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Claudy Siar (Le Claudy Show) : « Je veux montrer la France telle qu’elle est, avec sa diversité de talents »

Marion Olité
Publié le 17/10/2013 à 14:07 Mis à jour le 19/10/2013 à 17:08

Chef d’entreprise, chanteur, animateur de radio, mais aussi délégué interministériel sous le gouvernement Sarkozy, Claudy Siar multiplie les expériences avec pour ligne directrice la promotion des cultures d’outre-mer et d’ailleurs. En 2013, cet homme engagé se lance un nouveau défi en présentant un concept de talk show sur France Ô, Le Claudy Show , le jeudi en seconde partie de soirée. Pour Toutelatele, Claudy Siar revient sur son contenu et livre sa vision de la diversité.

Marion Olité : Comment le projet du Claudy Show a-t-il vu le jour ?

Claudy Siar : Avec ma maison de production, Regarde Ta Télé, on voulait vraiment faire ce type de programme. On n’avait pas forcément pensé sur la forme à un late show à l’américaine, mais on avait envie d’avoir un plateau pour recevoir celles et ceux qui font l’actualité, qui sont des agitateurs de la société dans l’univers de la culture, de la politique, du social... On est sur un engagement qui me tient à cœur, celui de montrer la France telle qu’elle est, avec sa vraie diversité de talents. L’outre-mer est aux avant-postes de ce que sera l’humanité de demain, par son métissage culturel et cultuel. Je trouve que par le passé, on a pu être trop sérieux, trop vindicatif. On peut faire passer beaucoup de messages à travers des moments de partage, de sourires, et d’éclats de rire. France Ô a très bien compris ce que l’on souhaitait et a proposé ce format à l’américaine.

Les tentatives de Late Show à la française ne fonctionnent pas très bien sur le PAF. Appréhendez-vous cela ?

La chaîne qui nous diffuse, France Ô, n’est pas lancée dans une course effrénée à l’audience. Elle peut compter sur un public très fidèle qui vient chercher sur cette chaîne ce qu’il n’a pas ailleurs. On va donc proposer un programme avec un type d’invités que l’on ne voit jamais réuni sur un seul et même plateau. Le Claudy Show doit vraiment répondre aux attentes des téléspectateurs curieux qui veulent voir autre chose.

Vous incarnez véritablement ce programme, qui porte votre nom. Allez-vous donc faire le show ?

Je ne suis pas un amateur des late shows à l’américaine. Je connais bien ceux de David Letterman et Jay Leno, mais je ne joue pas un rôle, je suis moi-même sur le plateau. Cela dit, je suis habitué à la scène. Je reviens du Togo où j’ai présenté une grande soirée à l’occasion d’un défilé de mode. Je fais réagir et rire le public spontanément. Jusque-là en télévision, j’avais fait des programmes plus sérieux, ou musicaux.

« Ce sera très différent des shows américains »

Pourquoi avoir choisi un format de late show si vous n’aimez pas ce que font les Américains ?

Le concept s’y prêtait. Je reçois des invités qui se succèdent, j’avais besoin d’un plateau. C’est vrai que je n’invente rien avec le Claudy Show sur la forme, mais ce sera très différent des shows américains comme des divertissements qui se font déjà en France, avec Arthur sur TF1.

[Partie 2 >Quels invités pour le Claudy Show ?>53565 ?artsuite=1]


Pouvez-vous revenir sur le contenu de l’émission ?

On aura une rubrique qui s’appelle « Très court, très con », des choses comme la scène du doublage de films, notamment des Charlie Chaplin, des blind tests musicaux avec des voix de personnalités ou de beatboxers. Une autre séquence, « Laisse parler les gens », va ponctuer le début de l’émission. On va sur les réseaux sociaux glaner des informations sur notre invité. On ne va pas racler le fond du caniveau. L’émission n’est pas faite pour être dure avec les personnalités, ou avoir des propos déplacés. Côté chroniqueurs, Mickaël Quiroga et Juliette Fievet travaillaient déjà avec moi sur RFI. Ils font partie de la famille, on se connait depuis des années. Ce sont des gens qui ont vraiment du talent et de la personnalité. Tout comme Delphine McCarty, également présente dans l’émission.

Quels invités allez-vous recevoir prochainement sur le plateau du Claudy Show ?

Dans la première émission, nous recevrons notre marraine, Audrey Pulvar, qui va parler créole à la télévision (rires) ! On va la voir se lâcher comme jamais ! C’est incroyable, elle joue les rappeuses... Je vais aussi recevoir l’humoriste Kheiron, d’origine iranienne. Il a talent exceptionnel et on a vécu un super moment en sa compagnie sur le plateau. Ce sont ces mélanges étonnants - ici Guadeloupe, Martinique et Iran - que nous avons envie de faire sur le Claudy Show. Sur la deuxième émission, on aura Sheryfa Luna et Amiral T, sans doute l’artiste de reggae francophone le plus connu en ce moment. Et puis aussi Kareen Guiock, qui présente avec succès le 12.45 de M6. On va mettre nos invités dans un environnement propice à ce qu’ils se lâchent et je pense que les téléspectateurs ne sont pas habitués à ça.

Les personnalités reçues en plateau doivent-elles forcément venir d’Outre-mer ?

Non, j’aimerais beaucoup inviter quelqu’un comme Bernard Lavilliers, dont l’univers musical me parle, et le faire interagir par exemple avec Ernest Pépin, un de nos écrivains guadeloupéens. Notre programmation sera originale, sans être farfelue.

« Dans le Claudy Show, Audrey Pulvar va se lâcher comme jamais ! »

Êtes-vous agacé de voir comment certains grands médias utilisent les personnalités d’outre-mer, en ne les faisant réagir que sur des sujets « chauds » comme la violence dans les cités ?

Oui, évidemment. On estime que certaines personnes, en fonction de leurs origines ou de la couleur de leur peau, ne peuvent être invitées que pour parler de choses, croit-on, qui les intéressent. C’est juste inacceptable. J’espère et je pense que le Claudy Show va participer à ce décloisonnement de la société française. C’est très important pour moi. Je me suis toujours élevé contre ce concept de la diversité, car je trouve qu’il marginalise. On a le sentiment qu’il y a les Français blancs d’un côté, et la diversité de l’autre. Alors que la diversité, c’est tout le monde justement. Elle n’existe pas sans vous et moi.

Quel invité décédé ou vivant, rêveriez-vous de recevoir ?

Dans ceux qui ne sont plus de ce monde, ce serait Aimé Césaire. Et du côté des vivants, je dirais Obama, sans doute la personnalité la plus importante de ce début de 21e siècle, et qui est capable de faire le show. Sinon, dans les politiques, j’aimerais bien inviter Christiane Taubira, ou le ministre des outremers, Victorin Lurel, mais leurs fonctions risquent de les freiner un peu pour faire le show.