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Déçue par Popstars, M6 mise tout sur Top Model - Adriana Karembeu

Tony Cotte
Publié le 15/10/2007 à 00:15 Mis à jour le 08/05/2008 à 18:57

Fin août, à l’occasion de la rentrée, Bibiane Godfroid, directrice des programmes de M6, a fait part de son intention d’enrichir la case la plus en perdition de sa grille : l’access. Ainsi, après le prime-time et les après-midi de week-end, la chaîne privée a décidé de tout miser sur l’avant soirée. Mais les premières tentatives depuis septembre ont, à ce jour, bien du mal à porter leurs fruits.

En effet, Etes-vous plus fort qu’un élève de 10 ans stagne entre 7 et 8% de part de marché tandis que Popstars réalise une audience similaire chaque jour de la semaine dès 19 heures : « On ne se cache pas que nous sommes déçus des scores de Popstars, on ne peut pas dire le contraire (...) L’émission a souffert d’une comparaison avec Nouvelle Star, un programme extraordinaire, le meilleur divertissement en France », finit par plaisanter Régis Ravanas, directeur de l’unité divertissement.

Mais derrière cet humour déguisé, se cache un véritable cri d’alerte : depuis l’été 2006, la chaîne ne dépasse qu’à titre anecdotique la barre psychologique des 10% de part d’audience sur ce créneau horaire. Alors, pour pallier ces contre-performances significatives, la direction mise sur les docus-réalité et, à compter du 29 octobre prochain, Adriana Karembeu et ses modèles en herbe éclipseront Ophélie Winter, Mia Frye, Benjamin Chulvanij et Sébastien Farran pour une nouvelle édition de Top Model.

Une des 25 adaptations mondiales d’ America’s next top model, Top Model est apparue en France sous forme de prime-time de 75 minutes au cours de l’été 2005. Odile Sarron, directrice de casting du magazine Elle, Fred Farrugia, ancien directeur artistique chez Lancôme, Caroline Christiansson, rédactrice en chef mode et beauté du magazine Glamour et Patrick Lemire, co-directeur du booking de l’agence Marilyn, étaient ainsi chargés de « dénicher le top model français de demain ». Résultat, seulement 2.3 millions de téléspectateurs en moyenne ont suivi le programme estival, soit à peine 11.5% de part de marché, et la gagnante Alizée a rapidement déchanté, préférant reprendre ses études...

Malgré la recrudescence des anciennes émissions de M6 sur le retour, Régis Ravanas insiste : « Tout a changé dans Top Model », et à l’inverse de Popstars, la chaîne privée s’avance ici « sur un terrain vierge ». La principale modification : le rythme de l’émission et son écriture travaillée pour une diffusion au quotidien. Du lundi au vendredi, le téléspectateur suit ainsi la semaine des 12 jeunes filles au même rythme que la sienne. Chaque vendredi correspond à l’élimination de l’une d’elles sauf pour la « Top de la semaine », celle qui a alors fourni le meilleur travail et bénéficie, par conséquence, d’une immunité.

La narration, le montage et le générique empruntent ici davantage les codes de la fiction que les précédentes productions du genre. La réalisation vient ainsi rompre quelque peu un schéma devenu désuet dont la chaîne privée s’était accoutumée ces dernières années. Sur le fond, l’émission marque également une rupture en renonçant à la partie des castings. Mais pour M6, la force de frappe de Top Model réside en ses jurés. « C’est un jury emblématique... on ne décevra pas », commente Régis Ravanas. Ce dernier parle même de « gage de caution » par la simple présence d’Adriana Karembeu, extrêmement mise en avant, du générique au titre du programme. Derrière les longues jambes de la blonde dite « pulpeuse », Rosalie Afflelou, de son côté, est déjà présentée comme « la méchante ». Dès les premiers épisodes, elle annonce la couleur : « Si tu continues comme ça, on va t’appeler la chieuse. Et dans les agences, on ne veut pas de chieuses ». La gent masculine est, quant à elle, représentée par Brice Compagnon et Benjamin Galopin, bien plus effacés.

Sur les 3000 dossiers reçus, la production a donc sélectionné 60 filles pour passer entre les mains du jury. Au final, seules 12 d’entre elles ont pu intégrer la maison et commencer à suivre une formation de mannequin avec, au programme, toutes les facettes de leur apprentissage ainsi que leur vie en communauté. Exit donc les phases de castings, l’émission débute directement avec les 12 modèles en herbe et leur rencontre avec Adriana Karembeu. Dès les premiers épisodes, les tensions entre les candidates sont au cœur des préoccupations dont les rumeurs de boulimie chez la jeune Alina, cible parfaite après avoir perdu 20 kilos en deux ans. Un scénario classique et déjà maintes fois exploité outre-Atlantique dans, entre autres, America’s next top model.

Au cours de leur training « intensif », les filles en lice travaillent avec de nombreux professionnels. Parmi eux, Marine Méchin, coach de développement personnel, qui peut compter parmi ses habituées une certaine Emmanuelle Béart, annonce déjà quelques scènes phares au zapping. D’office, la femme accueille les candidates avec un « vous êtes du bullshit », un franglais qui n’est pas sans rappeler une certaine Mia Frye. Et quand l’une des apprenties mannequins se met à pleurer, la professeure part la rassurer par un « tu es la première à craquer, mais rassure toi, je les ferai toutes pleurer. On ne dit pas à un aveugle qu’il a de beaux yeux, on lui donne une canne et on lui apprend à marcher » !

Pour cette édition, Top Model a décidé de ne pas s’associer avec une agence de mannequin. La gagnante remporte ainsi un contrat avec Dessange en devenant l’égérie de la collection Printemps/Été 2008. À ce titre, son visage représentera la marque dans plus de 450 salons à travers le monde, ainsi que dans une campagne publicitaire de grande envergure. Un lancement de carrière non négligeable et un enjeu de taille. Pour M6, la mise est également importante. Après la débâcle de La saga Nouvelle Star et de la quotidienne de Popstars, les performances de Top Model en access seront, sans nul doute, décisifs quant à l’avenir des docus-réalité à l’antenne...