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Emma Adler (Directrice de Programmes chez Studio 89) : « Avec Rising Star, on veut faire le meilleur programme possible et la meilleure audience »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 25/09/2014 à 16:02 Mis à jour le 30/09/2014 à 16:11

M6 met à l’antenne dès le jeudi 25 septembre le nouveau talent quest Rising Star. Le mur digital de 4,5 tonnes se lèvera ainsi au gré du choix des téléspectateurs qui pourront voter, en direct, pour sélectionner ou non un candidat. Emma Adler, directrice de Programmes chez Studio 89 en charge de Rising Star, détaille pour Toutelatele la mécanique du divertissement et les adaptations réalisées par M6.

Benjamin Lopes : M6 a proposé un premier aperçu de Rising Star le lundi 15 septembre devant 3.5 millions de téléspectateurs, dont un pic à 4,6 millions. Êtes-vous satisfaite de cette performance ?

Emma Adler : On est plutôt content. C’est un joli début. Ça a donné une bonne énergie à l’équipe pour bien préparer la première, même si cela fait déjà des mois qu’on est sur ce projet. On espère bien évidemment que ça fera la plus jolie audience possible.

Avec cette avant-première, M6 innove. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Le kickoff (le coup d’envoi, ndlr) que le public a pu découvrir a permis de bien expliquer aux téléspectateurs comment allait fonctionner l’émission, ce qu’ils allaient y trouver. Certes c’est une manière d’événementialiser le programme. Cela nous a permis également de notre côté de tester en direct si tout fonctionnait. Pour nous, c’était très important, et nous avons été rassurés sur le bon fonctionnement du système de votes.

Rising Star débute véritablement le jeudi 25 septembre à 20h50 sur M6. Le mur digital est-il la seule innovation de ce concept ?

Nous faisons également la promesse des votes gratuits et c’est la première fois que ça se fait en France, via l’application 6play. Le mur digital est l’atout de ce programme, mais avant tout c’est un gros show, un véritable « talent quest ». Ça reste une émission qui s’adresse à toute la famille, et le mur digital et les votes gratuits sont un plus au final.

Ne craignez-vous pas d’exclure une partie du public qui n’est pas habituée à utiliser son smartphone devant la télévision ou qui tout simplement n’en a pas ?

On sait qu’aujourd’hui une personne sur deux a un smartphone et trois foyers sur dix sont équipés de tablettes, donc je ne pense pas qu’on puisse avoir le sentiment d’exclure. Les gens qui ont envie de voter le feront et ceux qui voudront consommer le programme de manière plus classique et plus passivement ne le feront pas. L’idée est d’échanger et que le lendemain, on parle des performances des talents qui sont passés devant le mur.

« Nous avons choisi de faire l’adaptation la plus pertinente aux attentes des téléspectateurs Français »

Rising Star sera également diffusé en Belgique sur Plug RTL et en Suisse. Cela nécessite-t-il un dispositif spécial pour recueillir les votes ?

Au niveau de la production, en terme de fabrication, ça ne change rien pour nous. En revanche, du côté du digital, les Belges pourront voter via une autre application avec le même procédé d’inscription tandis que les Suisses utiliseront 6play. Des photos de votants belges par exemple vont s’afficher sur notre mur. Les votes seront centralisés en direct.

M6 revendique 350 000 inscriptions pour devenir juré de Rising Star. Comment évolue ce chiffre ?

Nous recevons des mises à jour de ces chiffres régulièrement et ils ne cessent d’augmenter. Il y avait déjà une grosse base d’inscription et grâce à l’avant-première, ça a réengagé les gens et ils ne cessent de s’inscrire...

Lors du premier prime time brésilien sur Globo, l’application pour voter a été défaillante. Quelles dispositions a prises Studio 89 pour pallier à ce problème potentiel ?

M6Web travaille depuis des mois sur cette application. Ça a été testé, retesté et remonté en charge. Il y a ce que l’on appelle un back-up technique, c’est-à-dire que tous les systèmes pour voter ont été doublés. Bien entendu, s’il y avait un incident technique, on a prévu la présence d’un panel de votants avec un huissier qui supervise la conformité des votes. Mais j’espère bien qu’on ne s’en servira pas !

