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De séries en shortcom, M6 tente de contrer Plus belle la vie

Aurélie Demarcy
Publié le 03/02/2010 à 13:02 Mis à jour le 08/02/2010 à 16:02

Dès 20 heures, commence une course à l’audience acharnée pour les JT de TF1 et France 2. En effet, ils doivent braver le vent du Mistral qui souffle du côté de France 3 et de sa série à succès, Plus belle la vie, tandis que Michel Denisot, entouré de sa bande de chroniqueurs, se réjouit d’accueillir régulièrement, des personnalités de renom dans Le Grand journal de Canal +.

Face à cette bataille des titans, M6 peine à trouver ses marques dans une case horaire où Laurence Ferrari et David Pujadas règnent en maîtres. Ainsi, dès 2008, la chaîne, réputée pour affectionner les séries familiales américaines dans la trempe de Madame est servie, après une énième diffusion de Ma famille d’abord, tente un nouveau pari destiné à redynamiser ses débuts de soirée.

Pas de secrets entre nous fait alors son entrée avec pour ambition de piquer la vedette à la désormais cultissime Plus belle la vie. Mais, tandis que France 3 continue de rallier ses 5 millions de fidèles, les secrets détenus par les nouveaux occupants de la Six peinent à atteindre les 800 000 téléspectateurs. Sans transition et avec moins de 5% de part de marché, Pas de secrets entre nous déclare forfait et se retrouve catapultée sur la tranche horaire du 13 heures.

Cette prise de risque soldée par un échec cuisant appelle à un retour aux valeurs sûres. C’est donc la Nounou d’enfer, qui de son rire inimitable et de sa coiffure improbable, investit à nouveau les écrans pour une rediffusion intégrale de la sitcom. Un retour salvateur pour M6 qui parvient à rallier une moyenne de près de 1.7 millions de téléspectateurs devant les pérégrinations de la famille Sheffield. Puis, au tour du surdoué Malcolm de prendre le relais et d’emmener le public dans les méandres de sa famille déjantée. Là encore, la programmation des épisodes dans leur intégralité assure un rythme de croisière loin des écueils de Pas de secrets entre nous, mais ne parvient toujours pas à réunir des foules. Raison pour laquelle, dès novembre 2009, M6 remet la shortcom à l’honneur et, en attendant le retour de sa Caméra Café, teste ses Scènes de ménages.

Inaugurée en France par le couple infernal d’Un gars une fille, la shortcom -ou programme court- consiste à condenser un enchaînement de sketches sur une durée de 7 minutes en moyenne. Le format ayant le vent en poupe, la chaîne mise, cette fois, sur le quotidien de trois couples jamais à court de répliques cinglantes. De fait, les déboires conjugaux empreints d’un cynisme affiché semblent séduire. Sur cinq semaines de diffusion, le programme rallie, chaque soir, près de 2.2 millions de fidèles du lundi au vendredi. Pas de doutes donc, avec 400 000 téléspectateurs supplémentaires que Malcolm et presque 600 000 de plus qu’Une nounou d’enfer, M6 se réjouit du succès et prévoit une future saison.


Cette heureuse surprise devait alors en augurer une autre car la shortcom fétiche de la chaîne, alias Caméra Café, préparait son grand retour lequel, maintes fois repoussé, portait tous les espoirs d’une envolée vers des scores de haute voltige. Ainsi, dès le 18 janvier et avec 400 épisodes sous le coude, M6 dévoile son nouveau distributeur de caféine, qui installé un étage au-dessus de l’originel, voit débarquer un casting flambant neuf.

Or pour ce coup d’envoi, les ragots des nouveaux employés de Digix peinent à trouver leur public. Pour exemple, la première semaine de diffusion, Caméra Café 2.0 affiche une moyenne à 1.8 million de fidèles pour 7% du public et ne parvient pas à faire oublier les fameuses Scènes de ménages. Une déception d’autant plus grande que le changement de casting avait déjà été amorcé dans d’autres pays comme l’expliquait Jean-Yves Robin PDG de Robin & Co, dont la filiale Calt produit la série, dans les colonnes du quotidien Le Monde : « Au Québec où Caméra Café a été adaptée, nous nous sommes aperçus que le changement de casting n’avait pas cassé la dynamique, au contraire.(...) Nous avons tout fait pour garder le même ADN tout en étant contemporains. Nous sommes juste passés des blaireaux de gauche aux blaireaux de droite ! »

« Garder le même ADN » là est certainement le talon d’Achille de ces nouvelles salves. En effet, si l’on en croit les critiques du Télé 2 semaines, le manque de fraîcheur tant au niveau des scénarios que des interprétations pourrait bien faire défaut aux nouveaux arrivants : « Un sentiment de déjà vu plane, hélas, sur leurs prestations, inévitablement comparées à celles de leurs prédécesseurs (...) On était en droit d’attendre plus d’inspiration des auteurs, qui n’ont pourtant pas changé depuis le premier Caméra Café. »

Finalement, boudés par la critique et les téléspectateurs, les sombres couloirs de Caméra Café 2 n’auront pas eu raison du soleil marseillais. Quant aux Scènes de ménages, leur probable prochain rendez-vous printanier sera peut-être l’occasion pour M6 de voir sa case du 20 heures fleurir à nouveau...