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De Batailles en Duels, TF1 ne divertit plus...

Aurélie Demarcy
Publié le 31/12/2009 à 13:27 Mis à jour le 12/02/2010 à 17:21

Il semblerait que la catégorie divertissements de TF1 ne séduise plus les téléspectateurs, lesquels boudent tour à tour les émissions proposées par la chaîne privée. Preuve en est avec les récentes douches froides prises respectivement par Nikos et son Grand duel des générations, suivis par Benjamin Castaldi avec La Bataille des chorales.

Bataille ou duel, la Une avait cependant tout misé sur le concept d’affrontement afin de fédérer les plus jeunes qui, selon Bertrand Villegas, expert média de The Wit : « veulent un combat. » Et de développer : « En réalité, un peu partout, pour plaire aux jeunes, les variétés musicales doivent être à base de compétition, de classement, de suspense, comme sur TF1 ou M6. (...) Sans combat le jeune public ne se sent pas impliqué. » Cet intérêt affiché pour l’esprit de compétition ne serait-il pas un des stigmates véhiculés par la télé réalité ? Force est de constater que sorti du concept propre au genre, la notion de « combat » ne déchaîne plus les foules.

Ainsi, l’émission emmenée par Nikos, et diffusée tous les vendredis de décembre en prime, voit s’affronter deux décennies différentes, au travers des musiques, mœurs et autres icônes de l’époque. Et malgré la présence d’un jeune public appelé à voter pour son équipe préférée, le programme n’aura finalement pas marqué les esprits. En effet, avec 4.6 millions de téléspectateurs, soit 21.1% du public présent devant son poste de télévision lors de son lancement, Le Grand duel des générations peine à convaincre. Le divertissement est ensuite suivi par 4.7 millions de fidèles, pour 21.4% de part de marché avant de remonter timidement à 5.1 millions. Malgré 400 000 téléspectateurs supplémentaires, M6 termine ce soir-là, et pour la troisième semaine consécutive, en tête sur l’ensemble de la soirée avec NCIS. Sept jours plus tard, l’ultime duel, ou la rencontre entre les années 80 et la première décennie 2000, ne convainc que 3.7 millions de courageux, soit 20.4% du public.

De son côté Benjamin Castaldi, bien loin des beaux jours estivaux de Secret Story, enregistre un échec cuisant avec La Bataille des chorales. Programmée sur 2 samedis de décembre (les 12 et 19) en prime, l’émission met, une fois de plus, la compétition à l’honneur. Ainsi, cinq chorales, chacune constituée et coachée par des artistes répondant aux noms de Passi, Amel Bent, Patrick Fiori, Ophélie Winter et Dany Brillant, s’affrontent à coups de vocalises sur différents morceaux, contemporains pour la majorité. Là encore, quelques assimilations au concept Star Académicien ne seraient pas mal venues. Mais, avec 3.7 millions de téléspectateurs, soit 16.2% du public présent devant l’écran pour le premier volet, et perdant 200 000 fidèles lors de la finale, l’émission renforce l’idée que, servie sous forme de divertissement et non plus de télé réalité, la recette ne prend pas.


Outre cet écueil soulevé, Laurent Storch, le directeur des programmes de TF1 voit, quant à lui, une autre défaillance dans les rouages du genre qui tiendrait au manque d’implication de la part des artistes : « J’avais dit que le redressement du divertissement passerait par une plus grande implication des artistes. » Ainsi, citant l’exemple de Kad Merad et de l’émission qui lui était consacrée, 2 heures avec Kad Merad, Laurent Storch revient, dans les colonnes du Point, sur la grande disponibilité de l’acteur : « Il a travaillé sur cette émission pendant huit mois... On lui a laissé faire beaucoup de choses. Il a créé de grands moments de télé qui, j’en suis sûr, repasseront dans vingt ans. » Certes, mais une fois de plus le succès n’est pas au rendez-vous, et affiche des scores en berne, le show de Kad Merad, tout comme celui de La Bataille des chorales semble aller à l’encontre de l’hypothèse soulevée par Laurent Storch, concernant la proximité des personnalités avec leurs candidats.

Face à cette succession de problématiques émises pour expliquer le phénomène d’érosion, une ultime, mais non négligeable, version serait à prendre en compte : le manque de renouvellement du genre. Patricia Kaczmareck, experte média audiovisuel à l’agence Reload enfonce, quant à elle, la brèche sans langue de bois aucune : « Ces programmes ne sont pas novateurs. Les téléspectateurs ont envie d’autre chose : ils sont de moins en moins nombreux à se faire piéger par ce goût de déjà vu. »

Force est de constater que ces concepts font l’effet d’une énième rediffusion masquée d’une émission d’Arthur, pour ne pas le citer. Raison pour laquelle Frédéric Degouy, directeur du département télévision Médiacom s’interroge sur la politique de TF1 : « Quand nous les avons rencontrés, ils avaient la réelle ambition de faire table rase des magazines tels « Les 100 plus grands » ou « Les enfants de la télé » qui font appel à des images vues et revues. La ligne directrice de Laurent Storch et Fabrice Bailly n’a pas été suivie ». Et les récentes performances de cette dernière émission a de quoi conforter les dirigeants de la chaîne privée dans leur paradoxe : 7 millions de fidèles, 36.1% de part d’audience, dont et 45.9% sur les fameuses ménagères le 26 décembre dernier pour une « spéciale bêtisier ».

Surfant sur la mode du revamping ces derniers mois avec le retour d’émissions comme Tournez manège, Juste prix et autre Roue de la fortune, TF1 ne cache pas son désir de remettre au gout du jour des émissions autrefois cultes. Hors, si certaines font recette, d’autres programmées en prime comme Sacrée Soirée sont en chute libre. En effet, avec tout juste 5 millions de téléspectateurs, soit 23% de part de marché, lors de son dernier numéro, le programme emmené par Jean-Pierre Foucault perd la moitié de son public entre son premier et dernier quart d’heure et affiche une érosion de 1 million de fidèles à chaque diffusion.

Malgré tout, avec le retour annoncé de Stars à domicile, la chaîne semble pourtant bien déterminer à conserver son étrange ligne de conduite qui pourrait s’affilier au poncif : « C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. » Une assertion que ne semble pourtant pas partager le consommateur...