M6 s’est associée avec Facebook et Instagram. Comment cela se traduit-il au niveau de la production ?

Rising Star est un format « Facebook native » dans la mesure où les photos des votants qui s’affichent sur le mur viennent des comptes des utilisateurs de Facebook. Les autres pays n’ont pas fait ce type de partenariat. On est les premiers à l’avoir mis en place, car ça coulait de source sur ce programme-là. Ils nous aident sur la mise en place des images et ça a facilité beaucoup de choses techniquement pour récupérer les photos. Dans le même temps, des web séries autour de Rising Star avec des moyens Facebook vont être crées et publiées sur le digital. C’est un partenariat global autour du programme.

Parmi les versions internationales de Rising Star déjà diffusées, laquelle a trouvé le plus d’intérêt aux yeux de Studio 89 ?

Nous sommes partis sur une version très proche de la version israélienne qui a cartonné là-bas (47% de part d’audience en moyenne, ndlr). Toute l’émission sera en direct, mais les talents qui vont se présenter derrière le mur ont été présélectionnés par notre jury. Un certain nombre de magnétos va les présenter, et le public pourra ainsi se positionner et s’attacher aux jurés qui ont donc choisi des talents qui arrivent face au mur, mais les téléspectateurs seront-ils d’accord avec eux ? Telle est la promesse. Aux États-Unis et en Allemagne, ils n’ont pas du tout fait la même chose. C’est-à-dire qu’ils ont proposé des portraits classiques avant l’arrivée des talents derrière le mur et le jury les découvrait. Nous, au contraire, on pense que l’attachement est important. Nous avons choisi de faire l’adaptation la plus pertinente aux attentes des téléspectateurs Français.

Partie 2 > Les spécificités de la version française, les audiences dans le monde


Studio 89 a donc fait le choix de se rapprocher de la version israélienne. Est-il exclu que des éléments apportés aux autres adaptations dans le monde soient utilisés sur M6, comme la mise en avant de la famille par exemple aux États-Unis, au Portugal ou encore au Brésil ?

L’idée est de créer un programme avec des ruptures et qu’il ne soit pas monolithique. On ne veut pas un enchaînement du type magnéto, mur, magnéto, mur, etc. Il y a aura donc des happenings et les familles peuvent en être un. Sur Rising Star, nous avons également l’« Instacast », c’est-à-dire que nous allons laisser la possibilité à des talents d’intégrer les auditions en direct, ce qui n’a encore jamais été fait dans un autre talent quest.

Les talents auront-ils droit à des séquences de présentation différentes les unes des autres ?

Chaque magnéto sera différent en fonction de chaque artiste. On a un casting extrêmement varié puisqu’on est ouvert à tout type de talents. On a des duos, des solos, ou encore des groupes. L’idée est de surprendre même si ça peut paraître prétentieux. Nous voulons créer des ruptures et que ça ne ronronne pas. On travaille au fait d’avoir une émission harmonieuse qui présente différents types de talents et d’univers musicaux pour en faire un grand show.

Y aura-t-il un plateau annexe comme dans la version israélienne ?

Nous n’avons pas repris cet élément. Dans la version israélienne, une jeune femme faisait le point sur les votes du public via un plateau annexe, et faisait également la liaison en direct avec des personnes qui avaient voté. Nous, on est entièrement sur le plateau, derrière et devant le mur. On a également une seconde partie de soirée qui s’appelle De l’autre côté du mur. L’ambiance sera alors plus backstage avec nos jurés, nos animateurs et les candidats qui seront passés lors du prime time. Notre ambition est de faire un grand show sans trop de « blabla » pour que ça ne dure pas trois heures avant et après les prestations...

M6 est encore restée plutôt floue au sujet des phases qui interviennent après les auditions. Allez-vous reprendre l’étape des duels comme dans les adaptations internationales ?

