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Darren Tulett (Sports Night) : « Je vis un rêve éveillé, il n’y a pas de pression, juste du plaisir »

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Rédacteur - Expert TV & Séries
Publié le 03/03/2014 à 15:58 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

De ses débuts dans la presse écrite au Guardian, ou comme Sports reporter pour l’agence de presse américaine Bloomberg News, à la présentation du talk-show Sports Night sur beIN Sports One, il n’y a qu’un pas pour Darren Tulett. Devenu le visage expressif du football anglais en France, le britannique a su s’imposer dans le paysage audiovisuel français grâce à sa pugnacité. Ayant stoppé Lunch Time, c’est tout naturellement que la chaîne lui a confié les clefs de la case de seconde partie de soirée avec Sports Night, talk-show omnisports. Toutelatele l’a rencontré pour la première en direct dans les locaux de beIN Sports.

Clément Gauthier : Comment est né le projet du talk-show Sports Night ?

Darren Tulett : C’est le fruit d’une réflexion longue d’une année. À notre premier séminaire, j’ai présenté un rapport sur les émissions pour les mois ou les années à venir. Venant d’Angleterre et connaissant bien le secteur, j’ai proposé d’offrir la possibilité de revoir la journée en images. Forcément, on peut aller chercher des news, mais en cinq minutes, ça reste sec, et insuffisant pour des gens qui adorent le sport. L’idée de Sports Night est bien construite, car on a l’opportunité d’utiliser nos droits et, en tant que chaîne omnisports, en direct, on a le droit à l’information donc à d’autres images. On a créé une équipe de personnes qui reviennent régulièrement. Ça change, car on ne veut pas que Luiz Fernandez parle du PSG tous les jours. [Rires.] Mon idée est toujours de créer cette cohésion, cet esprit d’équipe pour qu’on soit à l’aise les uns avec les autres. En conséquence, on est ainsi plus à l’aise avec les téléspectateurs.

Quelle est la tonalité de ce talk-show ?

Même si ça a l’air cliché, il y a de la pertinence avec de l’impertinence. Il ne faut pas que ça soit trop sérieux, car on est en fin de soirée. On veut être confortablement installé dans son fauteuil, à la maison et voir des sportifs débattre. Il faut être complet sur les événements de la journée avec des thèmes et débats. Il y a une exploration de l’actualité. Il n’y a pas que les actions d’un match de foot, par exemple, mais aussi les conséquences sur l’intérêt du championnat. On ouvre des tiroirs. Les jours où il y a moins de directs et d’actualités fortes, on peut faire des débats un peu plus philosophiques, sociaux ou culturels.

Avez-vous ressenti une pression sur les épaules pour la présentation de ce nouveau talk-show ?

Je suis toujours détendu, ce n’est que de la télé après tout. C’est peut-être parce que j’ai commencé à 35 ans après plusieurs années dans la presse écrite. C’était déjà l’accomplissement de mon rêve. Quand je suis tombé dans la télé par hasard, j’ai pu prendre la mesure de ce drôle de monde, car j’avais un certain recul par rapport à tout ça et j’ai eu la chance de pouvoir faire plein de choses extraordinaires, toujours avec ce regard distant. Et puis, ça m’amuse de parler de champions respectables, que j’ai admirés pour certains. Je vis un rêve éveillé donc il n’y a pas de pression, mais juste du plaisir.

« Il faut être complet sur les événements de la journée avec des thèmes et des débats »

Appréhendez-vous la nouvelle concurrence existante avec l’Équipe 21 par exemple ?

On y pense pas trop. On est dans notre bulle, en train de construire quelque chose qui est à nous sans penser à ce que font les autres. On doit se focaliser sur nos abonnés, car beaucoup de gens s’abonnent pour la première fois à une chaîne de sport, grâce au prix très attractif et aux conditions avantageuses. Dans ma situation, personne ne me parle de chiffres. On discute avec moi pour les nouveautés, les évolutions et tout ce qui concerne le travail. Pour un journaliste-présentateur, c’est un luxe fabuleux, car ça retire la notion de pression.

Votre notoriété avantage-t-elle ces bonnes conditions ?

Je suis ravi d’en être arrivé là et je me sens chanceux. Aujourd’hui, les gens oublient le fait que je suis un étranger. Même si j’en rigole et que je fais le faux chauvin, personne ne dit : « C’est l’anglais de service. » Dans un premier temps, je parlais de football anglais, c’était un truc de chez moi et, maintenant, je suis arrivé à un point où je peux présenter des émissions omnisports en traitant plein de sujets. Pour un étranger, c’est quelque chose d’extraordinaire. Je n’y aurais jamais cru. Parfois, j’attends que quelqu’un vienne me dire : « Désolé monsieur Tulett, il y a une énorme erreur, vous n’êtes pas censé être là, je suis désolé. » [Rires]. J’étais à un match de Saint-Étienne la saison dernière et, après le match, le président m’a invité à boire un coup dans sa loge. Je l’ai suivi et je suis tombé sur Kad Merad qui est fan de football. Je lui explique que je suis étonné qu’il tourne autant et il me dit qu’il a peur que quelqu’un arrive et lui dise qu’il n’est pas censé être là. C’est cette peur d’être perçu comme un imposteur qui me fait faire un maximum de trucs sans arrêt.

Vos débuts ont donc été plus difficiles ?

Au début, j’étais juste là pour parler de football anglais. Il y avait une nouvelle émission avec Hervé Mathoux qui m’a fait venir, presque par accident [L’équipe du dimanche au début des années 2000, ndlr.]. Après quelques mois, j’ai compris que parler football pouvait devenir un métier. J’ai remarqué que les gens étaient amusés par ma façon de m’habiller et mon accent donc j’en ai pleinement profité. Au fil du temps, je me suis pris au sérieux et une fois que j’avais compris les règles de la télé, j’ai embrassé ma carrière. Maintenant, je continue à faire mon petit bonhomme de chemin.