Toutelatele

Georges Beller

Joseph Agostini
Publié le 07/03/2005 à 00:15 Mis à jour le 05/05/2011 à 16:39

Questions de charme, Les mariés de La 2, Nouvelle lune de miel, Ces années-là, L’arche d’or, Rira rira pas... C’est lui !
Georges Beller fête ses quarante ans de carrière. Mais si la télévision l’a longtemps fait « animateur de jeux », Beller n’a jamais vraiment quitté la scène. Ancien élève de l’Actor’s Studio, celui dont Claude Confortès a dit qu’il était le « pierrot solaire » du théâtre français, revendique un éclectisme « à l’américaine ». D’une pièce d’Arrabal à Jeux sans frontières, d’un film de Jean Yanne à la série Médecins de nuit, il revient sur sa carrière pour Toutelatele.com...

Joseph Agostini : Rendez-vous, Ma femme est folle, Tout bascule... Les portes qui claquent, vous adorez ça !

Georges Beller : J’aime le théâtre de divertissement. Les gens vont au spectacle pour se divertir, quoiqu’il arrive. J’adore jouer du vaudeville, un style de théâtre très efficace, très rock’n roll.

Joseph Agostini : Ne craignez-vous pas d’être définitivement étiquetté « rigolo de service » ?

Georges Beller : J’ai joué des personnages difficiles, dans Irma la douce par exemple. Ma première pièce de théâtre a été Cimetière de voiture d’Arrabal. Néanmoins, ce que vous dites est vrai : la France a longtemps aimé poser des étiquettes. Avant La traversée de Paris, impossible pour les scénaristes d’imaginer Bourvil endosser un rôle dramatique ! Même chose pour Coluche avant Tchao Pantin ! Quant à Serrault, il a mis très longtemps avant de se faire respecter. Depuis quelques années, les étiquettes se décollent. Des gens comme De Caunes ou Chabat ont ouvert la voie.

Joseph Agostini : Il y a une dizaine d’années, vous étiez l’animateur vedette des jeux d’Antenne 2. Comment en êtes-vous arrivé là ?

Georges Beller : Le producteur Jean-Claude Buchez m’a convaincu de faire de la télé, en un coup de téléphone, il y a de cela vingt ans. J’écrivais les scénarios et jouais alors dans la série Médecins de nuit. Il m’a appelé et m’a dit : « Ca ne te dirait pas d’animer un jeu sur Canal+ ? » J’ai accepté. Cela s’appelait Les affaires sont les affaires. Et puis, très vite, Antenne 2 m’a appelé. J’ai animé des jeux à midi, à 19 heures, à 20h30. J’ai roulé ma bosse dans tous les styles, pendant plus de sept ans ! Pour moi, le métier d’animateur est le même que celui d’acteur. Aux Etats Unis, un présentateur de divertissement doit savoir chanter, danser, jouer la comédie. En France, il faut choisir son camp. On est journaliste, sportif, comédien ou animateur, mais on ne peut surtout pas être les quatre à la fois !

Joseph Agostini : Quand vous animiez Jeux sans frontières, vous sentiez-vous à votre place ?

Georges Beller : Absolument. Des programmes comme Jeux sans frontières, ou des émissions quotidiennes enregistrées les unes après les autres, sont des exercices très difficiles, qui nécessitent énormément de travail. J’ai fait équipe avec beaucoup de femmes, dont Marie-Ange Nardi ou Daniela Lumbroso, pour mon plus grand plaisir. Je ne regrette pas cette époque très joyeuse de ma vie. J’adore les jeux, de manière générale, même si j’ai aussi animé d’autres choses à la télévision, avec la complicité de mon grand ami Jean Yanne. Par exemple, il a eu l’idée d’un divertissement basé sur l’humour et l’absurde qui s’appelait Rira, rira pas. Le candidat ne devait pas rire des blagues des humoristes sur le plateau, sous peine de perdre la partie. Jean Yanne était un inventeur de génie.


Joseph Agostini : Finalement, vous êtes proche de ce dernier dans votre manière de voir la vie...

Georges Beller : Des gens comme lui ou Francis Blanche resteront pour toujours des références dans ma carrière et plus largement dans ma vie. J’ai tourné dans six films de Jean Yanne, dont le fameux Liberté, égalité, choucroute ! Il est irremplaçable et je ne lui arrive pas à la cheville.

Joseph Agostini : On a le sentiment que la télé n’a plus voulu de vous un beau jour, alors que certains, comme Michel Drucker, sont encore là, à un âge plus avancé que le vôtre. Pourquoi ?

Georges Beller : Michel Drucker est un monument de la télé, mais il ne sait faire que ça. Moi, je n’ai jamais vraiment lâché le théâtre. Quand j’ai quitté France 2 pour France 3 (Georges Beller animait Je passe à la télé avec Valérie Mairesse ndlr), j’ai choisi de me réserver une place plus importante encore à la scène et ai refusé pas mal de propositions. A un moment donné, il faut choisir.

Joseph Agostini : Que répondez-vous à la jeune génération d’humoristes, qui se moque de vous en vous traitant de ringard ?

Georges Beller : Je me souviens des mots de Guitry : « dites du mal ou du bien, mais parlez de moi » ! Plus sérieusement, la jeunesse n’a pas de culture et n’a que les mots. Moi aussi, je me souviens m’être moqué de certaines vedettes pour m’inscrire à contre-courant. C’est si facile ! Quand j’écoute Les Robins des Bois se moquer de Jacques Martin, de Jean Yanne ou de moi même, je repense à leur film. Le plus nul de toute l’histoire du comique au cinéma !

Joseph Agostini : Et cette télévision qui jette les siens comme des kleenex, qu’en pensez-vous ?

Georges Beller : La télé, c’est comme l’eau chaude : quand on l’a connue, on ne peut plus s’en passer ! Je suis abasourdi par la puissance de l’image. L’impact de la télévision dans les foyers est tel qu’on ne fait plus bien la différence entre Chirac et sa marionnette ! La communication a pris toute la place. Cependant, il faut jouer le jeu quand on fait partie du système. On ne met pas des gens à l’antenne pour leur faire plaisir. La télé se sert de nous et nous écarte pour laisser la place à d’autres. Je ne suis pas amer du tout. Durant toutes ces années à l’écran, je n’ai jamais lâché la scène. Le théâtre a toujours été mon vrai moteur.

Joseph Agostini : Quels sont vos projets sur scène ?

Georges Beller : Je joue ma première pièce de théâtre, que j’ai coécrite avec Yvan Varco, intitulée Trop, c’est trop. Nous sommes actuellement en tournée en province. Il s’agit d’une comédie sur l’amour, avec un couple, une concierge, un psy et un ange gardien... Je resterai sur scène aussi longtemps que le public le voudra.