Il y aura des aménagements pour la version française, car nous disposons d’une fabuleuse boîte à outils. Sur ce format, le public a la main, c’est donc génial et excitant car on ne sait pas combien de candidats auront été retenus au terme des auditions. En fonction du nombre de participants encore en lice, on va appliquer des mécaniques d’élimination différentes. En clair, s’il en reste beaucoup, la seconde phase d’élimination sera massive, et s’il y en a moins, nous disposons de mécaniques beaucoup plus lentes. L’idée est toujours d’avoir une demi-finale et une finale. Nous avons plusieurs scénarii déjà listés.

« Notre ambition est de faire un grand show sans trop de blabla »

Studio 89 a particulièrement soigné l’habillage graphique de Rising Star. De quelles libertés avez-vous disposé pour cette adaptation visuelle vis-à-vis de Keshet (le concepteur du format, ndlr) ?

Nous travaillons main dans la main avec Keshet. On a aussi un flying producer, interne chez Keshet qui veille au respect de la bible du format à travers le monde, avec qui on échange régulièrement. Comme toute adaptation, on reste assez libre dans l’interprétation qu’on veut en faire en termes d’habillage, de décors et de scénographies. L’une d’entre elles a d’ailleurs été calquée sur le format israélien lorsque le ou les chanteurs arrivent derrière le mur. Ils sont alors plongés dans la pénombre, sous une douche de lumière. En fait, quand on chante derrière ce mur, il est très important de ressentir l’émotion de l’artiste. On veut également montrer qu’il passe de l’ombre à la lumière si le mur se lève. Et à ce moment-là, la scénographie devient totalement différente. Ça n’avait pas du tout été mis en avant dans les adaptations étrangères, que ce soit au Portugal ou en Allemagne.

À l’étranger, les chaînes ayant acquis les droits de Rising Star se sont adossées à d’autres productions (Endemol au Portugal pour TVI, Dick Clark aux États-Unis pour ABC). Pourquoi M6 n’a-t-elle pas procédé de la même manière ?

Je n’en connais pas les raisons, mais nous étions forcément hyper contents. Je pense que la direction de M6 a confiance en ce que fait Studio 89 et on va se montrer à la hauteur.

La chaîne anglaise ITV a décidé d’arrêter la mise en production de Rising Star suite aux audiences internationales. N’est-ce pas déstabilisant alors que le lancement est imminent sur M6 ?

Ce n’est pas une grosse surprise pour nous dans la mesure où ils avaient annoncé qu’ils allaient le stripper en access, et je pense que c’est extrêmement compliqué de le faire de cette manière-là. Chaque pays a ses différences culturelles. Peut-être qu’ils se sont dit que ça ne correspondait pas aux attentes de leur public actuellement. C’est exactement la même chose pour les audiences en Allemagne. Nous ne faisons pas les mêmes versions. Cela ne nous déstabilise donc pas, car chaque pays est différent. Des programmes qui marchent en France comme L’Amour est dans le pré ne marchent pas ailleurs. C’est aussi le cas pour Amazing Race qui connaît un large succès aux États-Unis et qui n’a pas du tout marché en France.

Rising Star est fréquemment attaqué par les médias en France suite à ces mauvaises performances en Allemagne et aux États-Unis. Certains annoncent même le sort du programme sur M6 fixé d’avance. Comment Studio 89 réagit face à ces charges négatives et régulières avant même la diffusion du premier prime time ?

J’aurai tendance à dire qu’on ferme un peu les écoutilles. C’est difficile aujourd’hui de mettre de nouvelles choses à l’antenne et d’innover. Dès que l’on fait quelque chose de nouveau, il y a toujours des dents qui grincent et c’est surtout plus facile pour d’autres personnes de se mettre en position offensive. Notre objectif est de faire le meilleur programme possible et la meilleure audience. À un moment, pour être efficace et avancer, il faut savoir de temps en temps ne pas écouter ce qui se dit. En tous les cas, ça ne nous fera pas perdre de vue notre objectif et notre motivation. Après, je ne vais pas mentir, c’est parfois agaçant. Mais je dirai même à la limite que ces attaques augmentent notre motivation à faire la meilleure émission possible.