme Super Hero Family et Switched seront diffusées en prime time sur 6ter.

6ter veut pouvoir être regardé par toute la famille. Aujourd’hui, de nombreuses chaînes proposent les séries par « paquet » avec des soirées à 3,4 voir 5 épisodes. Or, les enfants peuvent difficilement rester devant la télévision autant de temps. Y-a-t-il un engagement de 6ter à ce sujet ?

Les séries que nous allons proposer ne sont pas obligatoirement feuilletonnantes. Bien évidemment, à une certaine heure, on est bien conscient que les plus petits iront se coucher. Parfois ils ne verront que deux épisodes et les plus grands pourront rester un peu plus longtemps. Il faut bien comprendre que 6ter n’est pas que la chaîne des petits, c’est une chaîne qui veut être regardée par des gens d’âges différents. On fera la programmation de séries la plus adaptée à ce que veut notre public.


On retrouve beaucoup de films animés dans votre programmation et pourtant, aucun dessin animé n’a été annoncé sur 6ter. Le genre est-il trop segmentant ?

Effectivement, nous allons proposer des longs métrages d’animation à partir du moment où ils proposent un spectacle familial comme Là Haut ou Chicken Run. En ce qui concerne les séries d’animation, il y en aura un peu, notamment le matin. Nous ne l’avons pas spécialement mis en avant, car ce ne sera pas un point particulier de notre programmation. Après, les dessins animés ne sont pas forcément segmentant, le matin beaucoup de parents apprécient de les regarder avec leurs enfants. Il y a aura donc une case matinale, nommée « Trop Toon », dans laquelle on retrouvera quelques dessins animés.

6ter semble donner une place très importante aux documentaires sur sa grille avec un programme quotidien et Xploria. Ne marchez-vous pas sur les plates-bandes de RMC Découverte ?

Nous allons effectivement faire de la découverte avec un rendez-vous quotidien et une grande soirée hebdomadaire. Maintenant en faisant une soirée séries, on va aussi sur le terrain des chaînes séries, et ainsi de suite... Nous sommes une chaine généraliste sur laquelle il y aura des programmes de genre différents et je pense qu’il y a de la place pour tout le monde. La découverte est un aspect important de 6ter, mais ce n’est pas le seul.

On parlait au départ de l’arrivée de Norbert et Jean (Top Chef) sur M6. Finalement ils débarquent chez 6ter...

Norbert et Jean sont allés voir les producteurs de Top Chef, Studio 89, pour mettre en place une émission. Cela a été discuté avec le groupe M6 et on s’est dit que l’émission rentrait complètement dans la ligne éditoriale de 6ter, en prime time. Maintenant, on devrait la retrouver aussi dans un second temps sur M6, plutôt dans des cases de journée.

Vous annoncez quatre productions propres, avez-vous d’autres projets dans les cartons ?

On a reçu d’autres projets intéressants et des idées restent à travailler, mais pour l’instant nous préférons bien mettre en place nos premières productions. On espère par la suite que la production montera en puissance avec les années.

Vous visez 1.6% d’audience à la mi-2015. C’est moins ambitieux que certains de vos concurrents...

Sur les cibles commerciales, sans les détailler, on aimerait dépasser les 2%. En revanche, il ne faut pas oublier que 6ter va arriver dans un environnement avec 25 chaînes gratuites. Et si demain, ces 6 chaînes faisaient 1.6%, on serait déjà à 10% du marché ! Or, comme la somme totale des audiences ne fera jamais plus de 100%, ça parait déjà beaucoup. Alors oui 1.6%, c’est peu par rapport au 3.2% de W9, mais on pense que faire 1.6%, ce ne sera déjà pas évident avec la concurrence actuelle. Et pourtant on a énormément confiance dans notre positionnement et on pense qu’on sera dans les chaînes puissantes de la dernière génération TNT. On a l’habitude d’être raisonnables tout en étant ambitieux, et nous n’allons pas faire une chaîne low cost.


Prévoyez-vous de souscrire au Médiamat quotidien avec la publication de vos audiences chaque matin à 9 heures ?

Non, on va souscrire au Médiamat sur initialisés. Toutes les chaînes de la TNT avaient opté pour ce régime en 2005. La chaîne aura ainsi les audiences quotidiennes en début d’après-midi et ça permettra d’aider à piloter la grille. En revanche, pour ce qui est de la commercialisation, on utilisera les fichiers média planning.

Outre 6ter, vous restez à la tête de Téva. Avec le lancement de 6 nouvelles chaînes, et notamment Chérie 25, ne craigniez-vous pas une forte baisse d’audience ?

On a enterré les chaînes du câble et du satellite en 2005 quand il y a eu le lancement de toutes les nouvelles chaînes de la TNT. C’est vrai que pour des chaînes qui n’étaient pas dans le top 3 de leur cible, ça a été compliqué. Il y a en d’ailleurs eu qui ont disparu. En revanche, Téva, entre 2005 et 2012, a continuellement progressé et n’a jamais fait autant d’audience ! Aujourd’hui, elle est la chaîne payante généraliste la mieux distribuée, vue par 25 millions de personnes grâce à nos accords avec les FAI. De plus, l’univers payant reste différent de l’univers gratuit : Téva existe depuis 16 ans et a une vraie relation avec ses téléspectateurs. On n’a même pas besoin de dire que Téva est la télévision des femmes, c’est implicite. Et dans un marché différent du gratuit, on peut faire d’autres choses, car on est financés à la fois par la publicité, mais aussi par les abonnements. Aujourd’hui, quand on recalcule nos scores au plan national sur les ménagères de moins de 50 ans, on est à 1%, soit plus que de nombreuses chaînes de la TNT gratuite !

En décembre, Téva proposera un nouveau documentaire intitulé « Immersion dans les maternités ». Cela rappelle beaucoup Baby Boom

C’est un sujet qui passionne les femmes. La France est championne d’Europe de la natalité (rires) ! Baby Boom n’était pas le premier programme sur la maternité. Je me souviens d’une très belle soirée à ce sujet sur Téva avec un documentaire magnifique sur la naissance. Personne n’a le monopole de la maternité, et sur Téva, on continuera à faire de beaux programmes sur les bébés et les mamans.

L’hebdomadaire Le Point a indiqué que le groupe M6 ne comptait pas augmenter ses effectifs malgré la création de 6ter. N’est-ce pas un peu gênant ?

Ne vous inquiétez pas ce n’est pas la raison pour laquelle j’ai gardé la responsabilité de Téva (rires) ! J’ai bien des équipes sur les deux chaînes, qui nous permettent de travailler pour faire deux chaînes de qualité. On s’est simplement organisé de manière à ce que les forces du groupe M6 soient les mieux utilisées. C’est l’avantage d’être dans un groupe ou il y a énormément de savoir-faire. Faites-nous confiance et regardez le résultat sur 6ter !